Les créations d'entreprises continuent de progresser, un chiffre à prendre avec des pincettes

Par latribune.fr  |   |  812  mots
Le mois précédent, 86.665 entreprises avaient vu le jour. (Crédits : DR)
Après avoir augmenté de 2% en février, le nombre d'entreprises créées en France progresse de 1,2% en mars, selon les données dévoilées ce mardi par l'Insee. Au total, 87.405 entreprises ont ainsi vu le jour le mois dernier. L'institut statistique appelle toutefois à la prudence quant à l'interprétation de ces chiffres encourageants de prime abord.

Une bonne nouvelle à nuancer ? En mars 2023, le nombre d'entreprises créées a augmenté de 1,2%, à 87.405. Le mois précédent, 86.665 avaient vu le jour. Pour le deuxième mois d'affilée, les créations d'entreprises poursuivent ainsi leur bonne dynamique.

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 « Cette hausse est due au rebond des créations d'entreprises classiques (+3,3 % après ‑0,1 %), détaille l'Insee dans sa note publiée ce mardi 25 avril. Les immatriculations de micro-entrepreneurs sont stables après une hausse de 3,3 % en février ».

Les micro-entreprises ont même représenté 63,1% des entreprises créées sur le premier trimestre 2023, contre 60,6% (+2,5%) entre avril 2021 et mars 2022 et 61,4% (+1,7%) entre avril 2022 et mars 2023.

Créations en baisse dans les transports

Les chiffres pour le mois de mars sont plus nuancés en fonction des secteurs. On remarque une hausse des créations d'entreprises en particulier dans les secteurs de soutien aux entreprises (+2,6%, après +2,4%) et de l'industrie (+8,5% après +18,5%), rapporte l'Institut national de la statistique.

En revanche, elles baissent de nouveau dans les transports et l'entreposage (-6,2% après -2,8% en février) - qui avaient bénéficié d'une dynamique positive pendant la crise sanitaire - et se replient aussi dans l'information et la communication (-4,2% après +3,8% en février).

De manière générale, si les créations d'entreprises sont en hausse par rapport aux mois précédents, on observe une baisse, tous secteurs confondus (-0,4%), lorsque l'on compare avec le premier trimestre de l'année dernière, notamment en raison des secteurs de l'enseignement, de la santé et de l'action sociale, où l'Insee recense 4.000 créations en moins, soit une contribution de -1,4 point. Ces secteurs connaissent d'ailleurs une hausse au mois de mars par rapport à celui de février (+2,9% après -3,9%).

Des données à interpréter avec prudence

D'autant que l'Insee souligne que ces données publiées doivent « être interprétées avec une grande prudence ». Cette instabilité s'explique par la mise en place au 1er janvier 2023 d'un guichet unique des formalités d'entreprises (création, cessation d'activité, modification des statuts).

« Ce changement important fragilise temporairement le suivi mensuel des créations d'entreprises », explique l'Institut national de la statistique et des études économiques dans le communiqué publié ce mardi.

Le guichet unique sous le feu des critiques

Lancé le 1er janvier, le guichet unique des formalités des entreprises est venu remplacer six réseaux de centres de formalités des entreprises (CFE) qui traitaient les quatre millions de démarches annuelles, aux côtés du site Infogreffe des greffiers des tribunaux de commerce. La nouvelle plateforme internet, gérée par l'Institut national de la propriété industrielle (INPI), constitue désormais la seule porte d'entrée pour enregistrer la création d'une entreprise, modifier ses statuts ou déclarer une cessation d'activité. Son avènement n'avait, toutefois, pas manqué de susciter l'inquiétude des représentants des entrepreneurs et des professionnels qui les aident à accomplir leurs formalités, dont les experts-comptables et les notaires.

D'autant que, dès sa création, le dispositif a enchaîné les déconvenues : cyberattaque le 3 janvier, dysfonctionnements majeurs qui empêchent de réaliser les démarches vitales pour les entreprises... Un « guichet unique, créé à la va-vite, mais qui ne fonctionne pas et donc met en danger les entreprises », avait déploré auprès de La Tribune le député Philippe Latombe (Modem) fin janvier.

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Par la suite, le gouvernement a admis des difficultés pour certaines formalités, particulièrement les modifications et cessations, effectuées sur ce guichet censé simplifier les démarches administratives.

« Depuis le 1er janvier, nous travaillons constamment à rendre le guichet unique totalement opérationnel pour les formalités d'entreprise », avait déclaré la ministre déléguée aux PME, Olivia Grégoire, lors de la séance de questions au gouvernement au Sénat, le 22 mars dernier.

Des mesures temporaires

Le déploiement « se poursuit », avait-elle indiqué, précisant que « plus de 470.000 formalités (créations et modifications) » avaient été enregistrées depuis le lancement du guichet. Les formalités de cessation ont été basculées sur le guichet, avait-elle ajouté, « ce qui nous rapproche et garantit l'objectif de parvenir à un outil unique d'ici à la fin juin ».

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Pour pallier ces ratés, le gouvernement avait annoncé en février la mise en place de mesures temporaires, dont la réouverture jusqu'au 30 juin du site Infogreffe des tribunaux du commerce. La voie papier, utilisée pour la majorité des démarches avant le guichet unique, avait aussi été temporairement autorisée pour certaines formalités.

(Avec AFP)