
« Dans l'ensemble, nous considérons la réouverture de la Chine comme un avantage pour l'économie mondiale », s'est félicité Pierre-Olivier Gourinchas, l'économiste en chef du Fonds monétaire international (FMI), lors de la présentation lundi à Washington des dernières Perspectives de l'économie mondiale de l'institution.
La croissance de l'économie mondiale pour 2023 a été révisée à la hausse de 0,2 point, à 2,9 %. Elle accélèrera à 3,1 % en 2024, ce qui reste néanmoins un rythme inférieur à celui de 2022, où le PIB mondial s'est affiché à 3,4%.
Pire performance en 40 ans
La Chine s'est en effet ouverte à nouveau en novembre en mettant un terme à sa politique très restrictive de « zéro Covid », qu'elle avait initiée en 2020 mais dont les confinements ont pesé sur son économie. En 2022, la croissance du PIB de la République populaire a atteint 3%, sa pire performance annuelle depuis quatre décennies (hors année 2020). Pour 2023, le FMI a révisé son estimation de 0,8 point à 5,2 %, et prévoit une hausse de 4,5% en 2024.
Cette réouverture du géant asiatique va entraîner une augmentation de la production manufacturière mondiale et réduire les perturbations des chaînes d'approvisionnement, tout en augmentant la demande des consommateurs chinois, a résumé Pierre-Olivier Gourinchas. Des facteurs qui vont favoriser la croissance mondiale.
Néanmoins, l'économiste met en garde sur une autre conséquence, le risque d'une hausse des prix des matières premières, notamment énergétiques, le géant asiatique étant par exemple le premier importateur mondial de pétrole brut et de gaz naturel liquéfié (GNL). « L'équilibre de ces deux effets est difficile à évaluer avec certitude », a-t-il indiqué.
Faible taux de vaccination
Le rapport du FMI n'écarte pas en effet l'hypothèse d'une reprise chinoise plus difficile. Le pays pourrait faire face à des vagues plus importantes d'infections du Covid-19 en raison d'un faible taux de vaccination et d'une population âgée.
En attendant, en ce début d'année, certains indicateurs permettent d'être plus optimistes. Ces derniers jours, le nombre de patients est en baisse, indiquent les autorités chinoises. Et le Bureau national des statistiques (BNS) a publié ce mardi un indice des directeurs d'achat (PMI, ou Purchase Manager Index), reflet de la santé du monde industriel, qui s'est établi en janvier à 50,1 points contre 47 un mois plus tôt. En repassant au-dessus de la barre des 50 points, il traduit une hausse de l'activité, mettant fin à quatre mois consécutifs de contraction.
Par ailleurs, l'indice PMI non-manufacturier, qui comprend le secteur des services et de la construction, a connu un fort rebond en janvier, à 54,4 points, contre 41,6 en décembre, signe de l'ouverture et de la reprise des activités dans le pays.
L'économie chinoise doit également composer avec un autre risque, celui de son secteur immobilier, qui représente près d'un quart du PIB, et reste lourdement endetté. « La détérioration de la crise du marché immobilier reste un facteur de vulnérabilité majeur, avec des risques de faillites généralisées des promoteurs qui peuvent menacer la stabilité du secteur financier », rappelle le FMI.
Risque géopolitique
Enfin, demeure le risque géopolitique qui s'est exacerbé depuis l'invasion militaire de l'Ukraine par la Russie en février 2022, faisant craindre une « fragmentation géopolitique », en raison « des sanctions internationales prises à l'encontre de la Russie pour la contraindre à mettre fin aux hostilités (qui) divisent l'économie mondiale en blocs et attisent d'anciennes tensions géopolitiques, dont celles liées au conflit commercial entre les États-Unis et la Chine », soulignent les experts de l'institution.
Le FMI a d'ailleurs prévu ce vendredi 2 février de publier son rapport annuel spécifique sur la situation économique de la Chine.
Et ce sera en mars que les autorités chinoises annonceront leur objectif de croissance officiel pour 2023, lors de la session annuelle du parlement chinois.
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