Les réussites de la France dans la lutte contre le cancer

Par Jean-Yves Paillé  |   |  674  mots
En France, près de 12.000 femmes meurent chaque année d'un cancer du sein, selon l'institut national du cancer.
Taux de mortalité en baisse, nouvelle approche des soins... A l'occasion de la semaine nationale, qui se déroule du 16 au 22 mars, retour sur les principales performances de la France dans la lutte contre le cancer ces dernières années.

Le cancer a tué près de 150.000 personnes en 2015 dans l'Hexagone et a vu l'arrivée de 385.000 nouveaux cas cette année-là, selon l'Institut national du cancer (Inca). Et cette maladie chronique coûte 17 milliards d'euros par an à l'économie française, d'après une étude publiée dans la revue The Lancet Oncology en 2013. Mais en dépit de ces chiffres accablants, la France peut se targuer de bonnes performances dans sa lutte contre la maladie.

Réduction du taux de mortalité chaque année

« La France est le deuxième pays européen après la Suède pour la qualité des soins en cancérologie », assure à La Tribune, Henri Pujol, cancérologue, ancien président de la Ligue contre le cancer et conseiller pour Jacques Chirac lors du lancement du premier plan cancer (2003-2007). Une performance qui se retrouve dans la progression du nombre de guérisons. Si elle « dépassait à peine la barre des 50% à l'an 2000 », elle atteint désormais « les 60% en moyenne, avec près de 57% de guérisons chez l'homme, et 63% chez la femme », souligne-t-il. L'Inca explique d'ailleurs que la mortalité a baissé de 1,5% par an pour les hommes et de 1% pour les femmes chaque année, entre 1980 et 2012. Et la chute du nombre de décès s'est même accélérée entre 2005 et 2012 (-2,9% par an pour les hommes, et -1,4% pour les femmes).

Fortes performances dans le cancer du sein et chez les enfants

Ce taux de survie en progression continuelle est porté par les résultats contre le cancer du sein, entre autres. Il affiche l'un des meilleurs taux de guérisons européens, juge l'ancien président de la Ligue contre le cancer. Ce dernier estime que le taux de vécu sans récidive dans les 5 ans a atteint les 91% contre de 87% 6 an plus tôt. « Cela est dû au double effet de l'amélioration des traitements et de précocité des cas induits par le dépistage de plus en plus performant dans ce domaine », explique Henri Pujol.

Du côté des enfants, les taux de guérison sont également très élevés en France. L'Inca note que « la survie à 5 ans des enfants et adolescents atteints de cancers s'est améliorée de manière très significative ces dernières décennies et dépasse aujourd'hui les 80 % ». « Un enfant sur 5 était guéri quand j'ai commencé la cancérologie (dans les années 1970, NDLR)», souligne Henri Pujol.

A noter toutefois que la mortalité n'est pas en recul dans tous les types de cancers. C'est le cas notamment de celui de l'utérus. D'après le rapport de l'Institut national du cancer remis en février au Président de la République, le taux de survie à 5 ans était de 64% en dans les années 2000. Mais il grimpait à 68% à la fin des années 1980. La faute à un taux de dépistage insuffisant car les population les moins aisées y ont peu accès, note l'Inca.

Une organisation des soins modèle ?

« Grâce aux réseaux de cancérologie, les thésaurus des traitements adoptés par ces réseaux avec les concertations pluridisciplinaire devenu obligatoire, on a donné un modèle d'organisation remarquable en Europe », souligne Henri Pujol. Actuellement 90% des personnes traitées en France bénéficient d'une réunion concertation pluridisciplinaire structurée et écrite, estime-t-il. Une procédure qui permet de proposer des traitements mieux ciblés. Ainsi, la chimiothérapie pré-opératoire a gagné du terrain grâce à ces évolutions, explique l'ancien conseiller de Jacques Chirac.

Autre amélioration spécifiquement française, selon Henri Pujol : une orientation donnée par la lutte contre les cancers de l'enfant dans la façon de traiter les cancers. « Plus on guérit, plus on a besoin de limiter séquelles consécutives à guérison. On voit apparaître des recherches de désescalade thérapeutique pour qu'on obtienne les même taux de guérisons voire des taux supérieurs avec des séquelles amoindries. »