Gouvernement, le remaniement c'est jeudi !

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  689  mots
La démission de Laurent Fabius aura amorcé le mouvement. Lors du remaniement qui aura lieu jeudi 11 février, François Hollande et Manuel Valls souhaitent faire entrer des écologistes au gouvernement. (Photo prise lors de l'ouverture la COP21, juste avant la "photo de famille", au Bourget, le 30 novembre 2015)
A la suite du départ de Laurent Fabius de son poste de ministre des Affaires étrangères pour le Conseil constitutionnel, un remaniement gouvernemental aura lieu demain, jeudi 11 février

Le remaniement du gouvernement attendu depuis plusieurs jours aura lieu demain, jeudi 11 février, selon une source gouvernementale. Un remaniement dont le prétexte est fourni par le départ de Laurent Fabius du ministère des Affaires étrangères pour prendre la tête du Conseil constitutionnel. Il remplacera Jean-Louis Debré, dont le mandat de neuf ans s'achève rue de Montpensier.

A partir de là, le jeu des chaises musicales va commencer.

Refus de Nicolas Hulot

On voit mal Manuel Valls quitter son poste de Premier ministre. Et Bernard Cazeneuve gardera son poste à l'Intérieur. Idem pour Myriam El Khomri qui restera au Travail pour porter la future loi réformant le droit du travail. Najat Vallaud Belkacem devrait aussi garder son portefeuille de l'Education. En revanche, outre Laurent Fabius, d'autres départs "naturels" du gouvernement vont intervenir. C'est d'abord le cas de Sylvia Pinel, la ministre du Logement devenue vice-présidente PRG (radicaux de gauche) du conseil régional Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées. Elle a explicitement demandé à François Hollande et son Premier ministre de pouvoir quitter le gouvernement. Le ministre de la Défense Jean-Yves Le  Drian devrait aussi quitter le navire pour entièrement se consacrer à la région Bretagne dont il est devenu le président.

Dès lors, qui pour remplacer les "sortants"? Les hypothèses sont nombreuses. Jean-Michel Baylet, le président du parti des radicaux de gauche (PRG) pourrait faire son retour au gouvernement, reste à connaître son portefeuille. On parle de lui à l'Agriculture. Stepane Le Foll, ne cachant plus son souhait de changer de ministère.

Par ailleurs, on le sait, au grand dam de François Hollande, "l'écolo" Nicolas Hulot ne rentrera pas au gouvernement, alors que le président était prêt à lui octroyer un "super ministère". Martine Aubry non plus ne viendra pas. La maire de Lille a très vite fait taire les rumeurs la concernant.

Elargir la base politique

François Hollande, soucieux d'élargir sa base politique, souhaiterait faire revenir au gouvernement des membres d'Europe Ecologie - Les Verts, a commencer par sa numéro 1, Emmanuelle Cosse. Mais ce n'est pas gagné non plus, étant donné le "bazar" qui règne au sein de ce parti.  Faute de mieux, le président pourrait alors  proposer un poste à des personnalités écologistes qui ont quitté Europe-Ecologie-Les Verts (EE-LV): les députés François de Rugy et Barbara Pompili, ainsi que le sénateur Jean-Vincent Placé... très demandeur.

Jeu de chaises musicales

Ces entrées devraient automatiquement engendrer des mouvements au sein du gouvernement. Ainsi, Ségolène Royal serait susceptible de remplacer Jean-Yves Le Drian à la Défense. Son caractère trempé et ses positions "fortes" sur les questions de souveraineté pourraient séduire les militaires.

Quant au ministre des Finances Michel Sapin, son nom circule pour remplacer Laurent Fabius aux Affaires étrangères. On le sait intéressé par la fonction. Mais si ce vieux grognard de François Hollande dont il est l'ami depuis plus de trente ans abandonne son portefeuille actuel, qui pour le remplacer comme grand patron de Bercy?

Le cas Macron

Le jeune et turbulent ministre de l'Economie pose problème. Sa personnalité et ses "sorties" intempestives agacent à gauche... et le Premier ministre, furieux de voir Emmanuel Macron le déborder dans le rôle du réformateur "transgressif". Aussi, soit Emmanuel Macron quitte le gouvernement, mais alors le président se prive d'un ministre populaire auprès des Français... et des milieux d'affaires. Ce qui ne serait pas l'idéal aujourd'hui alors que toute la politique gouvernementale est tournée vers les entreprises. Soit, comme en rêvent certains, Emmanuel Macron monte quelques étages à Bercy pour occuper le poste de ministre des Finances. Il lui reviendrait alors de bâtir le budget pour 2017...

Mais ce cas de figure est très peu probable... On voit mal Manuel Valls accepter une telle promotion. Et l'image ne serait pas du meilleur effet pour l'aile gauche du PS. Aussi, in fine, Michel Sapin pourrait garder son poste actuel afin que François Hollande n'ait pas à trancher.