Journal de campagne : Juppé déplore l'"échec désastreux" du chômage, Le Pen aussi

Par latribune.fr  |   |  1147  mots
Alain Juppé appelle François Hollande à prendre ses responsabilités.
La Tribune publie son "journal de campagne" quotidien, reprenant les principales déclarations des candidats (et de leurs soutiens) à la présidentielle de 2017. Aujourd'hui : Juppé, Buisson, Sarkozy, Le Pen et la primaire écologiste.

Juppé fustige le bilan de François Hollande en matière d'emploi...

Invité ce matin sur France Inter, le favori de la primaire de droite Alain Juppé a remis en cause la politique du gouvernement après la publication des chiffres du chômage décevant hier à 18 heures. « C'est un échec désastreux. 50.000 demandeurs d'emploi supplémentaires, 16.000 radiés des listes pour formation alors qu'on sait très bien que malheureusement ces formations n'aboutissent que très rarement (...). C'est un échec et je vous rappelle l'engagement de François Hollande: « Si je n'inverse pas la courbe du chômage, je ne serai pas candidat ». C'est à lui maintenant de prendre ses responsabilités », a indiqué l'ancien Premier ministre.

« On a depuis des années (...) tout misé d'abord sur le partage du travail, c'est un échec. Et ensuite sur la multiplication des emplois aidés qui ne sont pas des emplois productifs. Il faut remettre l'entreprise au cœur des politiques économiques, remettre nos entreprises en situation de compétitivité et c'est elles qui créeront des emplois, tout particulièrement les artisans, les commerçants, le TPE, les PME. Ca sera ça ma priorité », a-t-il ajouté.

« 90% des chômeurs cherchent vraiment de l'emploi, mais il y en a qui trichent - c'est ce qu'on appelle la permittence, on travaille pour avoir ses droits, puis on se met au chômage, puis on revient. Il faut stopper ça parce que c'est en train de miner notre système social et c'est la raison pour laquelle si le marché du travail retrouve des couleurs, il faudra aller vers la dégressivité des indemnités », a-t-il aussi expliqué.

... tout comme Marine Le Pen

De même, la présidente du Front national Marine Le Pen est revenue sur la publication des chiffres du chômage hier sur BFM TV. Comme Alain Juppé, elle fustige en premier lieu la politique de François Hollande : « le gouvernement se cherche des excuses car François Hollande a lié sa nouvelle candidature aux chiffres du chômage (...) Le chômage ne peut pas baisser car les mesures mises en place économiquement sont ravageuses: absence de patriotisme économique, absence de protectionnisme intelligent, libre-échange total. On a signé des dizaines d'autres (traités) qui font venir des produits à très bas coûts de pays qui n'ont pas les mêmes règles sociales, sanitaires et de sécurité », a-t-elle indiqué.

Et conformément à son discours habituel, elle répartit toutefois les responsabilités à gauche et à droite : « on met en concurrence nos producteurs avec des produits avec lesquels ils ne peuvent pas être concurrents. On a mis en place la directive détachement des travailleurs, et puis il y a cette politique d'austérité, coproduction UMP-PS. Tout cela fait un cocktail qui effondre l'économie du pays (...) En plus de toutes ces mesures-là, l'euro est une monnaie qui crée l'incapacité de redresser l'économie et l'emploi. Le chômage va continuer à s'aggraver ».

Sarkozy prend des engagements vis-à-vis des agriculteurs

Nicolas Sarkozy a de son côté promis lundi aux agriculteurs une baisse massive des charges et une suppression des normes françaises supérieures à la moyenne européenne. En juillet 2017, si le candidat à la primaire de la droite est élu à l'Elysée « il y aura 34 milliards de baisse des charges pour tous les secteurs, dont l'agriculture» , a-t-il dit lors d'une table ronde avec des agriculteurs, lors d'un déplacement dans le bocage normand, autour de Dozulé (Calvados). Pour redonner de la compétitivité à l'agriculture, « on supprime le CICE (crédit d'impôt compétitivité emploi, instauré par François Hollande, ndlr) et on ajoute 17 milliards, ce sera une aide massive », a indiqué l'ancien président de la République. Il veut aussi dès l'été 2017 une « loi de portée générale abrogeant toute norme française supérieure aux normes européennes », tous secteurs confondus également et en particulier pour l'agriculture.

Il a indiqué vouloir aussi que la gestion de l'eau revienne au ministère de l'Agriculture et que les préfets aient une latitude d'application de 20 % pour tenir compte des spécificités géographiques locales. Devant les militants du parti Les Républicains à Dozulé, Nicolas Sarkozy a affirmé vouloir rétablir plus d'équilibre entre villes et campagnes. « Après avoir tant fait pour les quartiers, la société française a collectivement sous-estimé la désespérance de nos campagnes », a-t-il dit, promettant « un effort d'une dizaine de milliards pour la ruralité, notamment en matière d'infrastructures, de routes, de réseaux numériques et de santé (...) Dans le quinquennat qui vient, à un euro public investi pour la ville, correspondra un euro pour la ruralité », a-t-il lancé.

Buisson et les « valeurs communes » de Sarkozy avec le FN

L'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy à l'Elysée, Patrick Buisson, désormais très proche de l'extrême droite, publie un livre polémique dans lequel il tire à boulets rouges sur le monde politique actuel. Mais il y relate surtout des propos de l'ancien chef de l'Etat. On apprend par exemple dans ce livre que Nicolas Sarkozy aurait traité son Premier ministre François Fillon de « pauvre type » après qu'il ait inauguré une mosquée.

Mais surtout, Nicolas Sarkozy aurait demandé à Patrick Buisson de contacter Jean-Marie Le Pen entre les deux tours de l'élection présidentielle de 2007 au nom des « valeurs communes » que l'ancien chef de l'Etat partagerait avec le FN. « Appelle Le Pen... Demande-lui ce qu'il veut. Faut-il que je le reçoive? S'il faut le recevoir maintenant, tu sais, je le recevrai. Je ne suis pas comme les autres. Je sais prendre mes responsabilités, moi », aurait demandé Nicolas Sarkozy à son proche conseiller. D'après Patrick Buisson, Nicolas Sarkozy aurait même demandé auparavant à des élus de droite de parrainer le fondateur du FN afin qu'il puisse se présenter à l'élection présidentielle.

Premier débat de la primaire écologiste ce soir

A partir de 18H le premier débat de la primaire écologiste sera diffusé sur LCP et Public Sénat. Quatre candidats - Cécile Duflot, Yannick Jadot, Michèle Rivasi et Karima Delly -participent à cette primaire qui se tiendra les 19 octobre et 7 novembre.

L'ambiance semble, du reste, déjà électrique entre les deux favoris Cécile Duflot et Yannick Jadot. L'entourage de l'ancienne ministre du Logement avance déjà qu'au regard des grandes difficultés qui attendent les écologistes pour obtenir les 500 parrainages nécessaires pour se présenter à l'élection présidentielle, Cécile Duflot est la seule alternative. Mais du côté du député européen, on fustige l'individualisme et l'ambition personnelle de la députée de Paris. Reste à savoir si lors du débat télévisé, les deux favoris laisseront paraître ces tensions en coulisse, ou s'ils se concentreront sur le débat d'idées.

(Avec AFP)