Malgré le bonus réparation, faire remettre en marche son lave-linge a coûté plus cher en 2023

Par latribune.fr  |   |  803  mots
Le téléphone portable, le lave-linge et le lave-vaisselle sont les équipements pour lesquels les consommateurs ont le plus utilisé le dispositif. (Crédits : DR)
La mise en place d'aides destinées à inciter les consommateurs à faire réparer leurs appareils électriques n'a pas empêché l'augmentation des prix en 2023, de 10 à 15% depuis un an, selon l'association de défense des consommateurs CLCV.

Faire réparer son lave-linge a coûté plus cher en 2023. Et pourtant, le gouvernement a mis en place en décembre 2022 le « bonus réparation ». En prenant en charge une partie du coût des travaux, ce dispositif doit inciter les consommateurs à réparer plutôt que de racheter.

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Selon l'association de défense des consommateurs CLCV, qui a analysé les quelque 160.000 réparations de télévisions, lave-vaisselle et autres réfrigérateurs réalisées en 2023 avec son soutien, « des augmentations de tarifs sont à noter », avec « une tendance à la hausse du coût moyen de la réparation ».

Entre janvier et novembre 2023, l'addition moyenne pour faire réparer les lave-linge, fours encastrables ou cuisinières a augmenté de 12%. La hausse a été de 14% pour les téléviseurs. Pour les téléphones portables, c'est +18%. La facture moyenne a en revanche reculé de 4% pour les ordinateurs portables. Plusieurs facteurs se conjuguent : l'effet d'aubaine, mais aussi l'augmentation des coûts due à l'inflation, la complexité de certaines réparations, souligne le rapport, qui recommande aux clients de faire jouer la concurrence.

« Une surveillance constante des tarifs est essentielle pour garantir l'efficacité à long terme du fonds réparation », ajoute CLCV à l'adresse des pouvoirs publics.

Un bilan en deçà des objectifs

Au total, près de 165.000 réparations d'appareils électriques et électroniques ont bénéficié en 2023 du bonus, représentant 4 millions d'euros. Le téléphone portable, le lave-linge et le lave-vaisselle sont les équipements pour lesquels les consommateurs ont le plus utilisé le dispositif. Les chiffres constatés sont cependant bien en deçà des 500.000 réparations annuelles totales attendues par Ecosystem et Ecologic, les deux éco-organismes chargés de gérer la fin de vie de ces produits.

Selon Nathalie Yserd, directrice générale d'Ecosystem, « une large campagne de communication à l'égard du grand public, maintenant que le réseau de réparateurs est assez dense, devrait y remédier ».

Reste que la croissance du nombre de réparateurs labellisés « QualiRépar » reste « en dessous des attentes initiales », estime CLCV. Cette dernière évoque notamment les contraintes et coûts administratifs du processus, notamment pour les petites entreprises. Ecosystem et Ecologic ont prévu de diminuer le coût de labellisation de 447 à 200 euros pour trois ans. Le bonus réparation a en effet connu un démarrage heurté, avec une labellisation progressive des réparateurs, aujourd'hui au nombre de 4.700. Ils sont encore inégalement répartis sur le territoire (le Nord, Paris et les Bouches-du-Rhône étant les moins bien servis par nombre d'habitants). La liste des produits éligibles a été progressivement élargie, de 14 à l'ouverture du fonds fin 2022 à 75 aujourd'hui.

Un montant accru de 5 euros pour 21 produits

Depuis le 1er janvier, son montant a été accru de 5 euros pour 21 produits comme les plaques de cuisson, les hottes, les cuisinières, les grille-pain et les fers à repasser. Il a même doublé pour 5 autres parmi les plus fréquemment réparés (téléviseurs, aspirateurs, lave-linge, lave-vaisselle, sèche-linge). Désormais ce soutien va de 15 à 60 euros, selon les appareils, financé par « l'éco-contribution » incluse dans le prix des appareils neufs.

Le secteur des équipements électriques et électroniques produit annuellement quelque 1,8 million de tonnes de déchets, selon une étude du conseil Sofies. Pour l'association Zero Waste, ce bonus reste encore trop faible et ne permet pas d'atteindre « le seuil psychologique », déterminé par l'Ademe, selon laquelle il faudrait que la réparation coûte moins de 33% du montant du produit neuf pour convaincre le consommateur.

L'Europe s'empare du sujet

De leur côté, le Parlement européen et les Etats membres de l'UE ont annoncé début décembre un accord pour interdire la destruction des vêtements neufs invendus et renforcer l'écoconception de nombreux biens de consommation. Objectif, faire en sorte qu'ils soient plus faciles à réparer et à recycler. La nouvelle législation, proposée par la Commission européenne en mars 2022, fixe de nouvelles exigences dans la conception des produits pour limiter leur impact sur l'environnement, les rendre plus fiables, réutilisables et réparables, mais aussi plus faciles à recycler et plus efficaces en matière de ressources consommées.

« Il est temps de mettre fin au modèle "extraire, fabriquer, jeter" qui est si nocif pour notre planète, notre santé et notre économie, » a commenté l'eurodéputée sociale-démocrate Alessandra Moretti, rapporteure du texte.

« Les nouveaux produits seront conçus d'une manière qui profite à tous, respecte notre planète et protège l'environnement » a-t-elle affirmé.

Le texte, négocié depuis plusieurs mois par les co-législateurs de l'UE, devra encore être formellement approuvé par les eurodéputés en session plénière et par les Etats membres.

(Avec AFP)