Le Maire et Estrosi en marche vers Macron : la droite au bord de l'explosion ?

Par Philippe Mabille  |   |  579  mots
A l'approche des investitures législatives qui seront données jeudi matin par « La République en marche », les personnalités de droite multiplient les signaux en direction d'Emmanuel Macron. Bruno Le Maire a fait des offres de service, tandis que Christian Estrosi a démissionné de la présidence de la région Paca... Au risque de faire craquer d'autres députés LR et de faire exploser la droite républicaine ?

L'histoire de la recomposition politique française s'accélère. Alors que le secrétaire général du mouvement En Marche!, Richard Ferrand, a précisé les conditions pour être investi sous l'étiquette « La République en marche » pour les législatives, plusieurs responsables de la droite ont fait de façon plus ou moins subliminale, des offres de service.

Tout en désirant se présenter dans l'Eure comme un candidat de droite, le député et ancien ministre de l'Agriculture de Nicolas Sarkozy, Bruno Le Maire, candidat à la primaire de la droite et du centre, a fait connaître son intention de travailler avec Emmanuel Macron dans sa volonté de renouveler la vie politique pour faire réussir la France. Surtout, Christian Estrosi a démissionné dans la soirée de la présidence de la région Paca pour redevenir maire de Nice. Christian Estrosi, qui avait été sifflé par des électeurs de François Fillon au cours de la campagne parce qu'il avait rencontré Emmanuel Macron à Nice, poursuit son mouvement vers le nouveau président de la République, pour qui il a été l'un des premiers à droite à appeler à voter après le premier tour, pour faire barrage au Front national. Une position courageuse alors que le FN a réalisé un score très élevé à Nice au premier tour (25%), et sans aucun doute lié aussi au fait que des reports massifs de la droite ont été observés au second tour en faveur d'Emmanuel Macron. Il faut aussi tenir compte du fait que Christian Estrosi a été élu président de région grâce aux voix de la gauche face à Marion Maréchal Le Pen... De là à imaginer qu'il s'agit d'une offre de service pour participer au futur gouvernement, comme ministre de l'Intérieur par exemple... de la part du maire d'une ville martyr du terrorisme, il n'y a qu'un pas. Mais Christian Estrosi aurait laissé entendre que tel n'est pas son souhait. Il dit avoir refusé d'entrer au futur gouvernement et En Marche ! dément lui avoir fait une telle proposition.

Ces premiers craquements de ténors de la droite sont une alerte pour Les Républicains qui, sous la conduite de François Baroin, veulent mener campagne pour gagner les législatives et imposer une cohabitation à Emmanuel Macron. Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France a d'ailleurs regretté la position de Bruno Le Maire, qui intervient selon elle sans même que la droite ait pu chercher à influer sur le programme du président. Les prochains jours montreront si d'autres députés LR, à l'analyse des résultats du second tour et des probables triangulaires qu'ils risquent d'affronter aux législatives, vont vouloir se rallier et adopter l'étiquette « La République en marche ».

Il reste peu de temps puisque Emmanuel Macron a donné un grand coup d'accélérateur en demandant que les investitures de son parti soient rendues publiques jeudi matin. Comme la moitié des 577 postes est réservé à des représentants de la société civile et non à des « professionnels » de la politique, les places vont devenir chères. Et les élections de juin pourraient bien être une source d'explosion de la droite, écartelées entre le nouveau centre de la majorité de changement que veut rassembler Emmanuel Macron et l'alliance des patriotes que veut construire la présidente du Front national, en position de force dans de très nombreuses circonscriptions...