« Mars rouge » : Bruno Le Maire ouvre la porte à un abandon du panier anti-inflation

Alors que les négociations commerciales entre fournisseurs et distributeurs actuellement en cours font craindre une flambée des prix en mars, le ministre de l'Economie s'est voulu rassurant, assurant qu'« il n'y aura pas de mars rouge ». S'il a également affirmé qu'il allait recevoir les distributeurs « dans les prochains jours », il a précisé ne pas savoir si le résultat des discussions « sera un panier anti-inflation ». Le dispositif devait pourtant voir le jour début mars.
Bruno Le Maire a assuré, ce lundi, qu'« il n'y aura pas de mars rouge, il n'y a aucune raison qu'il y ait de mars rouge », faisant référence au risque d'une flambée des prix à l'issue des négociations commerciales.
Bruno Le Maire a assuré, ce lundi, qu'« il n'y aura pas de mars rouge, il n'y a aucune raison qu'il y ait de mars rouge », faisant référence au risque d'une flambée des prix à l'issue des négociations commerciales. (Crédits : BENOIT TESSIER)

Le panier anti-inflation verra-t-il le jour ? Rien n'est moins sûr. Annoncé il y a plus d'un mois, ce dispositif devrait rassembler une cinquantaine de produits essentiels du quotidien « vendus au meilleur rapport qualité prix », expliquait la ministre déléguée chargée des Petites et Moyennes Entreprises et du Commerce, Olivia Grégoire, le 1er février dernier. Il verra bien le jour début mars, avait promis son cabinet une semaine plus tard. Pourtant, l'exécutif n'a toujours pas précisé ses contours qu'il s'agisse des produits concernés ou des enseignes de grande distribution qui le proposeront.

Le panier anti-inflation est d'autant plus attendu par les ménages français que l'inflation de l'alimentation (hors produits frais) ne faiblit pas. Elle dépassait les 14% en janvier, selon l'Insee et les négociations commerciales entre fournisseurs et distributeurs actuellement en cours jusqu'au 1er mars font craindre une nouvelle hausse des prix dans les rayons. Elles sont traditionnellement tendues, mais le sont davantage cette année dans un contexte de hausses des coûts de l'énergie, du transport ou encore des matières premières qui pèsent sur les marges de l'ensemble des acteurs. Pour rappel, ces négociations concernent l'ensemble des produits à marque dite « nationale » (Danone, Lu, Mondelez...). Les produits de marques de distributeurs (Marque Repères, Produits U ou Carrefour...) ne sont pas concernés.

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Vers de nouvelles règles dans les négociations commerciales

Sans compter qu'une proposition de loi du député Frédéric Descrozaille a provoqué la colère des distributeurs. Le texte initial prévoyait que si un accord sur les négociations commerciales annuelles n'était pas trouvé d'ici au 1er mars avec les industriels, une rupture de contrat était possible. En outre, en cas de non-accord, les prix payés par le distributeur devaient être ceux proposés par les fournisseurs et non ceux en vigueur, décidés à l'issue des précédentes négociations.

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La Commission des affaires économiques du Sénat a depuis fait évoluer le texte en l'atténuant. Ainsi, en cas d'absence d'accord entre fournisseurs et distributeurs, le tarif applicable durant le préavis de rupture « devra désormais tenir compte non seulement de la durée de la relation commerciale, mais également des conditions économiques du marché sur lequel opèrent le fournisseur et le distributeur mettant fin à leurs relations ». Des conditions qui peuvent être « le taux d'inflation, le coût des intrants » ou encore « la hausse moyenne de tarif acceptée par les distributeurs concurrents qui ont conclu un accord avec le fournisseur ».

Bien que moins radical que la proposition initiale, ce nouveau texte conserve néanmoins l'objectif de rééquilibrer le rapport entre fournisseurs et distributeurs, au grand désarroi des enseignes. « Nous connaissons les hausses de prix exigées par les industriels, elles sont de 20% à 30%. Les industriels auront tout intérêt à ne pas se mettre d'accord avec les distributeurs pour, in fine, que leur demande d'augmentation de prix aboutisse », alertait le groupe Système U le 14 janvier dernier, interrogé par La Tribune.

« Il n'y aura pas de mars rouge »

Se voulant rassurant, Bruno Le Maire a assuré, ce lundi, qu'« il n'y aura pas de mars rouge, il n'y a aucune raison qu'il y ait de mars rouge » sur BFMTV en référence aux craintes d'une hausse de prix à l'issue des négociations commerciales en cours. « Nous allons rester à des niveaux de prix qui sont très élevés », mais « il n'y a aucune raison que les prix s'enflamment à partir du mois de mars », a-t-il affirmé, indiquant qu'il allait recevoir les distributeurs « dans les prochains jours » pour voir comment limiter l'impact de l'inflation « sur le panier des compatriotes ». « Je ne sais pas si (le résultat des discussions, ndlr) sera un panier anti-inflation », a-t-il alors ajouté, ouvrant donc la porte à son abandon. « Ce sera ce que les distributeurs trouveront de plus utile et de plus efficace ». Le flou demeure, en effet, sur l'intérêt de ces derniers pour le dispositif. Seules deux ont pour l'instant rejoint l'initiative : Lidl et Système U.

Les agriculteurs farouchement opposés au panier anti-inflation

Du côté des agriculteurs, c'est un non catégorique qui a d'ores et déjà été opposé au panier anti-inflation. « Nous sommes contre », a ainsi affirmé la présidente de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), Christiane Lambert, qui quittera sa fonction de présidente le 30 mars prochain. « Il va conduire à une augmentation des importations dont certaines ne respectent pas les normes de production et peut mener, à terme, à la perte de notre souveraineté alimentaire en détruisant de la valeur agricole et alimentaire », a-t-elle expliqué dans une interview à La Tribune, s'interrogeant sur « comment un distributeur peut-il proposer plus de 700 produits issus de l'agriculture biologique à moins de 2 euros alors que la filière traverse une grave crise ? Ou proposer de la viande de porc trois fois moins chère que de l'alimentation pour chien ? » Elle a également jugé « scandaleux » que cette aide soit ouverte à toutes et tous, plaidant pour d'un « chèque alimentaire durable en faveur des plus démunis ». Un dispositif promis par Emmanuel Macron fin 2020, mais qui a, depuis, été abandonné. Un sort également réservé au panier anti-inflation ?

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« J'ai fixé le 15 mars comme date limite pour trouver ensemble une solution opérationnelle sur cette augmentation des prix alimentaires et des prix de grande consommation de manière générale », a simplement indiqué Bruno Le Maire, martelant que « vers la mi-2023, l'inflation devrait refluer dans notre pays ».

(Avec AFP)

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Commentaires 5
à écrit le 21/02/2023 à 10:23
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« Nous sommes contre », a ainsi affirmé la présidente de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA. Les agriculteurs à la FNSEA donc, mais les autres qui ne sont pas à la FNSEA ,ils en pensent quoi ?

à écrit le 20/02/2023 à 23:03
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Et pourquoi une tva anti- inflation , Et à quand un anti-Macron? A le 7 mars ! Lol

à écrit le 20/02/2023 à 21:11
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Supprimons la marge obligatoire de 10% pour contrer l’inflation

à écrit le 20/02/2023 à 20:48
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Un panier anti inflation MAIS sans produits de l'industrie agro alimentaire , SANS boissons en bouteille plastique type Coca, Sprite, Ice tea...Eau! sans Alcool, sans surgelés...que des produits de base, farine, féculents, légumes , huile et beurre...

à écrit le 20/02/2023 à 16:50
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C'était tellement puéril, comme idée, un panier anti-inflation. Bientôt les chaussures anti-vas-nu-pieds ?

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