Les ménages les plus modestes paient en moyenne plus cher pour se loger ou conduire

Par latribune.fr  |   |  593  mots
Les ménages les plus modestes disposent de plus petites surfaces pour se loger, dont le prix au mètre carré est plus cher. Ce surcoût de 13% en moyenne est néanmoins compensé dans la plupart des cas par des aides. (Crédits : DADO RUVIC)
Logement, transport, électroménager... Pour un service identique, les ménages les plus modestes dépensent souvent plus par rapport à ceux de classe moyenne, un effet parfois corrigé par des aides sociales, mais insuffisamment, selon les associations, pour lesquelles encore plus de personnes risquent de ne pas se chauffer, ou mal, cet hiver.

L'hiver s'annonce difficile pour certains ménages. Et ce, d'autant plus que ceux en situation de pauvreté se retrouvent à acheter certains biens à des conditions moins favorables que ceux plus aisés. C'est ce que révèle une étude d'Action Tank Entreprise et Pauvreté, commandée par La Banque Postale. « Ce phénomène insidieux touche beaucoup de catégories de dépenses », commente Jacques Berger, directeur de l'association. En matière de logement par exemple, les ménages les plus modestes disposent de plus petites surfaces, dont le prix au mètre carré est plus cher. Ce surcoût de 13% en moyenne est néanmoins compensé dans la plupart des cas par les aides au logement.

Les ménages modestes dépensent en moyenne 28% supplémentaire pour laver du linge

Pour le transport, les foyers précaires utilisent des voitures plus anciennes, qui consomment plus de carburant, ce qui alourdit ce poste de dépense de 17% en moyenne.

De même, en ce qui concerne l'électroménager, les ménages modestes dépensent en moyenne 28% supplémentaire pour laver du linge, de fait d'équipements moins performants ou de l'utilisation d'une laverie.

Au total, un ménage modeste aux dépenses moyennes subit un surcoût annuel d'environ 1.500 euros, qui peut être réduit à 100 euros grâce aux aides sociales, selon les calculs de cette étude. Mais, « le phénomène est significatif et peut représenter plusieurs milliers d'euros » parfois, selon le profil du ménage.

La Fondation Abbé Pierre demande une « très forte hausse » du chèque énergie

Ce qui ne rassurera pas Samuel Coppens, porte-parole de l'Armée du Salut, qui explique nourrir de « vraies craintes » avant l'arrivée de l'hiver : « Les gens rognent déjà de tous les côtés et il va y avoir en plus la question du chauffage » qui va peser sur les budgets, souligne-t-il auprès de l'AFP. « Nous essayons de nous mettre en ordre de bataille pour être en capacité d'accueillir un plus grand nombre de personnes » cet hiver.

Le gouvernement a mis en place cette année un « bouclier tarifaire » qui limite à 4% la hausse des prix de l'électricité, mais, selon les associations, la mesure est insuffisante pour les foyers aux budgets serrés. La hausse des prix pour les seuls produits alimentaires, à laquelle les ménages les plus modestes consacrent une part plus importante de leurs revenus, s'est accélérée sur un an : elle était de 7,9% en août, elle est passée à 9,9% en septembre. Dans ce contexte, « encore plus de personnes risquent de mal ou de ne pas se chauffer », déclare auprès de l'AFP Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre, qui demande une « très forte hausse » du chèque énergie. Le « bouclier tarifaire » sera moins protecteur l'an prochain, puisqu'il prévoit de limiter l'augmentation des tarifs de l'électricité et du gaz à 15%.

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Jean Stellittano, secrétaire national du Secours populaire, anticipe « des régularisations très importantes sur les factures ». « Cela va entraîner une onde de choc, il faut s'y préparer ». L'association constate une hausse de la fréquentation de ses points d'accueil : +15% dans les Alpes-Maritimes en août par rapport à l'été 2021, +14% en Haute-Garonne, +6% dans le Rhône. « Ce sont surtout des familles, des travailleurs pauvres. Et parfois des personnes qui avaient quitté nos dispositifs et sont contraintes de revenir. »

(Avec AFP)