Le chômage reflue pour le troisième mois consécutif en novembre (-0,9%)

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  856  mots
En novembre, le nombre des demandeurs d'emploi inscrits en catégorie « A » a diminué de 31.800 personnes en un mois, soit une baisse de 0,9%. Ainsi, pour la première fois depuis février 2008, le nombre des demandeurs d'emploi inscrits à Pôle emploi a baissé pour le troisième mois consécutif. Mais ces bons résultats sur le front du chômage interviennent trop tardivement dans le quinquennat de François Hollande.
Pour la première fois depuis début 2008, en novembre, le nombre des demandeurs d'emploi a diminué (-31.800) pour le troisième mois consécutif. Mais cette décrue du chômage, bien que réelle, intervient trop tardivement pour "sauver" le quinquennat".

C'est Noël ! En novembre, le nombre des demandeurs d'emploi inscrits en catégorie « A » a diminué de 31.800 personnes en un mois, soit une baisse de 0,9%. Ainsi, pour la première fois depuis février 2008, le nombre des demandeurs d'emploi inscrits à Pôle emploi a baissé pour le troisième mois consécutif. En fait, la bonne nouvelle était quasi éventée depuis que l'Élysée avait décidé, en fin de semaine dernière, de programmer pour François Hollande une visite d'entreprise, avec la ministre du Travail, ce lundi... précisément à l'heure où sont officiellement connues les données mensuelles sur le chômage. Si les chiffres avaient été mauvais, on n'imagine pas que François Hollande serait ainsi monté en première ligne.

Fin novembre,en catégorie "A", il y avait très exactement 3.447.000 demandeurs d'emploi inscrits en France métropolitaine et 3.703.400 en incluant les DOM. Si, cette fois, on ajoutes les demandeurs d'emplois inscrits en catégorie "B et C" (ceux ayant exercé une activité plus ou moins réduites), ils sont 5.475.800 en France métropolitaine et 5.778.000 avec les DOM. On notera à cet égard que le nombre des inscrits en catégorie "C" a fait un bond de 3,8% sur un mois. Il s'agit peut être de salariés en poste qui, devant la reprise des créations d'emploi, on décidé de se réinscrire à Pôle emploi pour tenter de trouver un autre travail.

Une inversion de la courbe réelle, mais trop tardive

Quoi qu'il en soit, certes extrêmement tardivement, l'inversion de la courbe du chômage s'est cependant bien produite depuis le début de l'année 2016. Sur onze mois de statistiques mensuelles, on a enregistré sept fois une baisse... Alors qu'entre mai 2012, mois de l'arrivée de François Hollande à l'Élysée et décembre 2015, il n'y a que six mois où les données mensuelles ont été orientées à la baisse. Depuis le début de l'année, le nombre des inscrits en catégorie « A » a diminué de 133.500 (- 3,7%). Sur les trois derniers mois, se réjouit le ministère du Travail, le recul est de 109.800 (- 3,1%), soit la plus forte baisse trimestrielle observée depuis janvier 2011.

Il faut aussi reconnaître que la baisse est également une nouvelle fois particulièrement forte concernant les jeunes, de moins de 25 ans pour lesquels le nombre d'inscrits en catégorie « A » a diminué de 10.900 en novembre (-2,3 %) et de 49.500 depuis le début de l'année (-9,5 %), atteignant son plus bas niveau depuis mai 2011.

Cette tendance favorable est notamment la conséquence de la reprise des créations d'emploi notamment dans le secteur marchand. Dans sa dernière note de conjoncture, l'Insee soulignait que près de 237.000 créations de postes ont été enregistrées dans le secteur marchand au cours des 18 derniers mois, dont 157.00 depuis le début 2016. Une tendance qui devrait se poursuivre début 2017, mais moins vivement.

Une baisse... invisible

Mais, dans l'opinion, cette nouvelle baisse du chômage risque encore une fois de passer inaperçue, voire d'engendrer du scepticisme. Pourquoi ? Car, malgré la baisse réelle du chômage, celle-ci intervient trop tardivement par rapport aux promesses de François Hollande. Elle n'est en effet perceptible que depuis le début 2016. Et, à ce stade, il y a environ 570.000 chômeurs de plus en catégorie « A » depuis le début du quinquennat. Des résultats qui plombent le bilan de François Hollande. D'ailleurs, le 1er décembre, lorsque celui-ci est intervenu pour annoncer qu'il ne briguerait pas un second mandat, il avait parfaitement conscience qu'il ne pouvait pas crier « victoire » sur le front du chômage :

"Les résultats arrivent, plus tard que je ne les avais annoncés, j'en conviens, mais ils sont là (...). Le chômage enfin diminue, mais il reste à un niveau trop élevé et je mesure ce que cette situation peut avoir d'insupportable pour nos concitoyens qui vivent dans la précarité".

Trop tard en effet pour le président en place... Même si, selon les dernières prévisions de l'Insee - qui comptabilise le chômage de façon différente de Pôle emploi en retenant les critères définis par l'Organisation internationale du Travail (OIT), l'amélioration va se poursuivre, mais très doucement: le chômage devrait reculer à 9,6% en métropole (9,9% en France entière) à la fin 2016, et cette décrue se poursuivrait jusqu'à la mi-2017 pour atteindre 9,5% de la population active en métropole fin juin.

Reste aussi que, selon une étude de l'OFCE, au total, en intégrant le sous-emploi et le  "halo du chômage" (temps partiel subi, chômeurs découragés qui ne s'inscrivent plus, etc.), ce sont près de 6 millions de personnes qui se trouvent dans une situation fragile vis-à-vis de l'emploi, soit... 8% de plus que quatre ans auparavant, ce qui correspond à 400.000 personnes supplémentaires. Un constat dur à avaler pour un président qui avait fait de la baisse du chômage sa priorité. Difficile dans ces conditions de "vendre", politiquement parlant, les récents bons résultats...