Prix Tech for Future 2023 : Ziwig met l'intelligence artificielle au service de la santé des femmes

Cette startup lyonnaise a mis au point le premier test salivaire pour diagnostiquer l'endométriose, maladie inflammatoire qui touche 10% des femmes dans le monde. Elle a gagné le défi qu’elle s’était lancé : mettre la biologie moléculaire et l’intelligence artificielle au service d’un problème de santé qui, jusqu’ici, trouvait difficilement solution. Ziwig gagne le prix Tech for Future 2023, organisé par La Tribune, dans la catégorie « International ».
Gilles, Doumer, cofondateur de Ziwig, gagnant du prix Tech for Future 2023, organisé par La Tribune, dans la catégorie International. Ici au Grand Rex de Paris, le 6 avril 2023, pour la remise des prix.
Gilles, Doumer, cofondateur de Ziwig, gagnant du prix Tech for Future 2023, organisé par La Tribune, dans la catégorie International. Ici au Grand Rex de Paris, le 6 avril 2023, pour la remise des prix. (Crédits : Georges Vignal)

En finir avec les années d'errance médicale autour de la douloureuse endométriose, voilà le challenge que le fondateur de Ziwig, Yahya El Mir, souhaitait relever. En trois ans et sous l'expertise des algorithmes, ses équipes ont conçu le premier test diagnostiquant simplement et sûrement cette maladie féminine. Leur Endotest, déjà disponible dans plusieurs pays du monde, est en cours d'évaluation par la Haute autorité de santé (HAS) et pourrait arriver sur le marché français avant la fin de l'année.

Maladie inflammatoire au fonctionnement proche du cancer, l'endométriose gâche la vie de 200 millions de femmes dans le monde. En plus de conduire des femmes à la stérilité, cette maladie chronique entraîne une prolifération de cellules spécifiques à l'utérus dans d'autres parties du corps où elles n'ont rien à faire, et cause des douleurs à certaines périodes du cycle menstruel.

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1,5 à 2 millions de femmes touchées en France

En France, l'endométriose toucherait 1,5 à 2 millions de femmes. Mais beaucoup d'entre elles en sont atteintes sans le savoir. C'est ce paradoxe qui a décidé Yahya El Mir à travailler sur cette pathologie. « Nous cherchions à répondre à un problème de santé féminin. L'endométriose commençait alors à être bien identifiée grâce au travail des associations de patientes. Mais la maladie nécessitait des IRM et parfois de la chirurgie pour être diagnostiquée, ce qui entraîne des années d'errance médicale. Cette absence de solution simple me semblait inconcevable dans un pays développé. »

Pendant des années, Yahya El Mir a développé l'informatique de haut niveau dans le groupe SQLI dont il était devenu PDG. En le quittant, l'ingénieur était devenu un expert des algorithmes complexes et avait pris goût à diriger des équipes. Il souhaitait mobiliser son expertise pour régler des problèmes de santé ou d'éducation sans solution. Après la création de Ziwig en 2019, le diagnostic de l'endométriose était devenu à ses yeux un excellent challenge.

Après des premiers essais infructueux autour de questionnaires, la recherche de biomarqueurs est apparue comme la bonne voie. Le diagnostic par biomarqueurs consiste à identifier des marqueurs biologiques fiables indiquant la présence de la maladie. Grâce à son équipe pluridisciplinaire, Ziwig bénéficiait d'une large palette de compétences scientifiques. Un avantage qui a mis la startup sur la piste de marqueurs encore négligés : les micro-ARN.

Faire parler les micro-ARN contenus dans la salive

Les micros-ARN sont des petites molécules produites par les cellules pour réguler l'expression des gènes, ils portent les traces de l'activité cellulaire. Pour apprendre à les décoder, Ziwig s'est lancée dans le séquençage d'un maximum de ces marqueurs. « Cette technologie qui exploite l'identification de micro-ARN salivaires pour diagnostiquer une maladie est une véritable innovation de rupture, souligne Yahya El Mir. Seules deux biotechs la maîtrisent actuellement : Ziwig et l'Américain Viome qui travaille au diagnostic de cancers. »

Pour garantir la fiabilité du diagnostic, l'équipe a passé des millions de micros-ARN à la moulinette du big data. Un travail de titan par séquençage à haut débit, mené avec quinze centres hospitaliers français spécialistes de l'endométriose. Pour donner sens aux « biodatas », l'entreprise a développé des algorithmes maison nourris à l'intelligence artificielle et, au bout de deux ans, elle avait identifié une centaine de micros-ARN présents chez les patientes atteintes d'endométriose. Un peu plus de 100 biomarqueurs ont permis une précision diagnostique de 98 %, selon l'entreprise, bien plus que les méthodes utilisées jusque-là.

L'Endotest déjà commercialisé dans 13 pays

Autre bonne idée de Ziwig : proposer un test simple à effectuer chez soi, après des années d'errance médicale pour les patientes. L'entreprise a choisi un test salivaire, les micro-ARN étant aussi présents dans la salive que dans le sang. L'échantillon de salive recueilli grâce au kit n'a plus qu'à être envoyé au labo de Ziwig par La Poste.

Aujourd'hui, l'Endotest est en cours de commercialisation dans 13 pays dont la Suisse, l'Allemagne, l'Angleterre, l'Italie et les pays nordiques, ainsi que certains États du Moyen Orient comme les Émirats Arabes Unis. En France, l'entreprise a choisi une mise sur le marché dans le cadre d'un dispositif remboursé. Elle boucle actuellement les négociations pour une arrivée dans les pharmacies avant la fin de l'année, à un prix aux alentours de 800 €.

Fort de cette réussite, Ziwig compte bien poursuivre sur la piste des micros-ARN : « Nous travaillons aujourd'hui à l'identification d'autres maladies féminines pour diagnostiquer notamment le cancer des ovaires ».

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« Tech for Future » est le grand événement tech de La Tribune, piloté par les rédactions de La Tribune et soutenu par des partenaires officiels tels que la Mission French Tech, Bpifrance, Business France, BNP Paribas, Dalkia et Deloitte, ainsi qu'une centaine d'acteurs de la tech. Il se compose d'une tournée en janvier et février dans tous les territoires (11 étapes dont 8 en métropole et 3 en Outre-Mer), pour repérer les innovations qui changent le monde dans tous les domaines, et des débats à chaque étape sur le rôle économique, sociétal et géopolitique de la tech pour la France et l'Europe.

Au terme de cette tournée, 51 startups de tous les territoires ont été primées. Parmi elles, La Tribune a révélé au Grand Rex de Paris, le 6 avril, les 10 grands gagnants 2023. Après sa victoire lors de la sélection dans la région Aura, Ziwig est le grand gagnant national du prix « International ».

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