La France dans le collimateur de Moody's

Par latribune.fr  |   |  534  mots
L'agence de notation assure toutefois que le niveau de solvabilité de la France reste "extrêmement élevé" et relève d'ailleurs la perspective de la note de "négative" à "stable", excluant ainsi un nouvel abaissement à moyen terme (dans les 12 à 18 mois).
L'agence de notation américaine a abaissé vendredi la note de la dette souveraine de la France en raison de la faiblesse de sa croissance économique, qui devrait perdurer "jusqu'à la fin de la décennie". Elle assure néanmoins que le niveau de solvabilité du pays reste "extrêmement élevé".

L'agence financière Moody's a abaissé, vendredi 18 septembre, d'un cran la note de la dette de la France, de"Aa1" à "Aa2", invoquant l'impact d'une "faible croissance" économique et de "contraintes institutionnelles" qui pèsent sur ses finances publiques.

A l'appui de sa décision, l'agence américaine pointe "la faiblesse continue" des perspectives de croissance française. Guère optimiste, Moody's estime qu'elle devrait perdurer "jusqu'à la fin de la décennie".

Moody's évoque également le "défi que la faible croissance couplée à des contraintes institutionnelles et politiques représentent pour la réduction significative de l'important fardeau de la dette".

L'inébranlable optimisme de Sapin

Le ministre des Finances français, Michel Sapin, n'a pas tardé à réagir dans la soirée, prenant "acte" de la décision de l'agence de notation tout en réaffirmant "la qualité de la signature de l'Etat français" :

"Le gouvernement demeure fermement engagé à poursuivre et amplifier sa politique de réformes visant à soutenir le potentiel de croissance et d'emploi de l'économie française", a t-il assuré dans un communiqué.

La référence à la loi Macron, qui prévoit une série de mesures pour doper la croissance (comme l'ouverture des magasins le dimanche), n'aura échappé à personne.

Croissance atone, dette publique, chômage élevé

La réponse de Michel Sapin suffira-t-elle a dissipé les doutes de l'agence financière ?

Car en dépit des bonnes intentions, les résultats se font attendre. Certes, le gouvernement français table toujours sur une croissance économique de 1% sur l'ensemble de l'année et de 1,5% pour 2016, mais la contre-performance du deuxième trimestre pourrait mettre à mal cet objectif. Après une croissance de 0,7% du produit intérieur brut pendant les trois premiers mois de l'année, l'activité économique française a stagné au deuxième trimestre et affiche une croissance nulle.

Parallèlement, la dette publique de la France se montait à la fin du premier trimestre à 2.089,4 milliards d'euros, soit 97,5% de son produit intérieur brut (PIB).

L'agence de notation a par ailleurs noté que la France devait faire face à d'importants défis comme un "taux de chômage structurel élevé", "des faibles marges de rentabilité des entreprises", et "la perte de parts de marché à l'exportation au niveau mondial en raison de sa rigidité de longue date".

Moody's donne toutefois quelques bons points...

L'agence de notation assure toutefois dans son communiqué que le niveau de solvabilité de la France reste "extrêmement élevé" et relève d'ailleurs la perspective de la note de "négative" à "stable", excluant ainsi un nouvel abaissement à moyen terme (dans les 12 à 18 mois).

Au rang des atouts de la France, l'agence liste notamment une économie "diversifiée", une tendance démographique "favorable" et de faibles coûts de financements.

De plus, l'impact de cette nouvelle dégradation de la note devrait être relativisée. Fin 2012, l'agence avait déjà privé la France de son "triple A", la meilleure note possible.

En dépit de la perte de la note "AAA", auprès des grandes agences de notation (Moody's, Standars and Poor's et Fitch), la France continue ainsi de jouir de la confiance des investisseurs qui lui prêtent des fonds à des taux historiquement bas...

(Avec AFP)