Fusion Renault-Nissan, impôts, rivalité avec Macron... Manuel Valls s'explique

Par latribune.fr  |   |  887  mots
Se disant "lucide" sur les difficultés des Français, Manuel Valls a appelé à sortir du "pessimisme".
Invité du "Grand rendez-vous" Europe 1-iTélé-Le Monde, le Premier ministre Manuel Valls s'est expliqué sur le rôle de l'Etat actionnaire, sur la politique économique du gouvernement et sur sa supposée rivalité avec Emmanuel Macron.

Invité du "Grand rendez-vous" Europe 1-iTélé-Le Monde, Manuel Valls a profité de l'occasion pour mettre quelques points sur les "i". Le Premier ministre a notamment explicité la position du gouvernement au sujet de l'alliance entre Renault et Nissan, a mis en garde contre le "pessimisme" économique et il a nié l'existence de tensions avec le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron. Revue de détail.

Pas de "fusion" entre Renault et Nissan

Manuel Valls a déclaré dimanche vouloir "conserver l'alliance" entre Renault et Nissan, mais "pas une fusion", à l'issue d'une semaine de montée des tensions sur le rôle de l'Etat actionnaire.

"L'Etat est aujourd'hui à presque 20% (NDLR: il détient 19,7% du capital de Renault), demain il peut baisser sa part. Ce que nous voulons c'est conserver l'alliance, nous ne voulons pas d'une fusion. L'Etat joue pleinement son rôle d'actionnaire (...) et en même temps nous faisons confiance aux managers de Nissan et de Renault" a-t-il indiqué.

Avant de poursuivre : "Que cette alliance entre Renault et Nissan perdure, soit toujours aussi conquérante telle qu'elle est".

A propos de la montée de la part de l'Etat au capital de Renault de 15% à 19,7% au printemps dernier, "c'est important au moment où l'industrie automobile connaît un doute, une crise de confiance, due au mensonge de Volkswagen", a assuré le Premier ministre.

La montée en puissance de l'Etat au capital du constructeur automobile a provoqué l'"inquiétude" de Nissan, partenaire de Renault depuis 1999. Renault détient 43,4% du japonais Nissan, et une filiale de ce dernier contrôle 15% du groupe français.

Nissan ne possède cependant pas de droit de vote à l'assemblée générale de Renault. Des rumeurs ont enflé ces dernières semaines sur une modification de l'alliance afin de remédier à cette situation et de contrer l'influence de l'Etat français.

>> Lire : Emmanuel Macron militerait en coulisse pour une fusion Renault-Nissan

"Continue, Emmanuel !"

Le Premier ministre Manuel Valls a aussi réfuté toute "rivalité" entre lui et son ministre de l'Economie. Interrogé sur le sujet, il a indiqué que "cela ne repose sur aucune réalité" et lui a même adressé un "continue, Emmanuel !".

Dites-vous à Emmanuel Macron de continuer, lui demande-t-on ? "Bien sûr, continue Emmanuel" et "réformons ensemble", a lancé M. Valls dans un sourire.

"Emmanuel Macron, comme d'autres dans ce gouvernement, est un talent, un atout pour le gouvernement que je dirige, par sa compétence, par son engagement et par son dynamisme", a-t-il dit.

M. Valls a rappelé la loi "portée" par le ministre de l'Economie qui "libéralise les autocars" et permet des ouvertures dominicales dans les zones touristiques et qui vont "créer de l'emploi, du dynamisme et de l'attractivité". "C'est ça, réformer", a conclu le Premier ministre.

"Sortir du pessimisme"

Le Premier ministre Manuel Valls a ensuite invité les Français à "sortir du pessimisme" se disant "lucide" sur les difficultés des Français mais aussi confiant dans la politique de la gauche qui est "en train de donner des résultats".

"Bien sûr, je connais les impatiences les attentes, les impatiences et les colères des Français" mais "en même temps je crois que nous devons sortir de ce pessimisme", a déclaré M. Valls.

Alors que "la France est un grand pays, une grande puissance économique, qui se réforme qui compte dans le monde (...) il y a un regard pessimiste alimenté tous les jours sur notre capacité à se réformer, à préparer l'avenir", a-t-il déploré.

"La France elle se réforme, je n'ignore rien des difficultés, je suis lucide mais, en même temps, nous avons retrouvé la croissance, nous baissons nos déficits et je suis convaincu que nous allons gagner la bataille du chômage", a assuré le chef du gouvernement.

"La politique que nous menons est en train de donner des résultats, et ça marche", a-t-il martelé. "L'énergie qui est la mienne, ma volonté de réforme sont intactes (...) c'est la gauche qui réforme ce pays".

Impôts : l'amendement Ayrault "examiné de manière précise"

L'amendement de Jean-Marc Ayrault visant à une amorce de réunification entre l'impôt sur le revenu et la CSG sera "examiné de la manière la plus précise possible" dans le débat sur le budget 2016, a prudemment déclaré dimanche Manuel Valls.

"Nous allons examiner avec beaucoup d'attention, y compris sur les risques constitutionnels, la proposition de Jean-Marc Ayrault et de Pierre-Alain Muet, qui a pour objectif de s'appliquer au 1er janvier 2017, donc nous avons un peu de temps devant nous pour en débattre. Elle va être examinée de la manière la plus précise possible", jeudi à l'Assemblée nationale, a indiqué le Premier ministre sur i-Télé et Europe 1.

Manuel Valls a également précisé vouloir "que ce type de débats soient maîtrisés. L'idée d'un impôt citoyen est une belle idée, mais je ne suis pas sûr que les Français lient automatiquement l'impôt et la citoyenneté".

"Je souhaite que la gauche s'identifie pleinement à la maîtrise de la fiscalité et à la baisse de l'impôt" a-t-il ajouté, reconnaissant que "les Français depuis plusieurs années sont à cran vis-à-vis de l'impôt".