Même en cas de hausse de salaire, les Français ne payeront pas "plus d'impôt" (Bruno Le Maire)

Par latribune.fr  |   |  1054  mots
Fin mai, Bruno Le Maire avait exhorté les entreprises qui le peuvent à augmenter les salaires de leurs employés. (Crédits : Reuters)
Interrogé sur BFM TV/RMC, le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire a assuré, ce mercredi, que le barème de l'impôt sur le revenu serait indexé sur l'inflation « pour éviter ces effets de seuil, où des gens (...) basculent dans l'impôt sur le revenu ou une tranche supplémentaire ».

Alors que les derniers retardataires terminent in extremis leur déclaration d'impôt qui se clôture ce mercredi à minuit, Bruno Le Maire a tenu à rassurer tous les contribuables : Non, ils ne payeront pas « plus d'impôt » même s'ils obtiennent des hausses de salaire. « Il ne s'agit pas que les Français payent plus d'impôt avec l'inflation », a-t-il martelé, au micro de BFM TV/RMC, rappelant qu'« un des éléments clé de la politique que nous menons depuis 5 ans avec Emmanuel Macron, c'est la baisse des impôts ».

« Nous allons indexer le barème de l'impôt sur le revenu sur l'inflation pour éviter ces effets de seuil, où des gens qui ne paieraient pas l'impôt sur le revenu basculeraient dans l'impôt sur le revenu ou sur une tranche supplémentaire » en raison d'une hausse de salaire, a-t-il expliqué. Concrètement, "nous augmentons les seuils du montant de l'inflation", a-t-il encore précisé.

Le seuil d'entrée dans l'impôt sur le revenu est actuellement fixé à 10.225 euros annuels pour une personne célibataire. Le barème de l'impôt sur le revenu compte quatre tranches, avec des taux d'imposition allant de 11% pour les plus faibles revenus à 45% pour les plus élevés.

Ce n'est pas la première fois que le gouvernement se résout à indexer le barème de l'impôt sur le revenu sur l'inflation. En effet, depuis 1969, le barème a été actualisé chaque année pour tenir compte de l'inflation, sauf en 2012 et en 2013, précise Bercy. L'indexation opérée cette année sera inscrite dans le projet de loi de finances 2023.

Augmenter les salaires

Quelques semaines plus tôt, Bruno Le Maire a exhorté les entreprises qui le peuvent à augmenter les salaires de leurs employés pour leur permettre de faire face à l'inflation. « Il faut aller très vite et répondre aux préoccupations de nos compatriotes. L'inflation est une source d'angoisse pour des millions de Français », avait-il plaidé. « Certaines entreprises vont pouvoir augmenter les salaires. Elles doivent le faire. D'autres ont moins de marge de manœuvre. Pour elles, il y a un instrument efficace qui est la prime Macron. C'est un instrument qui doit être massivement employé », avait-il ajouté reprenant une des promesses de campagne d'Emmanuel Macron.

Mais une partie du patronat s'est montrée réticente à cette idée. « L'entreprise ne peut distribuer que ce qu'elle gagne », a ainsi plaidé François Asselin, président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) à l'issue d'une réunion le 23 mai entre le ministre et une grande partie du patronat français. Le patron des patrons de PME a répété « qu'il n'y aura pas de hausse de salaire uniforme (...). Vous aurez autant de situations que d'entreprises différentes ». De son côté, le responsable de l'U2P (Union des entreprises de proximité) Dominique Métayer a expliqué « qu'il faut être vigilant en termes de hausse de salaires ».

Une inflation à son plus haut

Selon les prévisions de l'Insee publiée le 31 mai dernier, l'inflation atteignait 5,2% sur un an au mois de mai. Si le mois d'avril était déjà marqué par un plus haut depuis près de 37 ans avec 4,8%, le seuil des 5% n'avait encore jamais été atteint depuis le mois de septembre 1985. Une situation qui ne devrait pas s'arranger le mois prochain selon l'Insee qui doit publier mi-juin son estimation définitive de l'inflation au mois de mai. Dans sa dernière note de conjoncture, l'institut anticipait une inflation de 5,4% sur un an en juin.

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Contradiction sur le chèque alimentaire

Le gouvernement, qui a fait du pouvoir d'achat sa priorité, a promis un arsenal de mesures pour tenter de limiter les effets de l'inflation sur les ménages français.

Mardi, la Première ministre, Elisabeth Borne, a annonce qu'une aide sera versée « à la rentrée » pour les plus modestes. « Dans l'urgence, avec l'inflation, ce sera une aide versée directement sur le compte en banque, en une fois, tenant compte naturellement du nombre d'enfants dans la famille », a-t-elle détaillé sur France Bleu. Son montant sera « défini cet été », a précisé ce mercredi Bruno Le Maire. L'aide « sera versée à la rentrée et nous définirons le montant cet été. Nous n'avons pas encore défini tous les paramètres, je pense que ce serait juste que ce soit concentré sur les ménages les plus modestes, ceux qui ont réellement des difficultés pour s'alimenter correctement », a-t-il expliqué.

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Le ministre de l'Economie a toutefois contredit la cheffe du gouvernement en assurant qu'aucune proposition de chèque alimentaire « ne tient la route » pour l'instant. La veille, Elisabeth Borne avait pourtant indiqué que la réflexion continuait sur un chèque alimentaire plus ciblé sur les produits « de qualité » et « bio ».

« Je suis prêt à regarder toutes les propositions mais il faut tout simplement qu'elles tiennent la route, c'est-à-dire qu'elles puissent être utilisées immédiatement par les Françaises et les Français », a poursuivi Bruno Le Maire. « Je ne vais pas leur dire "on a trouvé un super dispositif, vous allez pouvoir aller dans votre magasin prendre des produits bio ou sourcés français qui vont bénéficier strictement aux producteurs français", non je ne sais pas faire, j'ai l'honnêteté de le reconnaître, personne ne nous a proposé un dispositif qui soit immédiatement opérationnel maintenant face à un pic inflationniste qui est maintenant », a-t-il encore ajouté, insistant sur la « grande difficulté » de « cibler sur les produits agricoles français ».

« Donner de l'argent public pour payer des produits alimentaires qui ont été fabriqués en dehors de France et qui vont aller à des producteurs en dehors de France, cela ne m'intéresse pas trop. La logique, c'est que nos compatriotes puissent s'alimenter bien et aussi que cela puisse profiter aux producteurs français. Aujourd'hui on n'a pas résolu le problème », a renchéri le ministre. Et de conclure : « On ne peut pas accepter que dans une grande puissance économique mondiale, vous ayez des familles qui n'arrivent pas à nourrir correctement leurs enfants, c'est révoltant. Ma responsabilité, c'est que chaque Français puisse manger à sa faim », a-t-il ajouté.