Patrimoine : la Champagne aux portes de l'Unesco

Par Mounia Van de Casteele  |   |  573  mots
La nomination de la région champenoise au patrimoine de l'Unesco aurait un impact positif sur la fréquentation touristique.
L'Unesco devrait voter dimanche l'inscription de la région au patrimoine mondial de l'humanité dans la catégorie "Paysage culturel évolutif vivant".

"On se prépare pour dimanche. Nous sommes confiants", nous souffle Frédéric Dufour, le président de la maison Ruinart, en attendant le verdict dominical de l'Unesco. Et pour cause, la Champagne Ardennes a en effet de grandes chances de devenir ce week-end le 40e bien français inscrit au patrimoine mondial de l'humanité. Sa candidature, initiée en 2006 par le Comité interprofessionnel du vin de Champagne (CIVC) a été retenue par la France en janvier 2014 pour la 39e session du Comité, réuni à Bonn, en Allemagne, jusqu'au 8 juillet pour examiner une trentaine de dossiers. Celui de la Champagne, fruit d'un travail de longue haleine réalisé par des historiens, géographes et spécialistes d'architecture, devrait ainsi être étudié samedi après-midi ou dimanche.

Pour défendre les couleurs de la région, trois sites sont mis à l'honneur: l'avenue de Champagne à Epernay où sont alignées les prestigieuses maisons de négociants surplombant des kilomètres de caves où vieillissent des millions de bouteilles, les côteaux historiques alentours, ainsi que la colline Saint-Nicaise à Reims, dont les sous-sols abritent les fameuses crayères antiques ou médiévales utilisées comme espace de vinification et de stockage. Notons à cet égard que celles de la maison Ruinart - la toute première maison de Champagne fondée en septembre 1729 par Nicolas Ruinart - d'une profondeur de 38 mètres sur 8 kilomètres, étaient jusqu'alors les seules à avoir été classées dès 1931 par un arrêté du Ministère de l'Instruction publique et des Beaux-Arts au titre des sites et monuments naturels à caractère artistique, historique, scientifique ou pittoresque.

Une opportunité pour le tourisme de la région

Cela dit, une telle nomination serait avant tout une "récompense pour un savoir-faire qui s'est transmis de génération en génération", nuance le patron de la fameuse maison champenoise. Et de poursuivre:

"Il ne s'agit pas de l'inscription des maisons de Champagne à l'Unesco mais d'une symbolique autour d'une région".

Ce dont se réjouit d'ailleurs Jean-Paul Bachy, le président divers gauche du conseil régional de Champagne Ardennes depuis plus de dix ans. Il faut dire qu'une telle reconnaissance aurait un impact non négligeable pour l'économie locale. Si certains évoquent une augmentation de la fréquentation touristique de 20 à 35%. Jean-Pierre Bachy, se garde quant à lui de toute estimation. Il reconnaît cependant l'impact positif en matière de notoriété et d'attractivité pour le territoire : "cela ne peut qu'impliquer des retombées touristiques, hôtelières", nous confirme-t-il. Sans oublier "les effets, en retour, sur la diffusion et la vente du produit".

Accroître sa notoriété à l'international

Selon Frédéric Dufour, cette nomination "va renforcer le rayonnement du Champagne à l'international". Ce qui permettra au passage d'améliorer la visibilité et la notoriété de sa marque à l'étranger, où elle reste encore moins connue que des grands noms comme Dom Perignon, Moet et Chandon, ou encore Veuve Cliquot, qui appartiennent d'ailleurs toutes au groupe LVMH, comme Ruinart.

Autant dire que dimanche sera donc - probablement - une journée à marquer d'une pierre blanche pour la région. En général, "lorsqu'on est arrivé à ce stade, le plus dur a déjà été fait", reconnaît-il. Mais, bien que "statistiquement", le dossier soit censé "passer", il s'agit d'un vote. Alors la prudence reste de mise. Encore un peu de patience avant de sabrer le champagne.