Paris ne renonce pas à obtenir des licences de pêche dans les eaux britanniques

Par latribune.fr  |   |  640  mots
"L'interprétation que font les Anglais de nos dossiers est inadmissible et ne répond pas à la bonne volonté de la France", a expliqué la ministre de la mer Annick Girardin. (Crédits : D.R)
Paris ne lâchera pas les pêcheurs français. La ministre de la Mer Annick Girardin ne renonce pas dans le combat mené pour l'obtention des licences de pêche dans les eaux britanniques.

A l'issue d'une rencontre avec plus de 35 pêcheurs, rassemblés derrière le président du comité régional des pêches Hauts-de-France Olivier Leprêtre, la ministre de la mer Annick Girardin, a confirmé dimanche dans un communiqué que "le gouvernement ne renonce pas dans le combat mené pour l'obtention des licences de pêche dans les eaux britanniques. (...) Le front français est uni, la Commission européenne est alignée et défend nos positions. Les pêcheurs ont besoin de visibilité. La non-décision est la pire des situations. Nous ne lâcherons rien".

"On continuera le combat tel qu'on l'a annoncé", a-t-elle déclaré à l'issue de la rencontre au Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (CROSS) de Cap-Gris-Nez (Pas-de-Calais). "Nous nous battons au quotidien pour ces bateaux, pour ces licences et on ne lâchera rien du tout." "L'interprétation que font les Anglais de nos dossiers est inadmissible et ne répond pas à la bonne volonté de la France", a-t-elle insisté.

Annick Girardin a rappelé que la priorité de son ministère est de permettre à "l'ensemble des pêcheurs d'exercer leur métier, et de préparer l'avenir". Après un rendez-vous téléphonique vendredi avec Virginijus Sinkevičius, commissaire européen chargé de l'environnement, des océans et des pêches, la ministre a confirmé aux pêcheurs que la Commission européenne considérait que "le processus est encore trop lent et qu'il devait désormais très rapidement aboutir, dans le respect de l'Accord de commerce et de coopération". Onze mois après le Brexit, environ 150 bateaux français attendent toujours les autorisations pour poser leurs filets dans les eaux britanniques.

Mobilisation des pêcheurs

Les représentants des pêcheurs ont cependant fait savoir après la rencontre qu'ils restaient déterminer à mettre en place des mesures pour manifester leur mécontentement. "Les pêcheurs vont bouger. Je crois qu'ils ont été suffisamment patients. Ca fait quand même onze mois qu'ils attendent", a ainsi affirmé Olivier Leprêtre. "Ça sera ciblé. Pas pour emmerder notre économie ou n'importe quoi. Ça sera plutôt pour emmerder l'économie anglaise", a expliqué Bruno Margollé, président de la coopérative maritime Etaploise.

Annick Girardin avait évoqué jeudi l'indemnisation possible des pêcheurs français qui se retrouveraient sans licences de pêche dans les eaux britanniques à cause du Brexit, ce qui avait été vécu comme un aveu de "défaite" par les professionnels de la filière. Alors que les négociations entre Bruxelles et Londres piétinent, elle avait annoncé qu'une enveloppe "de 40 à 60 millions d'euros" pourrait être débloquée pour mettre en place un plan de sortie de flotte. "Ils ont aujourd'hui compris quelle était ma position et à nouveau compris que la ministre de la Mer était à leurs côtés", a-t-elle estimé.

Annick Girardin a souligné que "80% des dossiers" étaient réglés avec "plus de 960 licences" de pêche accordées. "Mais j'ai toujours dit qu'on ne devait laisser personne sur le bord du quai", a-t-elle souligné.

"Aujourd'hui, les Britanniques sont en train de faire du pointillisme exagéré et exaspérant", a pour sa part déclaré le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, sur LCI dimanche, promettant lui aussi de se "battre licence après licence, bateau après bateau". "C'est un test que fait le Royaume-Uni à l'égard de l'UE et il faut que l'UE exige le respect de l'accord (sur la nouvelle relation post-Brexit)", a-t-il ajouté. "S'ils ne le respectent pas, il y a des procédures qui vont suivre". Le président Emmanuel Macron avait tenté vendredi de rassurer les pêcheurs. "Nous ne lâcherons pas nos pêcheurs" et "avant Noël, la France aura pris une position", avait-il assuré.