Michel Sapin veut supprimer le billet de 500 euros

Par Fabien Piliu  |   |  485  mots
Le billet violet de 500 euros possède de nombreux "avantages", parmi lesquels celui de pouvoir transporter des sommes importantes en toute discrétion
Lors d'un déplacement à Bruxelles, le ministre des Finances a fustigé le billet de 500 euros, "plus utilisé pour dissimuler que pour acheter". Il Iaisse le soin à la BCE de décider de son sort.

Les grosses coupures sont dans le viseur de Michel Sapin. Interrogé à son arrivée à une réunion des 28 ministres des Finances de l'UE, le ministre des Finances a tiré à boulet rouge sur le billet de 500 euros.

"Je le dis du point de vue français parce que je le vois en France, le billet de 500 euros est plus utilisé pour dissimuler que pour acheter, plus utilisée pour faciliter des transactions qui ne sont pas honnêtes que pour permettre à vous et moi d'acheter de quoi se nourrir", a déclaré Michel Sapin avant de souligner que la décision appartenait à la Banque centrale européenne (BCE). "C'est une question qui appartient à la Banque centrale européenne car c'est elle qui décide des émissions, des types de coupure", a -t-il poursuivi.

Les discussions sont en effet en cours sur ce sujet. Dans un entretien accordé jeudi au Parisien, Benoît Coeuré, membre du directoire de la BCE, avait déclaré que son institution allait "prochainement" prendre une décision sur une éventuelle suppression de la coupure.

Un avantage, la discrétion

Pourquoi tant de haine ? Les précieux billets violets qui, selon les statistiques de la BCE, représentent seulement 3% du nombre de billets en euros en circulation mais 28% de leur valeur cumulée,  permettent de transporter d'énormes montants en toute discrétion. Leur rôle dans la circulation d'argent sale, la corruption et le financement d'activités illégales est de plus en plus fustigé alors que l'UE a décidé de renforcer son action de lutte contre le financement du terrorisme, sous pression notamment de la France.

La BCE a la main

Début février, la Commission européenne avait indiqué vouloir "travailler avec la BCE et toutes les parties concernées pour voir si une action spécifique à ce sujet (était) nécessaire". Interrogés sur ce billet vendredi à leur arrivée à la réunion de Bruxelles, le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, et le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, ont également renvoyé la balle dans le camp du conseil des gouverneurs de la BCE, qui réunit les six membres du directoire et les 19 gouverneurs des banques centrales nationales.

Il faut convaincre l'Allemagne

Reste à convaincre l'Allemagne qui, lors de la naissance de l'euro en 2002, avait fait pression pour que la BCE émette un billet de 500 euros. Avant le lancement de l'euro, des billets de 1.000 Deutschmark circulaient en Allemagne, où les transactions se font à 75% en argent liquide selon une étude du Trésor, contre 55 % en France. Chez nos voisins, acheter en liquide une machine à laver, une chambre à coucher, voire une voiture n'est pas incongrue. C'est même un peu déroutant pour les expatriés français qui se voient parfois refuser leurs cartes bleues, même par les grandes enseignes, et qui doivent courir à leur agence bancaire pour réunir la somme en billets.