Un Français sur deux partira en vacances et/ou en week-ends d'ici septembre, d'après une étude d'ADN Tourisme menée par les 13 régions métropolitaines en juin 2020. Cette moitié révèle une forte baisse sur ces départs, puisque, d'ordinaire, ils sont 83 %. Reste toutefois près d'un quart d'indécis (22 %) qui pourraient ainsi faire remonter, à la marge, ces estimations.
Parmi ceux ayant fait leur choix, une tendance se détache nettement : la destination France. 86 % ont en effet décidé de rester dans le pays pour cette saison estivale, contre 75 % en 2019. Le littoral, aussi bien méditerranéen qu'atlantique, est largement plébiscité. La campagne et la montagne tirent également leur épingle du jeu, les vacanciers étant à la « recherche de calme, de lieux favorables au ressourcement et peu fréquentés », note l'étude ADN Tourisme.
La crainte de la surpopulation
Une quête de calme confirmée par une enquête OpinionWay pour Homair. 72% des répondants confie vouloir privilégier la nature et éviter, pour 68% d'entre eux, les lieux de grandes fréquentations (visites de monument, activités sportives, etc.). La phobie des foules va gagner les lieux touristiques ainsi que les plages (46% des personnes interrogées iront moins à la plage car trop fréquentée) ou encore les hébergements collectifs. Ils sont aussi 64% à vouloir privilégier les hébergements individuels plutôt que les résidences.
Concernant la durée moyenne de séjour, elle demeure identique pour un tiers des Français, à savoir entre neuf et dix jours. Un autre tiers va l'allonger quand le dernier va la réduire et la fractionner. Si le mois d'août sera le plus chargé, septembre devrait accueillir aussi de nombreux estivants, relève l'enquête.
Des mesures similaires à l'été 2009
Côté budget, malgré un contexte de chômage partiel qui a touché jusqu'à un tiers des salariés français au printemps, celui-ci se maintient par rapport aux années précédentes : 1.500 euros pour une famille de deux adultes et deux enfants, selon le cabinet Protourisme. L'enquête OpinionWay pour Homair révèle toutefois que 61% des Français déclarent vouloir faire plus attention à leurs dépenses pendant leurs vacances en raison de la crise sanitaire. Parmi les postes de dépenses qui risquent de fondre cet été : les restaurants et sorties, pour une majorité des répondants (53%).
Plus de Français en vacances en France, des séjours qui s'étalent jusqu'en septembre, un budget davantage maîtrisé... Un scénario inhabituel mais pas inédit. En 2019 déjà, la fréquentation française dans l'Hexagone a grimpé (+3,2 %) compensant la baisse des touristes internationaux en particulier britanniques. Et les séjours s'étaient également étirés jusqu'en septembre en raison des vagues de chaleur caniculaires des mois de juin et juillet.
Plus loin encore, à l'été 2009 - le premier qui a suivi la crise bancaire et financière débutée à l'automne 2008 - les Français avaient limité leur budget vacances et opéré des arbitrages assez sévères, notamment au détriment de la restauration, comme le relevait un bilan touristique produit par Hervé Novelli, le secrétaire d'Etat en charge du Tourisme de l'époque. Au lendemain de la crise dite des "subprimes", ils ont aussi privilégié la destination France, ce qui a permis de compenser l'absence marquée des étrangers.
Avec ces touristes nationaux, la France pourra-t-elle se maintenir au premier rang des pays les plus visités au monde, avec 89,4 millions de voyageurs internationaux en 2018, selon les chiffres du ministère de l'Économie ? De même, avant la crise, l'Hexagone se situait au 3ème rang mondial en termes de recettes, derrière l'Espagne et les États-Unis (55,5 milliards d'euros en 2018).
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ZOOM
Quelle tendance chez les voisins européens ?
- En Allemagne : les autorités appellent également à des vacances « à la maison » alors que d'ordinaire plus de la moitié des Allemands voyagent en Europe et 20 % encore plus loin - États-Unis, Canada et Thaïlande en priorité - d'après l'association allemande de l'industrie du voyage (DRV). Les 30% qui choisissent habituellement leur pays devraient être plus nombreux cette année. D'autant plus qu'Heiko Maas, le ministre fédéral allemand des Affaires étrangères, a annoncé qu'aucun vol de rapatriement ne serait effectué si des ressortissants restaient bloqués à l'étranger pendant l'été (240.000 Allemands avaient été rapatriés d'urgence en mars lors de la fermeture des frontières).
- Au Royaume-Uni : le gouvernement a levé les restrictions de voyage à l'étranger concernant une soixantaine de pays. Tout en incitant les Anglais à ne pas quitter le territoire. Dans une enquête publiée par le Bureau national des statistiques (ONS), un quart des résidents (25 %) a déclaré être « susceptibles ou très susceptibles » de partir en vacances au Royaume-Uni cet été. Et un peu moins d'un adulte sur 10 (9%) a indiqué qu'il était « probable ou très probable » qu'il partirait à l'étranger. Les Anglais plébiscitent d'ordinaire l'Espagne, la France, l'Italie, les États-Unis et la République d'Irlande. Cinq destinations qui représentent 46% de toutes les visites à l'étranger et environ 43% des dépenses totales. Dans l'ensemble, 72% des visites des résidents britanniques ont été effectuées dans l'UE, selon cette étude de 2019.
- En Espagne : le gouvernement incite ses habitants à rester sur le territoire cette saison estivale. Ce qui est d'ailleurs déjà presque une « habitude » pour eux. 89,6% des résidents ont en effet choisi l'Espagne comme destination principale de leurs vacances en 2019, selon l'Institut national de la statistique (INE). À noter toutefois que la population de 17 communes, dont Barcelone, est actuellement invitée à rester confinée afin de lutter contre la résurgence de l'épidémie de Covid-19 dans une partie du pays.