L'appel à la grève des médecins libéraux fâche les urgentistes

Par latribune.fr  |   |  521  mots
Le collectif « Médecins pour demain » veut créer un « choc d'attractivité » vers une médecine de ville en manque criant d'effectifs. (Crédits : Reuters)
Face à l'augmentation « vertigineuse » de l'activité dans les services d'urgences, le président de l'association Samu-Urgences de France, Marc Noizet, déplore l'appel à la grève des médecins libéraux pendant les fêtes.

La grève observée lors de cettte période de fêtes par de nombreux généralistes, qui demandent un doublement du tarif de consultation de base, de 25 à 50 euros, est condamnée par les urgentistes. « Elle arrive au pire des moments », a estimé mardi sur France Bleu Alsace Marc Noizet, chef des urgences de Mulhouse et successeur de l'actuel ministre de la Santé, François Braun, à la tête de l'association Samu-Urgences de France.

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« Depuis 15 jours, on observe une augmentation excessivement importante, que je qualifierais presque de vertigineuse, de l'activité dans les centres » du Samu, évoquant le « pic épidémique de grippe », auquel s'ajoutent les épidémies de bronchiolite et de Covid-19. « On est en limite de rupture de ce qu'on est en capacité de faire avec les moyens dont on dispose en cette période de fin d'année. »

Un appel à la grève déjà dénoncé par le ministre de la Santé

François Braun avait déjà « fermement » condamné cet appel à la grève, dans une déclaration transmise lundi par son ministère à la presse. « Alors que notre système de santé affronte une situation exceptionnelle, compte tenu notamment de la triple épidémie qui se poursuit partout en France, cela fait peser une pression accrue sur des hôpitaux et services d'urgences qui se trouvent déjà dans une situation critique ». Il a salué la décision des principaux syndicats (MG France, CSMF, Avenir Spé) qui « n'ont pas appelé à la grève » et encouragé à faire « prévaloir cet esprit de responsabilité ». François Braun fera ce mardi « en fin de journée » un point avec les ARS, les CHU et les fédérations hospitalières sur la situation des hôpitaux.

Le collectif « Médecins pour demain » prévoit une manifestation nationale à Paris le 5 janvier.

Le collectif « Médecins pour demain », lancé à la fin de l'été, avec comme revendication le doublement du tarif de consultation de base veut créer un « choc d'attractivité » vers une médecine de ville en manque criant d'effectifs, écrasée par les tâches administratives et qui n'attire plus les jeunes. Le collectif prévoit une manifestation nationale à Paris le 5 janvier.

Une grève qui dépasse les syndicats

Comme celle des chefs de bord à la SNCF, cet appel à la grève de médecins généralistes dépasse les syndicats. Dans le domaine de la santé, c'est dans un milieu peu coutumier des mobilisations, celui des généralistes libéraux, que s'est constitué à la fin de l'été le collectif « Médecins pour demain ». Le groupe rassemble désormais plus de 15.000 praticiens via Facebook. « Notre démarche n'est pas en opposition aux syndicats, mais nous ne trouvions pas dans leur communication des réponses à nos préoccupations de terrain », souligne Christelle Audigier, sa présidente. Son mot d'ordre de fermeture des cabinets médicaux les 1er et 2 décembre a entraîné, selon l'Assurance maladie. une baisse d'activité d'environ 30% chez les généralistes.

 (Avec AFP)