Indemnités prud'homales : l'Assemblée vacille entre "cadeau aux employeurs" et "sécurisation"

Par latribune.fr  |   |  499  mots
Les trois groupes de gauche ont tenté en vain de supprimer cette ordonnance, dénonçant l'objectif d'un "Code du travail au rabais".
L'un des points clés des ordonnances réformant le Code du travail a animé le débat, ce jeudi, à l'Assemblée nationale. La gauche dénonce une "abomination" tandis que LREM se défend en parlant de pragmatisme.

Le barème des indemnités prud'homales en cas de licenciement abusif a alimenté jeudi à l'Assemblée de vifs débats, la majorité défendant un "vecteur de sécurisation" face à une gauche critiquant un nouveau "cadeau aux employeurs" et dénonçant globalement les ordonnances comme "une abomination".

Dans le cadre de la réforme du Code du travail, les députés ont donné leur aval à la ratification de l'ordonnance "relative à la prévisibilité et la sécurisation des relations de travail". Elle contient notamment le décrié barème obligatoire de dommages et intérêts en cas de licenciement sans cause réelle et sérieuse.

Pour la gauche, "une abomination"

Les trois groupes de gauche ont tenté en vain de supprimer cette ordonnance, dénonçant l'objectif d'un "Code du travail au rabais", un "feu d'artifice de cadeaux" aux employeurs et arguant qu'elle vise globalement à "rendre le licenciement moins coûteux" pour eux.

Le communiste Sébastien Jumel, pour qui la barémisation "s'assoit sur le principe de libre application des juges", a jugé cette ordonnance "au cœur du projet libéral" du gouvernement.

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La barémisation revient à une "sécurisation des licenciements", a dénoncé l'Insoumis Eric Coquerel, jugeant globalement qu'"il ne faut pas avoir peur de le dire, pour le monde du travail, pour les salariés, ces ordonnances sont une abomination".

Pour Nouvelle Gauche, Boris Vallaud a dit contester le "présupposé" qui veut que les employeurs embaucheront plus facilement s'ils peuvent licencier plus facilement. Il a vu dans la barémisation "une mauvaise affaire faite aux salariés et en particulier les plus modestes".

Les élus de gauche ont aussi vivement critiqué le recours étendu au CDI de chantier, un "pléonasme" pour Eric Coquerel et, en réalité, "un CDD sans la prime de précarité" pour Boris Vallaud.

La majorité parle de "mesure pragmatique"

A l'inverse, le rapporteur Laurent Pietraszewski (LREM), qui travaillait dans les ressources humaines, a défendu l'ordonnance comme un "vecteur de sécurisation", qui apporte notamment aux salariés "plus de visibilité".

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La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a, elle, mis en avant le besoin de "confiance" des entrepreneurs dans la possibilité de "pouvoir s'adapter rapidement à des possibilités économiques à la hausse, à la baisse", qu'il "y ait cette flexibilité, oui je dis le mot".

"S'il n'y a pas d'entreprises, il n'y a pas d'emploi, s'il n'y a pas d'agilité pour les entreprises, il n'y a pas de créations d'emplois. Vous refusez de le reconnaître mais c'est la vie réelle de l'économie", a-t-elle lancé à l'attention de la gauche.

"La barémisation, c'est une mesure pragmatique", a aussi argué Sylvain Maillard (LREM), chef d'entreprise, tandis que Dominique Da Silva (LREM), autre chef d'entreprise, a déploré une "défiance" de la gauche vis-à-vis des employeurs.

(avec AFP)