La vaccination s'ouvre à tous les Français, le stock de doses est-il suffisant ?

Par latribune.fr  |   |  866  mots
Doctolib a prévenu qu'il ne pourrait pas répondre à toutes les demandes au regard du « nombre encore limité de doses de vaccins, notamment Pfizer et Moderna ». (Crédits : Stephane Mahe)
FOCUS DATA. Toute la population majeure de France est désormais éligible à la vaccination contre le Covid-19 depuis ce lundi 31 mai, en même temps que la levée progressive des restrictions. Or, le nombre de doses disponible est encore trop faible, jugent certains professionnels et responsables politiques, et ce malgré l'accélération des livraisons de vaccins depuis avril.

Top départ pour la vaccination de tous les adultes en France. A partir de ce lundi, il n'y a plus de critères d'âge ou d'état de santé pour être éligible à la vaccination contre le Covid-19, « étape clé » pour éviter un rebond de l'épidémie alors que les restrictions s'allègent peu à peu.

« Je suis totalement convaincu qu'on va voir beaucoup de monde se faire vacciner », a estimé sur LCI Alain Fischer, le « monsieur vaccins » du gouvernement, qualifiant ce nouvel élargissement de la campagne d'« étape clé » pour protéger la population et « retrouver une vie de plus en plus normale ».

Les candidats doivent néanmoins s'armer de patience : les réservations, qui ont démarré jeudi, arrivent de manière « progressive » sur les plateformes internet spécialisées (Doctolib, Keldoc, Maiia), selon le ministre de la Santé, Olivier Véran.

Trop peu de doses malgré l'accélération ?

Avec « 28 millions de personnes adultes éligibles à la vaccination et non vaccinées » pour « en moyenne 500.000 rendez-vous disponibles chaque jour », Doctolib a toutefois prévenu qu'il ne pourrait pas répondre à toutes les demandes au regard du « nombre encore limité de doses de vaccins, notamment Pfizer et Moderna ».

Si l'on en croit les prévisions de la Direction Générale de la Santé (au 09/05) consultées par La Tribune, les livraisons de vaccins devraient pourtant s'accélérer en juin. D'ici un mois, la France devrait avoir reçu au total 76,7 millions de doses cumulées.

Insuffisant selon la maire de Nantes, « il faut aller encore plus vite », a en effet estimé Johanna Rolland sur France 3. Il y a « encore trop de gens » en attente d'un rendez-vous, a-t-elle jugé.

Le nombre de professionnels mobilisés permettrait de « vacciner plus. La question c'est l'approvisionnement », a assuré la présidente de France Urbaine, fédération qui regroupe les métropoles, communautés urbaines, communautés d'agglomération et grandes villes

La menace de nouveaux variants

« Sans vaccination massive, l'épidémie pourrait repartir », car « l'arrivée de nouveaux variants plus transmissibles » fait grimper la proportion de la population qui doit être vaccinée « pour empêcher la circulation du virus », prévient aussi dans le JDD Arnaud Fontanet, épidémiologiste à l'Institut Pasteur.

Une prudence justifiée, selon Alain Fischer, qui observe que « les courbes vont dans le bon sens » mais qu'«on n'est pas tout à fait à l'abri » d'une reprise.

Les indicateurs sanitaires ont continué de s'améliorer dimanche, avec 8.541 cas positifs recensés à travers le pays, tandis que 16.775 malades du Covid étaient soignés à l'hôpital, dont 2.993 en services de soins critiques, le chiffre le plus faible depuis fin janvier.

« Quinze jours cruciaux »

« Si la décrue se poursuit jusqu'au 9 juin, prochaine étape de la levée des restrictions, nous passerons un été tranquille », estime Arnaud Fontanet.

Pour ça, « les quinze jours à venir seront cruciaux », prévient le membre du conseil scientifique, qui guide le gouvernement, appelant les Français à ne pas relâcher les gestes barrière, surtout à l'intérieur où le risque de contamination est plus élevé.

Quant au port du masque en extérieur, avec l'arrivée des beaux jours, « la crainte est que beaucoup de non-vaccinés en profitent » pour le « tomber », relève l'épidémiologiste.

Plus optimiste, le Pr Pierre Parneix, médecin hygiéniste et de santé publique au CHU de Bordeaux, anticipe dans Le Parisien qu'on pourra enlever le masque « à partir de début juin », dans certains endroits peu denses, « si la dynamique positive se confirme ». Et à condition de continuer à appliquer les autres gestes barrière: désinfection des mains, distanciation... surtout pour les non-vaccinés.

25.431.357 personnes ont reçu au moins une injection (soit 38% de la population totale et 48,4% de la population majeure), parmi lesquelles 10.777.150 personnes ont reçu deux doses.

Au 15 juin, « il y a de bonnes chances qu'on soit au-delà » de l'objectif du gouvernement de 30 millions de primo-vaccinés, a estimé Alain Fischer.

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La suite est en revanche plus incertaine, et les autorités sanitaires veulent éviter que la vaccination ne plafonne cet été à un niveau insuffisant. Le mot d'ordre est donc de faciliter la vaccination des personnes isolées et de motiver les plus jeunes par « des campagnes d'information ciblées », pour le Pr Fischer.

En revanche, la « vaccination obligatoire », recommandée par l'Académie de médecine, serait « la dernière option en cas d'échec » et n'est « pas la priorité », a-t-il estimé.

Autre levier pour accélérer la protection collective de la population: la vaccination des adolescents, après le feu vert vendredi de l'Agence européenne du médicament (EMA) au Pfizer/BioNTech pour les 12-15 ans.

La Haute autorité de santé (HAS) doit se prononcer en milieu de semaine pour la France. Si l'ouverture aux 16-18 ans est « une affaire de jours », selon Alain Fischer, pour les 12-15 ans, « le comité d'éthique a été saisi de cette question » et le choix du calendrier (dès l'été ou à la rentrée) « est plus une question pratique de disponibilité de doses et d'organisation », a-t-il ajouté.

(Avec AFP)