Marine Le Pen comprend-elle quelque chose à l'économie ?

Par latribune.fr avec AFP  |   |  582  mots
(Crédits : France Télévision)
Lors de L'Émission politique de France 2 du jeudi 14 mars, Marine Le Pen, Présidente du Rassemblement national, a fait des approximations avec les chiffres économiques. Montant de l'aide aux migrants, le Smic à 36 euros... les erreurs dans les données qui soutiennent les thèses du mouvement.

Fustigeant la proposition d'Emmanuel Macron d'instaurer un salaire minimum européen, Mme Le Pen a voulu montrer les importantes disparités dans l'Union européenne, prenant l'exemple d'un supposé Smic bulgare à "4,40 euros" alors qu'en "France, je crois qu'on est à 36 euros, me semble-t-il".

"Vous êtes à 36 euros pour quelle durée du Smic ? C'est une heure, c'est quoi ? J'ai l'impression que la fiche n'était pas là", a ironisé en retour Nathalie Loiseau sur le plateau de l'Émission politique.

Une erreur de quelques euros ?

En France, le Smic horaire brut est fixé à 10,03 euros (7,72 euros net), soit un montant de 70,21 euros pour une journée de 7 heures de travail et 1521,22 euros mensuel.

En Bulgarie, selon l'office statistique de l'Union européenne Eurostat, le Smic mensuel brut est fixé à 286,33 euros pour une semaine de 40 heures.

"Être une héritière n'a pas aidé @MLP_officiel à être dans le monde réel. Le SMIC horaire en France est à 10,03 euros au 01/01/19... pas à 36 euros ! Merci @NathalieLoiseau d'avoir mis les mots justes sur cette imposture de la PME Le Pen qui dure depuis 50 ans", a réagi sur Twitter le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux

"Eh Le Pen, c'est quoi ce Smic à 36 puis à 46 euros ?", a twitté de son côté le porte-parole du Nouveau Parti Anticapitaliste Philippe Poutou.

En revanche, le coût horaire de la main-d'oeuvre est de 36 euros en France et de 4,9 euros en Bulgarie en 2017, selon des données d'Eurostat publiées en avril 2018.

L'anecdote de l'Ecu en 2017

Lors du débat d'entre-deux-tour, en abordant la question de la sortie de l'euro, Marine Le Pen avait fait référence à l'European Currency Unit (Ecu) comme monnaie commune. Opposée à Emmanuel Macron, Marine Le Pen s'était emmêlée dans ces références  sur la question de l'euro. La candidate de l'ex-FN avait été plus que floue quant à ce qu'elle voulait vraiment faire.

Lors de la campagne, elle annonçait un abandon pur et simple de la monnaie européenne pour un "retour au bon vieux franc". Mais sa position avait évolué ces dernières semaines. En fin de campagne, elle proposait un mix entre le franc-euro, voire une « monnaie » quelque peu oubliée aujourd'hui, l'Ecu.

« Les Français auront une monnaie nationale, et il y en aura une autre qui servira aux banques centrales et aux grandes entreprises afin de commercer entre elles », avait-elle expliqué lors du débat.

« Ça a existé juste avant l'euro. »

« Entre 1993 et 2002, cela a fonctionné dans le cadre du serpent monétaire européen, et vous le savez très bien. »

La candidate présidentielle a fait ici référence à l'Ecu. Mais elle se trompe (volontairement ?). Pour justifier la crédibilité du retour au franc, elle s'était embrouillée sur l'euro avant l'euro.

Les migrants et les retraités

Lors des échanges avec le vidéaste YouTube HugoDécrypte pendant l'émission d'hier, celui-ci a abordé les propos de madame Le Pen en février dernier sur des aides aux migrants qui sont supérieures à celles des retraités.

Marine Le Pen a attaqué les rédactions qui reprennent la dépêche de l'AFP. Voici en lien le fact checking de l'AFP sur l'analyse des propos de la présidente : "Un migrant "fraîchement arrivé" peut-il toucher plus qu'un retraité ?" (source : factuel.afp.com)