Les "gilets jaunes" ne relâchent pas la pression

Par latribune.fr  |   |  754  mots
Alors que plusieurs récents sondages créditent Emmanuel Macron d'une hausse de popularité, les rangs des "gilets jaunes" sont gagnés par de nouvelles querelles internes, après la rupture entre leurs deux figures du mouvement, Éric Drouet et Priscillia Ludosky. (Crédits : Benoit Tessier)
Les "gilets jaunes", divisés sur l'opportunité de présenter une liste aux européennes, ont commencé à se mobiliser de nouveau samedi, avec une ténacité affichée face à un exécutif qui regagne en popularité, dix jours après l'ouverture du grand débat national censé résoudre cette crise sociale inédite.

Ils battent à nouveau le pavé. Les "gilets jaunes", divisés sur l'opportunité de présenter une liste aux européennes, ont commencé à se mobiliser de nouveau samedi, avec une ténacité affichée face à un exécutif qui regagne en popularité, dix jours après l'ouverture du grand débat national censé résoudre cette crise sociale inédite. Rester visibles et audibles dans la rue, c'est le défi des "gilets jaunes", alors que le gouvernement tente depuis dix jours de canaliser les colères dans les réunions de débat-citoyen, dont plus de 1.500 étaient référencées vendredi sur le site granddebat.fr.

Avec 84.000 manifestants recensés par les autorités lors des deux derniers samedis, la contestation a semblé trouver un second souffle après la trêve de Noël et du Nouvel an. Pour entretenir la flamme, cet acte 11 des "gilets jaunes" mise sur de nouvelles stratégies. À Paris, les manifestants seront dispersés entre quatre défilés déclarés en préfecture, dont trois rejoindront Bastille, depuis les Champs-Élysées, la place de la Nation et l'Hôtel de ville d'Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne).

Samedi matin, quelque 150 "gilets jaunes" étaient rassemblés sur les Champs-Élysées. Bechir Mahroug, 42 ans, électricien à Paris, est revenu pour la 11e fois consécutive parce que "rien n'a bougé". "On veut l'augmentation du Smic et on n'arrêtera pas tant qu'on ne l'aura pas obtenu", assure-t-il. Lui dit vivre "bien", mais "manifeste pour les retraites, les enseignants...". "On va revenir tous les week-ends", car les listes pour les européennes sont une "diversion", selon lui.

Des divisions

Alors que plusieurs récents sondages créditent Emmanuel Macron d'une hausse de popularité, les rangs des "gilets jaunes" sont gagnés par de nouvelles querelles internes, après la rupture entre leurs deux figures du mouvement, Éric Drouet et Priscillia Ludosky. Ainsi, l'annonce mercredi de la création par les "gilets jaunes" Ingrid Levavasseur et Hayk Shahinyan d'une liste "Rassemblement d'initiative citoyenne" aux européennes de mai, a semé la division.

Sur les Champs-Élysées, Marc, un retraité de 64 ans qui travaillait dans la climatisation, avait participé aux neuf premiers samedis de mobilisation, mais pas celui de la semaine dernière. S'il est revenu de Garges-lès-Gonesse (Val-d'Oise) samedi, c'est parce que la politisation du mouvement lui "fait peur". "On se disperse, on aurait du rester groupés". "Mais du moment qu'on vient ici et qu'on leur fait peur à notre tour, ça va aller", se rassure-t-il.

Les "gilets jaunes" sont ensuite appelés à participer de 17h à 22h à une "nuit jaune", elle aussi déclarée, sur la place de la République, là où s'étaient déroulés les rassemblements citoyens de Nuit debout en 2016. "Il faut garder les manifestations déclarées, pour les personnes fragiles qui ont besoin d'être en sécurité et avoir autre chose à côté", a expliqué Éric Drouet, qui a relayé cette idée.

Des marches nocturnes

Plusieurs marches nocturnes, dont l'une s'est déroulée à Dunkerque (Nord) vendredi, sont prévues en province, comme à Montpellier ou Oloron-Sainte-Marie (Pyrénées-Atlantiques). D'ambitieux projets de chaînes humaines ont également fleuri sur Facebook. Le collectif "La France en colère" de Priscillia Ludosky, lui, organise également une "marche solidaire aux gilets jaunes des Territoires éloignés" samedi après-midi, entre le ministère des Outre-mer et le siège parisien de Facebook.

Au lendemain de l'acte 11, les "foulards rouges" défileront dimanche à Paris lors d'une "marche républicaine des libertés" pour faire entendre "la majorité silencieuse" et défendre "la démocratie et les institutions". À l'ultragauche, un appel a été lancé pour recréer un "black bloc" et un "cortège de tête", point de rendez-vous des militants anticapitalistes, antifascistes, autonomes et anarchistes lors des manifestations contre la Loi travail. À Bordeaux et Toulouse, places fortes de la mobilisation, les autorités redoutent des débordements après les spectaculaires violences ces dernières semaines.

Pour la première fois samedi, les forces de l'ordre dotées du controversé lanceur de balles de défense (LBD), seront équipées de caméras-piétons, a décidé le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, promettant plus de "transparence" dans l'usage de cette arme non-létale accusée d'avoir éborgné plusieurs manifestants. Le tribunal administratif de Paris, saisi par la CGT et la Ligue des droits de l'homme (LDH), a invoqué vendredi cette expérimentation pour refuser de suspendre l'usage du LBD.

(avec AFP)