L'économie française est-elle en train de se réveiller  ?

Par Fabien Piliu  |   |  811  mots
Michel Sapin a-t-il raison d'être optimiste ? Que nous indiquent les derniers indicateurs macroéconomiques parus récemment ?
Jeudi, la Banque de France a augmenté de 0,1 point sa prévision de croissance pour le premier trimestre. Elle vise désormais une progression de l'activité de 0,4%. La reprise est-elle enclenchée ? Revue de détail des derniers indicateurs macroéconomiques parus.

Chassez le naturel... Jeudi, Michel Sapin, le ministre des Finances a repris ses mauvaises habitudes. En 2013, alors ministre du Travail, il martelait que la courbe du chômage allait s'inverser en fin d'année. Cette inflexion ne s'est toujours pas produite. Le nombre de demandeurs d'emploi n'a cessé de progresser chaque mois, à de très rares, trop rares, exceptions près.

Jeudi, toujours, alors que la Banque de France indique tabler désormais sur une progression de 0,4% du PIB au premier trimestre, et non plus de 0,3%, Michel Sapin n'a pas pu s'empêcher de partager son optimisme. " Dans les chiffres, dans les prévisions qui sont les miennes, oui le chômage est en situation de se stabiliser au cours de l'année 2015 et de baisser en 2016 ", a-t-il déclaré sur I-Télé, interrogé sur la probabilité d'une baisse du chômage d'ici la fin du quinquennat.

Michel Sapin a-t-il raison d'être optimiste ? Que nous indiquent les derniers indicateurs macroéconomiques parus récemment ?

La Banque de France s'aligne sur l'Insee

On l'a vu, la Banque de France vise une croissance de 0,4% du PIB au premier trimestre. C'est également le cas de l'Insee qui anticipe ensuite une progression de 0,3% de l'activité au deuxième trimestre. Interrogés par la Banque centrale, les chefs d'entreprises s'attendent à une poursuite de la hausse de l'activité dans l'industrie et les services en avril. En mars, les livraisons dans l'industrie se sont accélérées, constate la Banque de France à l'issue de son enquête. L'activité s'est intensifiée dans le matériel de transport hors automobile, la chimie et l'agroalimentaire, tandis que les équipements électriques ont poursuivi leur progression. Les commandes ont augmenté " sous l'effet de la demande étrangère ". En revanche, l'activité est en panne dans le bâtiment. Globalement, si " les effectifs se tassent un peu ", " les trésoreries s'élargissent " indique la Banque de France. Selon l'Insee, la production industrielle n'a progressé que de 0,2% entre novembre et janvier. Sur un an, en janvier, elle affiche un recul de 0,7% !

Seul moteur de la croissance, la consommation, soutenue par la faiblesse de l'inflation, s'est stabilisée en février, après trois mois de hausse. " Le dynamisme des dépenses en énergie et en autres biens fabriqués est compensé par un léger repli de la consommation en habillement et en automobiles ", explique l'Insee.

Quel impact du plan de relance de l'investissement ?

L'investissement ? Il est en panne. Que ce soit les ménages, les entreprises ou les collectivités territoriales, personne n'investit. Manuel Valls, le Premier ministre a annoncé mercredi plusieurs mesures pour le relancer. La mesure-phare est le suramortissement de 40% accordé pendant une durée d'un an. Si le patronat, et tout particulièrement la CGPME saluent cette initiative, reste à savoir si cette mesure aura les effets escomptés. Pour que les entreprises décident d'investir en profitant de cette aubaine, il faut notamment que leurs dirigeants aient confiance en l'avenir. Le climat des affaires s'est certes amélioré en mars, mais l'indicateur synthétique reste inférieur à sa moyenne de longue période.

Il faudrait aussi que leurs carnets de commandes se regarnissent - le taux d'utilisation des capacités de production reste très faible - et que leurs partenaires financiers - les banques, les actionnaires... - les accompagnent.

Autre interrogation, quelle sera la nature des investissements ? Les entreprises profiteront-elles de cette mesure pour moderniser leur appareil de production, pour s'adapter à la transition énergétique, à la révolution numérique en cours ? Enfin, cette mesure ciblée sur l'industrie profitera-t-elle également aux services ? Compte tenu de la durée très courte de cette mesure - un an - on devrait être fixé assez rapidement sur les effets de ce plan.

Le commerce extérieur profite-t-il de la chute des cours du brut et de la dépréciation de l'euro face au dollar ? La conjonction de ces deux phénomènes ne produit pas des effets spectaculaires. Pour l'instant. Selon les Douanes, en février, " le déficit se réduit de 250 millions d'euros pour s'établir à -3,4 milliards. Les exportations reprennent (+1,4 % après -2,5 % en janvier) plus nettement que les importations (+0,6 % après -1,3 %). La tendance à la réduction du déficit se confirme : il atteint - 50,9 milliards pour le cumul des 12 derniers mois contre - 53,6 milliards d'euros (chiffre révisé) pour l'année 2014 ". Heureusement, la faiblesse de l'euro face au billet vert et des prix de l'énergie devraient se prolonger encore quelques mois et continuer à diffuser leurs effets.

La France multiplie les déficits

Selon les Douanes, seuls deux secteurs affichent des excédents commerciaux significatifs : l'industrie aéronautique et spatiale et la chimie. Par ailleurs, si la France affiche des excédents commerciaux avec l'Union européenne et les Proche et Moyen-Orient, elle enregistre des déficits avec l'Amérique, l'Asie et l'Afrique.