La France estime que le temps est venu de renouer ses liens avec la Chine

Par latribune.fr  |   |  698  mots
Une visite d'Emmanuel Macron en Chine est prévue lors de ce premier semestre. (Crédits : YVES HERMAN)
La France estime que « le temps de la reconnexion » avec la Chine est venu, afin de convaincre notamment Pékin de « contribuer » à la paix en Ukraine. Une reprise du dialogue liée, selon la présidence française, à la fin des restrictions de la politique zéro Covid.

Emmanuel Macron devrait s'envoler pour la Chine avant l'été. Cela a été annoncé par le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi, à l'issue de deux jours d'entretiens à Paris, et confirmé par l'Elysée. Le président français a personnellement reçu mercredi le haut dirigeant chinois.

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« C'est vraiment le temps de la reconnexion avec les autorités chinoises », a dit la présidence française à des journalistes, précisant vouloir « redonner une impulsion » aux projets bilatéraux et au dialogue sur les défis mondiaux comme la crise climatique ou le conflit en Ukraine.

« Beaucoup de sujets » doivent être « évoqués en face à face »

Cette reprise est liée à la fin des restrictions de la politique « zéro Covid » en Chine, a souligné un conseiller du chef de l'Etat français, qui avait lui-même rencontré son homologue Xi Jinping en novembre en Indonésie. « Nous avons passé trois ans sans contacts directs avec les autorités chinoises », a-t-il expliqué, « beaucoup de sujets » doivent être « évoqués en face à face ».

Les relations entre le géant asiatique et l'Union européenne se sont tendues en 2021 quand les Européens ont imposé des sanctions pour protester contre la répression par les autorités chinoises de la minorité musulmane ouïghoure. Pékin avait sanctionné en représailles des parlementaires européens.

Paris reconnaît que le statu quo prévaut dans ce dossier et assure avoir évoqué « très clairement » la question des droits humains avec Wang Yi. Mais « nous prenons la Chine telle qu'elle est », « cette trajectoire de fermeture depuis plus d'une dizaine d'années » ne « doit pas nous empêcher de continuer de maintenir ce lien », a plaidé l'Elysée.

À noter, les autorités françaises viennent de décider de ne plus exiger de test PCR négatif de moins de 48 heures pour les voyageurs venant de Chine. Les dépistages aléatoires à l'arrivée sont également supprimés, seul le port d'un masque chirurgical à bord des avions reste obligatoire.

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Convaincre la Chine de « contribuer à une solution » dans le conflit en Ukraine

Sur le plan bilatéral, le gouvernement français veut « rééquilibrer » l'accès au marché chinois, notamment dans le secteur aéronautique et pour les agriculteurs français.

Surtout, Emmanuel Macron espère toujours convaincre la Chine de « contribuer à une solution » dans le conflit en Ukraine en faisant pression sur la Russie, dont Pékin reste un proche allié. Wang Yi doit se rendre à Moscou, après sa tournée européenne. Ses interlocuteurs français l'ont « encouragé » à « transmettre des messages » pour que « la Russie revienne à la table des négociations » et « cesse les bombardements » contre les civils.

Les Etats-Unis et la Chine se querellent, la France « pas concernée par les ballons espions »

Les Etats-Unis ont inscrit sur liste noire six entités chinoises contribuant selon eux à la modernisation militaire de la Chine, sur fond de brouille diplomatique autour de l'utilisation par Pékin de supposés ballons « espions ». On retrouve parmi les entités visées : Beijing Nanjiang Aerospace Technology, une entreprise qui investit dans des projets liés aux matériaux et à la robotique, Eagles Men Aviation Science and Technology Group, un groupe spécialisé dans la recherche et le développement de technologies d'avions furtifs ou encore Guangzhou Tian-Hai-Xiang Aviation Technology, spécialisée dans les drones de surveillance.

De son côté, Pékin accuse des ballons américains d'avoir violé son espace aérien plus d'une dizaine de fois depuis début 2022. « Toute affirmation selon laquelle l'Etat américain utilise des ballons espions au-dessus de la Chine est fausse », a répliqué Adrienne Watson, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche. « C'est la Chine qui possède un programme de ballons espions à haute altitude pour collecter des renseignements, qu'elle a utilisé pour violer la souveraineté des Etats-Unis et de plus de 40 pays sur 5 continents ».

La France a évacué cette affaire en estimant qu'elle n'était pas concernée.

(Avec AFP)