Le gouvernement va bien enterrer son panier « anti-inflation »

Par latribune.fr  |   |  549  mots
Alexandre Bompard, PDG de Carrefour. (Crédits : PHILIPPE WOJAZER)
Rejetée par la plupart des distributeurs, mais aussi par les agriculteurs, l'idée du gouvernement de bloquer la hausse des prix, sur certains produits de première nécessité, va être abandonnée. Le secteur de la distribution préfère décider lui-même de ces opérations de ristournes « de son choix », souligne Alexandre Bompard, le PDG de Carrefour au Journal du Dimanche.

On l'assurait encore d'actualité du côté de Bercy qui planche depuis des mois sur un « panier anti-inflation » pour réduire la facture alimentaire des Français. Mais le secteur de la grande distribution a finalement repris la main sur ces tentatives. Il y a quelques mois, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire expliquait pourtant que les acteurs de la grande distribution devaient participer à l'effort national face à la flambée de l'inflation. Pour cela, à la demande de Bercy, les distributeurs devaient s'engager à vendre certains produits à prix coûtants. Un choix privilégié plutôt que de supprimer la TVA prélevée par l'Etat.

« Nous avons trouvé un très bon accord avec le ministre (de l'Economie et des Finances, ndlr) (...) Il a décidé de laisser à chacun la liberté de définir les opérations de son choix », a déclaré Alexandre Bompard, PDG de Carrefour, au Journal du Dimanche.

Autrement dit, le gouvernement français va enterrer son projet de panier et laisser le choix aux distributeurs de proposer eux-mêmes une sélection de produits moins chers, a indiqué dimanche le PDG de Carrefour dans cet entretien.

La ministre déléguée au Commerce Olivia Grégoire, martelait pourtant que le projet de geler les prix d'une cinquantaine de produits sur décision du gouvernement, n'est « pas enterré ».

Mais force est de constater que le secteur privé veut limiter une administration directe de l'Etat dans ses activités. Et chaque enseigne de proposer sa propre formule. Système U, le quatrième distributeur, a ainsi lancé son propre panier début février, sans attendre celui du gouvernement.

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Le PDG de Carrefour a, lui, annoncé le lancement, à partir du 15 mars et jusqu'au 15 juin, de 200 produits au  prix moyen de 2  euros dont une centaine sont des aliments qualifiés de « sains » et le reste, des produits du quotidien comme la lessive. Il avait qualifié l'idée du panier de « technocratique ».

Une démarche étatique qui ne convainc pas

Christiane Lambert, la présidente de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d'exploitations agricoles), avait également exprimé à La Tribune son opposition au projet. Elle a rencontré samedi Bruno Le Maire au Salon de l'agriculture, qui a confirmé qu'il n'y aurait pas de panier anti-inflation mais que le gouvernement allait plutôt demander aux distributeurs « de faire l'effort de marger moins ».

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Autre acteur très critique : l'association de consommateurs UFC-Que Choisir, pour qui le dispositif est un « gadget ». « Comment 50 produits pourraient répondre à la diversité des besoins selon les types de consommateurs ? », s'interrogeait début février Olivier Andrault, chargé de mission agriculture/alimentation pour l'association de consommateurs.

L'inflation en France a de nouveau accéléré en février, de 6,2% sur un an, après 6% en janvier, tirée en majorité par un bon des prix dans l'alimentation de 14,5% selon la première estimation de l'Insee publiée mardi.

Le gouvernement cherchait depuis plusieurs mois à mettre en place un « panier anti-inflation », qu'il devait présenter aux alentours du 15 mars, rejeté par la grande distribution et sans parvenir à en définir les contours.

(Avec Reuters)