Le Charles-de-Gaulle lance ses premières frappes en Syrie

Par latribune.fr  |   |  774  mots
L'armée française va disposer dans la région des 26 chasseurs embarqués sur le porte-avions - 18 Rafale et huit Super Etendard - en plus des 12 appareils stationnés aux Emirats arabes unis (six Rafale) et en Jordanie (six Mirage 2000).
Le porte-avions français Charles-de-Gaulle, déployé en Méditerranée orientale, a engagé lundi ses chasseurs contre le groupe Etat islamique (EI) en Syrie. Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, avait annoncé ces frappes aériennes dimanche.

Le gouvernement français avait prévenu. Avec l'arrivée du porte-avions Charles-de-Gaulle en Méditerranée, la France se dote d'une nouvelle force de frappe aérienne qu'elle mettrait en oeuvre dès lundi 23 novembre pour frapper les positions de l'Etat islamique en Syrie. C'est chose faite. Le Charles-de-Gaulle a lancé ses premières frappes en territoire syrien.

L'arrivée du porte-avion permet à la France d'amplifier et compléter l'action de sa flotte aérienne basée aux Emirats Arabes Unis et en Jordanie. Celle-ci est triplée puisqu'elle passe de 12 chasseurs à 38 appareils.

Six avions ont mené le raid

Mené par six avions de chasse, le raid a détruit un site actif occupé par des combattants terroristes à Raqqah, a annoncé le ministère de la Défense dans un communiqué publié en début de soirée. A partir de la Base aérienne projetée (BAP) en Jordanie, deux Mirage 2000 de l'armée de l'air ont été engagés dans la mission. Simultanément depuis le porte-avions Charles-de-Gaulle, les quatre Rafale de la marine nationale les ont rejoints au-dessus de la Syrie pour mener un raid contre un site préalablement identifié situé à Raqqah.

Les équipages ont frappé "plusieurs infrastructures dont un centre de commandement, une zone de stockage de véhicules et des ateliers de maintenance", a précisé le ministère. "Les cibles visées ont été détruites", a assuré le communiqué

Riposte après les attentats de Paris

La France a décidé d'intensifier ses frappes contre Daech après les attentats qui ont ensanglanté Paris le soir du 13 novembre et qui ont tué 130 personnes et blessé 350 autres.

Le but : "anéantir l'Etat islamique totalement". Mossoul, lieu de décision politique de Daech, et Raqqah doivent être "frappées" tout comme l'ensemble des lieux "de décisions et d'entrainement" ainsi que les ressources pétrolières du groupe terroriste. Il faut "frapper Daech globalement", a martelé Jean-Yves Le Drian sur Europe 1 dimanche.

"C'est la première fois que nous sommes confrontés à une ennemi à deux têtes. L'Etat islamique, c'est d'abord cet Etat apocalyptique, terroriste, en construction, avec une armée, qui perçoit un impôt, une administration, qui veut étendre son territoire. Et il y a d'autre part un mouvement terroriste international, émanation de l'Etat islamique, et qui veut frapper le monde occidental. Il y a deux dimensions et donc deux guerres différentes dans une seule guerre. Il y a la guerre de l'ombre. Il faut traquer les terroristes. Et en même temps, il faut frapper au cœur, dans le champs de bataille, au Levant, pour anéantir cet Etat. C'est une guerre hybride mondiale".

Jean-Yves le Drian le rappelle, d'ailleurs :

"Ce n'est pas uniquement la France qui est visée. Il y a eu des attentats en Egypte, en Tunisie, en Russie, en Arabie, avec pour origine Daech."

"Parler avec les services de renseignements de la Syrie n'est pas à l'ordre du jour", assure le ministre. "La position des Russes a bougé. On ne l'a pas totalement mise en valeur. Ils ont été violemment frappés par Daech. En outre, les Russes s'aperçoivent qu'il y a beaucoup de russophones parmi les terroristes. Enfin, ils se sont rendus compte que l'armée de Bachar Al-Assad est devenue très faible et moins en mesure de protéger leurs intérêts, le port de Tartous notamment. Désormais, la Russie frappe de manière très significative les positions de Daech", détaille Jean-Yves Le Drian.

"Une victoire passe par une présence au sol"

Comment va désormais s'organiser l'action française ? "Il faut du temps, des frappes, et des troupes au sol. Une victoire passe nécessairement par une présence au sol. Cela peut être les Kurdes, l'armée syrienne libre", détaille le ministre. Et des Français ? "On a pas envisagé cette hypothèse pour l'instant", indique le ministre.

L'armée française va disposer dans la région des 26 chasseurs embarqués sur le porte-avions - 18 Rafale et huit Super Etendard - en plus des 12 appareils stationnés aux Emirats arabes unis (six Rafale) et en Jordanie (six Mirage 2000).

Jean-Yves Le Drian s'est félicité "des modifications très sensibles des règles d'engagement, en particulier de l'armée de l'Air américaine" contre les "champs pétrolifères et les pôles d'approvisionnement pétrolier en Irak et en Syrie". "Aujourd'hui la multiplication des actions va considérablement limiter cette capacité", a-t-il souligné, alors que les avions de chasse américains ont commencé à bombarder des camions-citernes transportant du pétrole dans les fiefs de l'EI.