Pour Valls, Hollande est le "candidat naturel" de la gauche pour 2017

Par latribune.fr  |   |  654  mots
Invité d'"On est pas couché" samedi soir, Manuel Valls s'est employé à défendre l'extension critiquée de la déchéance de nationalité pour les binationaux auteurs de crimes terroristes. Il a écarté l'idée d'une primaire à gauche, jugeant que le président sortant sera le "candidat naturel" s'il se présente.

Pour la première participation d'un Premier ministre en exercice au talk-show de Laurent Ruquier sur France 2, le chef du gouvernement a bataillé pendant près d'une heure et demie depuis son fauteuil blanc pour défendre la mesure, mais aussi son discours rejetant toute "explication" aux tueries du 13 novembre ou encore la politique économique menée malgré le chômage massif.

"Je crois que c'est très important de marquer quelque chose de définitif envers ces Français qui s'attaquent à ce que nous sommes en leur disant "vous ne faites plus partie de la Nation" ", a déclaré l'ancien ministre de l'Intérieur, qui a rappelé être naturalisé français.

Mis sur le grill sur cette question par la journaliste Léa Salamé, Manuel Valls a martelé qu'"il ne s'agi(ssai)t pas de cibler les binationaux", mais "des hommes et des femmes qui tuent".

Face à l'académicien Jean d'Ormesson qui l'a accusé -avec courtoisie- d'"enfumage" avec la déchéance et évoqué une "droitisation", Manuel Valls a démenti et insisté sur l'importance du symbole et le "nouveau patriotisme" post-attentats.

Il a aussi jugé que sa ministre de la Justice Christiane Taubira s'était "trompée" en jugeant que la déchéance de nationalité contrevenait au droit du sol. Quant à des évolutions de l'écriture de l'article 2 de la révision constitutionnelle d'ici au Congrès, alors que la majorité peine à faire émerger un consensus, "on verra dans le débat parlementaire".

Hollande "candidat naturel"

Mais à la différence de certains socialistes, le locataire de Matignon a jugé que "l'indignité", utilisée notamment contre des collaborateurs après la Seconde Guerre mondiale, n'était "pas la bonne solution". Après-guerre, les personnes condamnées "ont été réintégrées ensuite très souvent dans la communauté nationale", a-t-il plaidé. Partisan d'un symbole "définitif", Manuel Valls a souligné que les frappes de l'armée française en Irak et en Syrie touchaient aussi sans doute des Français ayant rejoint les rangs de l'EI.

Quant à sa formule, également controversée, selon laquelle "expliquer le jihadisme c'est déjà vouloir un peu excuser", le Premier ministre a tenté de tempérer: "Comprendre un projet de mort, un acte terroriste, jamais", mais "analyser, oui".

Sur un autre sujet qui divise son camp, Manuel Valls a exclu une primaire à gauche pour désigner le candidat à présidentielle de 2017, voyant le François Hollande comme "candidat naturel". "Je pense que le président de la République sortant n'a pas à se soumettre à une primaire, qui ne concernera d'ailleurs pas toute la gauche", a dit cet ancien participant à la primaire de 2011.

L'absence de résultats contre le chômage? "Je pense que notre politique, c'est la bonne", a-t-il maintenu. "Avec une croissance davantage soutenue, avec des entreprises qui n'ont pas peur d'embaucher, parce que certains patrons  notamment dans les PME ont peur de licencier, en faisant en sorte que le marché du travail soit plus souple, je pense que nous aurons des résultats", a-t-il ajouté. François Hollande doit détailler lundi de nouvelles mesures pour l'emploi.

Aux critiques, jusque dans son camp, sur sa participation à ce type d'émission, l'ancien maire d'Evry a objecté que cela permettait de "parler à des citoyens qui ne voient la politique peut-être qu'à travers" un tel programme.

Régulièrement égratigné pour une certaine raideur et une image autoritaire, Manuel Valls a globalement évité les conflits, multipliant les "vous avez raison" à ses contradicteurs aux "questions légitimes", malgré une interview pugnace. Et joué sur un registre plus personnel, évoquant sa femme violoniste ou ses quatre enfants.

Le seul véritable accrochage est survenu lors d'un échange avec l'humoriste Jérémy Ferrari. Critiquant l'expression "nous sommes en guerre", celui-ci a mis en cause la politique française en Afrique et critiqué la présence d'Ali Bongo au cortège de chefs d'Etat du 11 janvier 2015.