Femmes, hommes d'origine africaine... qui a le plus de mal à trouver un emploi ?

Par latribune.fr  |   |  567  mots
Ainsi, le taux de chômage chez les personnes originaires du continent africain atteint les 18% pour les hommes et 13% pour les femmes. Chez les personnes sans ascendance migratoire, le taux de chômage tombe à 6%.
Où en est-on des inégalités d'accès à l'emploi selon l'origine, le sexe et le lieu de résidence? Dans ce rapport de France Stratégie, qui s'appuie sur vingt-cinq ans de données, on apprend entre autres que la probabilité pour une femme d'origine africaine d'être embauchée est inférieure de 27 points de pourcentage à celle d'un homme sans ascendance migratoire directe.

Les "écarts inexpliqués" dans l'accès à l'emploi sont "en forte réduction" mais restent significatifs, conclut France Stratégie dans l'introduction de son rapport publié jeudi 18 février:

"Sur vingt-cinq ans (1990-2014), on observe une forte réduction des écarts inexpliqués d'accès à l'emploi entre hommes et femmes. Le sur-chômage des femmes sans ascendance migratoire a quasiment disparu. L'évolution pour les hommes originaires du continent africain ou les résidents en ZUS est aussi positive, mais moins favorable sur longue période, et en partie remise en cause par la crise. En revanche, les écarts de salaires entre hommes et femmes persistent de manière frappante."

Ainsi, entre 2009 et 2014, la probabilité pour un homme des départements d'outre-mer (DOM) d'être embauché est la même que celle des hommes sans ascendance migratoire directe de 25 à 59 ans. Mais, une femme "sans ascendance migratoire directe" a beaucoup moins de chance d'être employée: l'écart grimpe à 9 points de pourcentage. Pour une femme née dans les DOM, l'écart grimpe à 12 points. Les personnes originaires d'Afrique ou du Maghreb sont les plus pénalisées. Pour les hommes dans cette situation, l'écart de probabilité d'être en emploi atteint les 15 points, mais, pour les femmes, cet écart atteint 27 points.

Taux de chômage trois fois plus élevé chez les personnes originaires du continent africain

S'agissant du, le taux de chômage chez les personnes originaires du continent africain atteint les 18% pour les hommes et 13% pour les femmes (les taux d'activité féminins sont inférieurs de 10 points à ceux des hommes, précise France Stratégie). Chez les personnes sans ascendance migratoire, le taux de chômage tombe à 6%. Si l'ascendance est européenne, le taux est quasiment similaire ( 6,5% pour les femmes et 6,6% pour les hommes).

 Par ailleurs, France Stratégies note que, à caractéristiques égales, les hommes sans ascendance migratoire ou d'origine européenne "ont un accès privilégié à l'emploi, notamment au CDI à temps plein, et ils bénéficient de salaires plus élevés à poste donné".

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Une question de formation

Néanmoins, France Stratégie, qui s'est fondé sur des enquêtes emploi de l'Insee, tient à préciser que ces statistiques accablantes ne sont pas que le fait de discriminations:

"Ces écarts sont en partie dus à des facteurs objectifs, par exemple un moindre niveau de formation. Pour apprécier leur réalité, il faut décompter ce qui tient à ces facteurs et s'intéresser aux écarts inexpliqués."

Ainsi, entre 2009 et 2014, la proportion d'individus sortis du système scolaire non diplômés est minimale pour les hommes et les femmes sans ascendance migratoire (12 %). Pour les hommes et les femmes nés dans les DOM, cette proportion de sans diplôme dépasse les 18%.

Cette étude n'est pas sans rappeler les données que Google, Twitter et Apple avaient publié concernant leurs effectifs. L'employé-type de la firme de Cupertino est un homme blanc. Parmi ses 98.000 employés, on compte 55% de Blancs, une statistique inférieure à  Google (65%) et Twitter (60%). Et, Apple, tout comme le réseau social et la firme de Mountain View, emploie 70% d'hommes.

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L'enquête de France Stratégie se base sur les données emploi de l'Insee portant sur un panel de 22,7 millions de personnes, interrogées entre 1990 et 2014 en France métropolitaine.