Noël 2020 : des vacances à la mer plutôt qu'à la montagne pour oublier le Covid

Par Léa Dauple, AFP  |   |  800  mots
Pour ces fêtes de fin d'année inédites, certains vont privilégier des "vacances à la maison", d'autres vont opter pour les littoraux. Moins de 2,5% de la population française partira cette année en vacances dans un hébergement marchand, estiment les professionnels du tourisme. Un niveau historiquement bas.

Moins nombreux que d'habitude à partir pour les vacances de Noël, les Français devraient privilégier le littoral alors que les destinations de montagne pâtissent de la fermeture des remontées mécaniques.

Si, en temps normal, près de 25% des Français partent en vacances à Noël, ils devraient en cette période toujours profondément marquée par la pandémie être deux fois moins nombreux à le faire, et quatre fois moins à quitter l'Hexagone, selon Didier Arino, directeur du cabinet spécialisé Protourisme.

Des "vacances à la maison" en perspective, alors que "le secteur continue de s'enfoncer terriblement", déplore-t-il auprès de l'AFP, assurant n'avoir "jamais vu un taux de départ en vacances aussi bas".

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La montagne en berne

Moins de 2,5% de la population française partira ainsi en vacances dans un hébergement marchand, une déception de plus pour les hôteliers, tandis que ceux qui le peuvent iront dans une résidence secondaire, précise M. Arino.

La montagne est particulièrement pénalisée, avec trois fois moins de réservations que l'an dernier, selon Protourisme, l'annonce de la fermeture des remontées mécaniques ayant provoqué une vague d'annulations. "80% des personnes qui avaient réservé ont annulé ou reporté", rapporte Vincent Lalanne, directeur de l'office du tourisme de Val Thorens.

Dans la station savoyarde, aucun hôtel ne sera ouvert pendant les vacances de Noël, car les charges d'exploitation sont trop lourdes pour une activité qui s'annonce "très faible". "On se doute qu'on n'aura pas grand monde dans la station", dit-il.

"Il ne faut pas se le cacher, pendant cette période, les gens viennent d'abord et avant tout pour faire du ski dans nos stations" explique Dominique Marcel, PDG de la Compagnie des Alpes, qui exploite dix domaines skiables.

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D'autres activités, telles que le ski de fond ou de randonnée, seront possibles, mais l'entreprise anticipe une "perte d'activité très importante, de l'ordre de 20%" de son chiffre d'affaires, affirme-t-il, et des vacances "très très différentes de ce qu'on connaît d'habitude".

Les voyages vers l'Outre-mer, moins confiné, se maintiennent

A l'inverse, les stations balnéaires de la Manche et de l'Atlantique profitent, elles, d'une forte augmentation du nombre de séjours, jusqu'à 50% pour certaines, selon Protourisme. La tendance est aussi à la hausse côté Méditerranée, mais de façon "beaucoup plus faible", indique Didier Arino.

Patron de l'hôtel-restaurant trois étoiles Le Donjon Domaine St Clair à Etretat (Normandie), Omar Abodib s'attend en effet à ce que "ça ne fonctionne pas trop mal". Il dit être le seul hôtel de la ville à être resté ouvert, et se prépare à accueillir des clients locaux, souvent parisiens, normands ou bretons.

Tout en espérant des jours meilleurs, M. Abodib se satisfait d'un taux d'occupation à 52%, même s'il était de 80% l'année dernière.

En recherche de soleil, d'autres voyageurs se sont repliés vers l'Outre-mer. Destination rassurante, elle permet de profiter de la plage en hiver sans quitter le territoire français, sous réserve de présenter un test RT-PCR négatif datant de moins de 72 heures.

Le niveau de réservation des compagnies aériennes y est "presque similaire à l'année dernière", assure Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du Voyage, le syndicat représentant les voyagistes français.

"On a un léger frémissement", confirme Susan Soba, directrice générale de l'Ile de la Réunion Tourisme, qui affirme que son île "fait partie depuis quelques semaines des destinations les plus recherchées" sur Internet.

Même si elle se confirmait, cette "bouffée d'oxygène" ne suffirait toutefois pas à rattraper des mois "éprouvants" pour les professionnels du tourisme, commente-t-elle, alors que la fréquentation touristique a été divisée par deux sur l'année.

Sans surprise, les départs hors des frontières françaises seront plus rares, moins 70% par rapport à l'activité normale, selon Les Entreprises du Voyage, et ceux qui partiront iront moins loin, avec un panier moyen à 342 euros, contre 424 euros l'an dernier, d'après une étude d'eDreams-Odigeo (Opodo, Go Voyages).

Lisbonne, Marrakech et Porto sont les destinations les plus réservées, selon le groupe. Des villes comme Bangkok ou New York, inaccessibles cette année, laissent la place à Istanbul ou Dubaï.

"On voit une vraie appétence des Français" à réserver "dès que les signaux sont au vert", analyse le directeur France d'eDreams-Odigeo Benoît Crespin, qui y voit "une envie de vacances", malgré tout.

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