Gilets jaunes : violences sur les Champs-Elysées

Par latribune.fr  |   |  724  mots
Echauffourées entre CRS et manifestants "Gilets jaunes" sur les Champs-Elysées. (Crédits : BENOIT TESSIER)
Près de 8.000 manifestants de "Gilets jaunes" étaient présents samedi dans la capitale pour un rassemblement national sous tension. Concentrés sur l'avenue des Champs-Elysées, ils ont été repoussés par des canons à eau et des gaz lacrymogènes. Christophe Castaner a dénoncé l'infiltration du mouvement par des "séditieux" venus à l'appel de Marine Le Pen. Dans toute la France, 80.000 manifestants ont été recensés.

[Article mis à jour à 18h]

Ils voulaient la Concorde, on leur a accordé le Champ-de-Mars, mais ils ont préféré les Champs-Elysées. Plusieurs milliers de "Gilets jaunes" ont entamé ce samedi 24 novembre un rassemblement sous tension à Paris, émaillé de violences sur l'avenue des Champs-Elysées pour cet "Acte 2" du mouvement de contestation contre la hausse du prix des carburants.

"A peu près 8.000 personnes en tout seraient mobilisées dont 5.000 sur les Champs-Elysées", a déclaré le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, lors d'un point presse. "Sur Paris, on voit une évolution, à l'appel de Marine Le Pen qui avait invité les manifestants a venir sur les Champs-Elysées", a-t-il poursuivi.

Trente-cinq personnes ont été interpellées et 22 d'entre elles placées en garde à vue, dont plusieurs pour des jets de projectiles sur les Champs-Elysées. Huit personnes dont deux gendarmes ont été blessées. Les autorités ont déploré deux barricades en feu ainsi qu'une voiture incendiée et une cabine de chantier, des feux tricolores ont été arrachés.

Le plus important rassemblement, place de l'Etoile, a convergé vers le bas des Champs-Elysées, au niveau du Rond-point des Champs-Elysées où des violences ont éclaté. Une remorque incendiée a explosé sur les "Champs" sans faire de blessé.

"Séditieux d'ultradroite"

Les manifestants sur l'avenue des Champs-Elysées ont été repoussés par des canons à eau et des gaz lacrymogènes, alors qu'ils tentaient de braver les barrages pour rejoindre la place de la Concorde.

Pour certains masqués et vêtus de noir, des manifestants ont descellé des pavés pour s'en servir de projectile sur les forces de l'ordre, d'autres ont enlevé du mobilier urbain (jardinières, grilles, barrières mais aussi des chaises des bars et restaurants) pour monter des barricades.

La préfecture a fait état de "groupes à risque", tandis que Christophe Castaner a condamné la violence des "séditieux" d'ultradroite ayant intégré selon lui le mouvement des "Gilets jaunes" à l'appel de la présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen. Des "accusations indignes" a réagi cette dernière.

"Aujourd'hui, l'ultradroite s'est mobilisée et est en train de vouloir dresser des barricades sur les Champs-Elysées", a affirmé le ministre de l'Intérieur. "Au fond, les séditieux ont répondu à l'appel notamment de Marine Le Pen et veulent s'en prendre aux institutions, comme ils veulent s'en prendre aux parlementaires".

Moindre mobilisation

Quelque 3.000 membres des forces de l'ordre, notamment des unités mobiles, sont mobilisés samedi à Paris et les communes limitrophes pour ce seul événement. La tour Eiffel, bordée par le jardin du Champ-de-Mars où a été officiellement autorisée la manifestation des "Gilets jaunes", est exceptionnellement fermée au public.

"Ce que nous constatons, c'est à la fois un fort affaiblissement de la mobilisation au niveau national, il y avait à 11 heures 23.000 personnes qui étaient mobilisées dans différents lieux au niveau national, contre 124.000 à la même heure la semaine dernière", a déclaré Christophe Castaner.

Plus de 80.900 manifestants, dont 8.000 à Paris, ont défilé samedi, selon un bilan effectué à 15 heures par le ministère de l'Intérieur, soit un tiers de la mobilisation constatée à la même heure il y a une semaine (244.000). De nombreuses autres actions pacifiques - manifestations, opérations escargots ou péages gratuits - ont eu lieu un peu partout en France. Il y aurait plus de 900 actions dans toute la France et plus de 500 blocages.

Malgré l'interdiction préfectorale de manifester dans le centre de Bordeaux, 300 "Gilets jaunes" environ ont défilé depuis la place de la Bourse jusqu'à l'hôtel de ville. Les forces de police ont repoussé les manifestants qui voulaient y pénétrer samedi après-midi.

L'Elysée a fait savoir vendredi qu'Emmanuel Macron préciserait mardi le cap et la méthode pour mener à bien une transition écologique "équitable et juste" et faire que "personne ne soit laissé sur le bord de la route".

Une autre manifestation avait lieu ce samedi : la marche violette organisé par le collectif "Nous Toutes" contre les violences sexistes et sexuelles a réuni 12.000 personnes à Paris selon la préfecture de police - soit plus que le nombre estimé de Gilets Jaunes dans la capitale - et des dizaines de milliers dans toute la France, notamment à Marseille, Lyon, Toulouse, Lille, Nantes.