François Hollande demande aux Français de ne pas avoir peur des investisseurs chinois

Par Fabien Piliu  |   |  652  mots
Au cours de cette visite, François Hollande a présenté les réformes engagées par la France et la zone euro ces deux dernières années. " Je vous appelle à faire confiance à l'économie française car nous avons effectué des réformes comme vous faites aussi des réformes dans votre pays ", a lancé le président de la République.
Lors de sa visite à Pékin, le président de la République a une fois de plus incité les investisseurs chinois à venir s'implanter en France.

N'ayez pas peur ! Paraphrasant le souverain pontife Jean-Paul II, François Hollande, en visite officielle à Pékin, a appelé mardi les entrepreneurs chinois à avoir confiance en l'économie française.

" Nous n'avons peur de rien en France, pas même d'investissements qui pourraient venir d'ici (...). Nous avons suffisamment confiance en nous pour savoir que ces investissements, s'ils sont durables, vont venir nous renforcer ", a souligné le président de la République.

Cohérent, François Hollande a jugé qu'il était " assez légitime " d'associer des Chinois à une recapitalisation d'Areva, tout en affirmant que l'Etat français prendrait "lui-même ses responsabilités" dans le plan de sauvetage du groupe nucléaire lors d'une rencontre avec le China entrepreneur Club à Pékin.

Créé en juin 2013 à l'Elysée, et pour la première fois délocalisé en Chine, ce club rassemble des entrepreneurs de 47 groupes représentant un chiffre d'affaires équivalent à 5% du PIB chinois.

Au cours de cette visite, François Hollande a présenté les réformes engagées par la France et la zone euro ces deux dernières années. " Je vous appelle à faire confiance à l'économie française car nous avons effectué des réformes comme vous faites aussi des réformes dans votre pays ", a lancé le président de la République.

Les Américains en tête

Soulignant que les investissements étrangers en France ont augmenté de 20% depuis le début de l'année et évoquant les réformes économiques lancées par son gouvernement, François Hollande a jugé la France " éminemment compétitive ". Il a également souligné que le cinéma allait être dans les prochaines années " la grande affaire de la Chine " et assuré que le cinéma français pouvait coopérer avec les productions chinoises. " Nous ne devons rien craindre ", a-t-il une nouvelle fois martelé.

Ce n'est pas la première fois que le président de la République déroule le tapis rouge aux investisseurs étrangers et en particulier chinois. Pour accélérer la reprise et réduire le nombre de demandeurs d'emplois, tous les moyens sont bons. Mais que représente les investissements chinois en France ?

Dévoilé en mars 2015, le " Rapport sur l'internationalisation de l'économie française " de Business France a recensé 1 014 projets d'investissements. Avec 19 % de l'ensemble des IDE, les États-Unis se maintiennent au premier rang des investisseurs étrangers en France, avec 234 décisions d'investissement. Derrière les États-Unis vient l'Allemagne avec 168 projets. La position du puissant voisin de la France n'est pas surprenante, au regard des liens économiques privilégiés que les deux pays entretiennent. Chaque année, environ 15 % des exportations tricolores franchissent le Rhin. Viennent, ensuite, le Royaume-Uni (104), l'Italie (94), le Japon (66), la Belgique et la Suisse (65) et enfin la Chine (45). Au total, 61 % des investissements étrangers en France proviennent des 28 pays de l'Union européenne.

La loi de la jungle ?

La Chine est donc déjà bien présente en France, même si son « empreinte » est pour l'instant assez faible par rapport à celle des partenaires historiques de l'économie française. Pourtant, ses investissements ne laissent pas indifférents. Parce que c'est un acteur nouveau ? Parce que certains investissements - l'entrée dans le capital de PSA ou la privatisation de l'aéroport de Toulouse pour ne citer qu'eux -, ont fait vibrer la fibre patriotique de certains ? Peut-être.

Toujours est-il que certains investissements font grincer des dents. Initialement saluée, l'implantation à Carhaix-Plougher dans le Finistère de l'usine Synutra de déshydratation de lait infantile pour les nourrissons chinois commence à exaspérer.

" Ils ont cassé les prix. Résultat, nos clients traditionnels se sont alignés sur leurs tarifs. Nous n'avons aucune marge de manœuvre pour les contrer. Ce n'est pas une loi du marché, c'est une loi de la jungle qu'ils nous imposent ! ", s'emporte sous couvert de l'anonymat un producteur de lait local interrogé par La Tribune.