La CGT se comporte "comme des voyous, comme des terroristes"

Par latribune.fr  |   |  770  mots
"Ces blocages, qui sont la plupart du temps illégaux, vont créer du chômage. C’est pourquoi nous demandons le retour de l’Etat de droit", a déclaré Pierre Gattaz au Monde.
Dans une interview au journal Le Monde, le patron du Medef, Pierre Gattaz, revient sur les manifestations qui perdurent contre la loi Travail et fustige la CGT. Des propos qui pèsent sur la négociation sur l'assurance chômage dont une réunion se tient ce lundi 30 mai.

Deux mois et demi après les premières manifestations contre la loi Travail, le président du Medef, Pierre Gattaz exprime son "ras-le-bol" face aux mouvements sociaux qui perdurent.

Le syndicat de Philippe Martinez fustigé

"Faire respecter l'Etat de droit, c'est faire en sorte que les minorités qui se comportent un peu comme des voyous, comme des terroristes, ne bloquent pas tout le pays", a déclaré au Monde le patron des patrons à propos de la CGT.

Le président du Medef estime qu'il ne faut "pas céder au chantage, à l'intimidation, à la terreur" qu'il attribue au syndicat de Philippe Martinez. Selon lui : "On ne peut pas laisser une minorité agissante, révolutionnaire, paralyser l'économie. c'est la capacité de la France à se réformer qui est en jeu. Pour moi, le sigle CGT est égal à chômage."

Faisant référence au syndicat CGT-Livre qui a empêché la parution jeudi dernier des quotidiens qui "ont refusé de publier un tract" de Philippe Martinez, Pierre Gattaz ne mâche ses mots et compare la situation à "une dictature stalinienne".

Préserver l'article 2

Selon le président du Medef, il est nécessaire de conserver l'article 2 de la loi Travail qui permet aux entreprises d'adapter les modalités de temps de travail. D'après lui, ce serait "la seule disposition intéressante qui subsiste après les réécritures successives du texte. Il fait prévaloir l'accord d'entreprise et permet ainsi aux employeurs de négocier avec les salariés des règles adaptées aux réalités du terrain".

Pour lui, préserver cet article semble non négociable : "S'il disparaissait, nous demanderions le retrait du projet de loi", a-t-il affirmé au Monde.

"L'accent doit être mis en faveur des TPE-PME, afin qu'elles aillent mieux et qu'elles n'aient pas peur d'embaucher. Sinon, le projet de loi risque de ne servir à rien", estime Pierre Gattaz.

Sur Twitter, Jean-Luc Mélenchon n'a pas tardé à réagir.

 Mehdi Ouraoui, membre du conseil national du Parti socialiste a également réagi sur le réseau social.

L'hypothèse Macron président

Quant à l'hypothèse d'une candidature du ministre de l'Économie à la présidentielle de 2017, Pierre Gattaz affirme qu'il a "toujours dit qu'Emmanuel Macron apporte une compréhension et une acceptation de l'économie de marché. Il connaît l'entreprise de l'intérieur. Il transcende le clivage politique gauche-droite, ce qui me va très bien."

Des propos jugés "indignes"

"Parler de terroristes, dans un pays qui a connu des vrais actes terroristes, ce sont des propos indignes et scandaleux du patron des patrons!", s'est exprimé Eric Aubin, négociateur CGT pour l'assurance chômage, à son arrivée au siège du Medef.

La CGT a également ajouté "c'est Pierre Gattaz qui mène le chantage" auprès du gouvernement sur la loi Travail en "disant qu'il pourrait être amené à quitter la table des négociations".

Un communiqué a été publié sur Twitter par plusieurs élus ou membres du Parti socialiste demandant au président du Medef de retirer s'excuser et de retirer ses propos.

La négociation assurance chômage compromise

Autant d'énervements qui ne vont pas arranger le déroulé de la négociation sur l'assurance chômage. La réunion de ce lundi 30 mai étant sensée être l'avant-dernière afin que la nouvelle convention puisse s'appliquer le 1er juillet prochain. Pour ce faire, vendredi 27 février, le Medef a envoyé aux syndicats un projet d'accord.

Afin de réaliser des économies, le texte propose de porter de 50 à 59 ans l'âge à partir duquel la durée d'indemnisation maximale passe de vingt-quatre à trente-six mois. Il propose aussi de revoir le mode de calcul de l'allocation et de durcir les règles pour les demandeurs d'emploi alternant contrats courts et périodes de chômage. En revanche, le Medef refuse toujours toute hausse de cotisations, notamment sur les contrats courts, comme le demande pourtant l'ensemble des syndicats.

Dans ces conditions, il est fort possible que la négociation soit ajournée pour un temps. Si cela se confirme, alors les règles actuelles resteront en vigueur au-delà du 1er juillet.

(Avec AFP)