Gilets jaunes : les interpellations pleuvent, les manifestations sont globalement calmes

Par latribune.fr  |   |  873  mots
(Crédits : Stephane Mahe)
Les forces de l'ordre ont procédé samedi matin à plus de 500 interpellations et près de 300 gardes à vue. La situation est globalement calme.

Les forces de l'ordre ont procédé samedi à des centaines d'interpellations à Paris dès le début de la quatrième journée de mobilisation des "Gilets jaunes" pour éviter la réédition des violences du 1er décembre de la part de manifestants, d'éléments d'ultra droite et d'ultra gauche. Après s'être rendu à la cellule de crise de la place Beauvau, où il a retrouvé le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, le secrétaire d'Etat Laurent Nunez et les autorités préfectorales, Edouard Philippe a fait état à 11 heures de 481 interpellations et de 211 gardes à vue. Moins d'une heure plus tard, les chiffres grimpaient à 548 interpellations et 272 gardes à vue. La semaine dernière à la même heure, seule une soixantaine de personnes avaient été interpellées.

 Le premier ministre a remercié les "responsables politiques, syndicaux, associatifs et les citoyens qui ont appelé au calme" pour que "ceux qui ont une revendication" ne se mélangent pas "avec ceux qui veulent en découdre". Soucieux d'éviter "des morts et des blessés", des représentants des "Gilets jaunes libres", un collectif qui réclame au gouvernement plus de mesures pour aider ceux qui "arrivent de moins en moins à boucler leurs fins de mois", ont appelé à manifester pacifiquement, et pas à Paris pour éviter de se faire assimiler à des "casseurs".

Pour autant, les forces de l'ordre ont retrouvé dans les sacs des personnes interpellées des marteaux, des boules de pétanque des cutters ou encore des balles de baseball

1500 personnes environ sur les Champs Elysées

Bien qu'une tension soit perceptible sur les Champs Elysées où environ 1.500 manifestants sont présents, notamment à l'angle de la rue Arsène Houssaye (en haut de la célèbre avenue parisienne), la situation est globalement calme à Paris, sans commune mesure avec celle constatée la semaine dernière. Au total, 2.300 manifestants ont été recensés à 10H00 en Ile-de-France dont 2.100 à Paris.

Ce matin, plusieurs dizaines de manifestants ont tenté de bloquer le périphérique, dans le nord-ouest de Paris, avant d'être repoussés par les forces de l'ordre. L'idée de mener des opérations sur cet axe majeur du réseau francilien été lancée vendredi par l'un des "Gilets jaunes" les plus influents sur les réseaux sociaux, Eric Drouet, qui avait dans un premier temps appelé à entrer à l'Elysée (et est à ce titre visé par une enquête).

Des manifestants se sont donné rendez-vous ailleurs dans Paris, par groupes de quelques dizaines ou quelques centaines, comme à la porte Maillot, dans l'ouest de Paris, et aux abords de la gare Saint-Lazare. Certains ont été repérés dans le Marais.

Partout dans l'Hexagone, des mesures de sécurité exceptionnelles ont été décrétées, notamment dans la capitale. 89.000 membres des forces de l'ordre sont mobilisés, dont 8.000 à Paris. Et le dispositif de sécurité très renforcé en exaspérait certains.

"Aujourd'hui, c'est un mur encore pire qu'on dresse devant nous, pour nous étouffer encore plus", dénonce à l'AFP Sylvia, 55 ans, kinésithérapeute, qui assure que "la majorité des Gilets jaunes sont pacifistes".

Sur la place de la Bastille, les policiers, sur le qui vive, contrôlent les sacs, ouvrent les valises des touristes... Gérard, 69 ans, habitant du quartier, affirme: "On se croirait en guerre. Je n'aurais jamais pensé vivre ça un jour, surtout pas à Paris".

Les grands magasins parisiens resteront fermés toute la journée, du jamais vu pour un samedi précédant les fêtes. A Paris, la tour Eiffel, le Louvre seront aussi fermés, tout comme de nombreux commerces et restaurants et 36 stations de métro.

Plusieurs pays européens ont conseillé la prudence à leurs ressortissants, voire d'éviter Paris ce week-end comme la Belgique.

Ailleurs en France, la situation est calme. Au Puy en Velay qui avait été samedi dernier le théâtre de très graves violences, un cortège de 2000 personnes défile dans le calme en direction de la préfecture qui avait été incendiée la semaine dernière. La consigne leur a été donnée de ne pas se joindre à d'éventuels casseurs.

Les Gilets jaunes modérés reçus par Edouard Philippe

 Les "Gilets jaunes libres", qui se veulent "modérés", ont été reçus pendant une heure et demie vendredi soir à Matignon par Edouard Philippe.

"Le Premier ministre nous a écoutés et promis de porter nos revendications au président de la République. Maintenant nous attendons M. Macron. J'espère qu'il (...) prendra des décisions fortes", a déclaré à la sortie l'un d'eux, Christophe Chalençon.

Silencieux toute la semaine, Emmanuel Macron ne s'exprimera qu'en "début de semaine prochaine" sur la crise, selon le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand.

L'exécutif craint une alliance entre ultradroite, ultragauche, "gilets jaunes" les plus remontés et jeunes de banlieue, dont certains se sont livrés à des pillages samedi dernier à Paris.

Les concessions du gouvernement, notamment l'annulation de l'augmentation de la taxe sur les carburants, semblent n'avoir eu aucun effet, si ce n'est d'avoir fragilisé le Premier ministre Édouard Philippe qui défendait une simple suspension avant d'être brutalement désavoué par l'Élysée.

(avec agences)