La classe moyenne disparaît aux Etats-Unis, beaucoup moins en France

Par latribune.fr  |   |  577  mots
Barack Obama s'est souvent présenté comme le président de la classe moyenne. Mais celle-ci voit ses revenus au mieux stagner
Seuls 50,6% des américains relèvent de la classe moyenne, une proportion en baisse constante, contre 67,4% des Français

Entre la réalité d'une société et les représentations qu'ont en ont ses membres, le décalage est parfois flagrant. Ainsi, les Américains se voient souvent comme appartenant à une société de classe moyenne, tandis que les Français imaginent que dominent dans leur pays les couches populaires. La réalité est inverse, montre une étude de France Stratégie publiée ce jeudi. Le poids de la classe moyenne américaine diminue rapidement, et ce depuis des années, alors qu'elle s'érode seulement en France, et reste beaucoup plus représentée. 50,6% des américains appartiennent à la classe moyenne, contre 67,4% des français, si l'on retient la définition américaine de cette catégorie.

Pour cette définition, "France Stratégie s'est basée sur l'approche par les revenus, retenue par le Pew Research Center. La classe moyenne est définie  comme l'ensemble des ménages dont le revenu est compris entre deux tiers du revenu médian et deux fois le revenu médian, avant impôt.

 En forte diminution aux Etats-unis

Cette classe moyenne américaine voit son poids diminuer rapidement. Elle est passée de 54,2% de la population en 1996 à 50,6% en 2012 -dernières statistiques connues. En France, la baisse est beaucoup plus faible. 68,9% des ménages relevaient de cette catégorie en 1996, 67,4% en 2012, soit une diminution de 1,5 point seulement.

 Le poids de la classe moyenne  diminue rapidement Outre Atlantique, et la part du revenu global qui rentre dans sa poche encore plus vite. En 1996, 48,5% des revenus bénéficiaient aux classes moyennes, ce n'est plus que 43,7% aujourd'hui. La classe dite supérieure s'arroge aujourd'hui 47,3% des revenus, contre 42,3% en 1996.

Captation des revenus par une très faible minorité

A voir l'évolution du revenu médian de chaque classe, depuis 1996, les Américains ne sont pas vraiment bien lotis, quelle que soit leur catégorie. La hausse globale atteint 2% en valeur constante -l'écart entre les catégories n'est pas très élevé-  entre 1996 et 2012, contre... +20% en France. Comment expliquer ce décalage, alors que la croissance du PIB a été beaucoup plus élevée aux Etats-Unis? C'est qu'une infime minorité de la population, proche de 1%, s'est accaparée l'essentiel du revenu supplémentaire.

Entre 2002 et 2007, les deux tiers de la croissance des revenus ont été captés par le top 1 % (58 % pour la période 2009-2014)13. Sur la période 2010-2013, cela s'est traduit par une diminution du revenu médian et une augmentation du revenu , relève France Stratégie

 Un lien étroit avec le niveau d'éducation

Le mythe du "self made man", de l'autodidacte américain qui réussit grâce à sa seule capacité de travail est bien un mythe. Aux Etats-Unis encore plus qu'en France, le niveau de revenus dépend du niveau scolaire. Outre Atlantique, la probabilité d'appartenir à la classe moyenne est de 36,7% pour une personne de niveau inférieur au bac (son équivalent américain). En France, cette probabilité est beaucoup plus forte, de 66,2%: c'est moins vrai aujourd'hui pour les jeunes, mais beaucoup de non diplômés ont réussi par le passé à accéder à la classe moyenne.

 Pour les diplômés américains, c'est, au contraire, le jackpot. Avoir un niveau équivalent à bac+3 permet dans de 40,3% des cas de se hisser au dessus de la classe moyenne, et dans 48,4% d'y appartenir. Seuls 11,3% des diplômés restent à un niveau inférieur de revenu, contre 58,7% qui n'ont pas de diplôme.