Le possible retour du pass sanitaire aux frontières retoqué par des députés déchaînés

Par latribune.fr  |   |  556  mots
(Crédits : Reuters)
Les députés du RN et de la France Insoumise, soutenus par des parlementaires LR, communistes et écolos, auront réussi cette nuit à peser de tout leur poids pour retoquer l'article clé de la loi sanitaire sur la pandémie qui permettait un possible retour un pass sanitaire pour voyages « extra-hexagonaux ».

On s'en doutait, on peut maintenant en être certains : gouverner avec une majorité relative à l'Assemblée nationale va se révéler un véritable chemin de croix pour le parti présidentiel. Si, la nuit dernière, les parlementaires ont donné un premier feu vert à un projet de loi sanitaire sur la pandémie, et donc à la fin du pass sanitaire et vaccinal dans la vie quotidienne des Français, le voilà amputé d'un article clé sur le possible retour d'un contrôle aux frontières pour les voyages « extra-hexagonaux ».

Cet article 2 a été rejeté par 219 voix contre 195, grâce à une conjonction de votes du RN, de LR et d'une majorité de l'alliance de gauche Nupes (LFI, communistes et écolos). Dès lors, le projet de loi est désormais réduit pour l'essentiel à son article 1, qui permet, en raison d'une situation épidémique toujours fragile, de continuer à collecter des données de santé sur les tests de dépistage (dispositif SI-DEP). Les deux articles restants, sur les modalités d'un suivi parlementaire, ont été fusionnés en un seul.

Le ministre de la Santé ne renonce pas à convaincre les parlementaires

Rémy Rebeyrotte (Renaissance, Ex-LREM), a déploré une « ambiance de match de football » dans l'hémicycle, alors que la France vient de passer la barre des 150.000 morts du Covid. Soucieux de ménager une partie des oppositions, le gouvernement et sa majorité avaient pourtant fait droit à quelques inflexions réclamées sur les bancs LR et socialistes concernant les outremers. Le travail préalable en commission avait également vu le gouvernement se rallier à une échéance au 31 janvier pour les mesures du projet de loi, au lieu du 31 mars prévu dans la version originelle.

Sur RTL, ce mercredi matin, le ministre de la Santé, François Braun, a affirmé préparer le match retour : « Je vais continuer à me battre, dès aujourd'hui, au Sénat. Je n'ai pas forcément entendu que des arguments sanitaires lors des débats à l'Assemblée nationale. Ce retour du pass sanitaire aux frontières a pour objectif de se prémunir d'un variant dangereux. Je n'ai qu'une seule boussole : protéger la santé des Français. »

« Le virus fait une percée, nous devons le repousser » (OMS)

Nos députés s'écharpent, le virus s'en moque. Pour le directeur de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, la pandémie est en effet « loin d'être finie ». Pour le responsable, nous sommes encore en guerre :

« Alors que le virus fait une percée, nous devons le repousser. Les gouvernements doivent déployer des mesures testées et éprouvées comme le port du masque, une ventilation améliorée et des protocoles de dépistage et de traitement.»

Au 11 juillet, l'OMS recensait plus de 552,5 millions de cas confirmés de Covid-19 dans le monde, dont 232,3 millions en Europe, pour plus de 6,3 millions de morts depuis le début de la pandémie. Selon Our World in Data, à la même date, 61,3% de la population mondiale présente un schéma vaccinal complet, alors que 66,8% a reçu au moins une dose de vaccin. L'agence onusienne a ainsi annoncé le maintien de la pandémie de Covid-19 au rang « d'urgence de santé publique de portée internationale », le plus haut degré d'alerte de l'organisation.