Le paradoxe du service public de santé

Par Florence Pinaud  |   |  297  mots
La difficulté des hôpitaux à se développer dans le domaine de l'accueil des patients étrangers est un phénomène très français.

Notre service public de santé est fondé sur l'égalité de traitement quels que soient les ressources ou les problèmes de santé des personnes. De ce fait, les établissements de service public estiment que leur vocation n'est pas d'aller chercher des patients fortunés. En même temps, les contraintes budgétaires des hôpitaux, qui doivent faire des économies, font de ce complément de ressource une piste intéressante, comme l'explique Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France (FHF).

« Les CHU français ont une vraie pudeur sur ce sujet, contrairement à ceux des autres pays européens. Ils ont encore parfois du mal à imaginer faire cohabiter leur activité traditionnelle avec une filière spécifique proposant un accompagnement et des prestations hôtelières différentes. Ils ont du mal à projeter notre service public sur un marché mondial qui existe pourtant bien, avec une patientèle prête à se déplacer pour avoir accès à une médecine de qualité. Certains médecins étrangers ont été formés en France et connaissent bien les infrastructures des hôpitaux qu'ils peuvent recommander dans leur pays.

Les Allemands nous ont montré que ce type d'accueil est une source de revenus qui vient abonder les budgets des hôpitaux. Et ces budgets permettent d'améliorer le fonctionnement quotidien des établissements et d'investir dans des matériels techniques qui profitent à tous les patients.

Notre service médical est de grande qualité, mais il nous manque des services annexes de type conciergerie pour accompagner les patients et leur famille, comme on en trouve aux États-Unis, en Grande-Bretagne ou en Allemagne. La FHF plaide pour l'émergence d'une filière d'accueil de patients étrangers, tout en garantissant les valeurs du service public. »