Plusieurs milliers de "Gilets jaunes" de retour dans la rue pour l'Acte VIII

Par latribune.fr  |   |  687  mots
A Paris, Bordeaux, Lyon, Grenoble ou encore Rouen, les "Gilets jaunes" ont commencé samedi à se rassembler dans plusieurs villes pour "l'acte VIII" de leur mobilisation. (Crédits : CHRISTIAN HARTMANN)
De l'ordre de 50.000 manifestants ont défilé dans plusieurs villes de France ce samedi, huitième journée de protestation du mouvement des "Gilets jaunes". Des heurts ont éclaté dans la capitale en début d'après-midi.

[Article initialement publié à 12h55, mis à jour au cours de la journée]

A Paris, Bordeaux, Lyon, Grenoble ou encore Rouen, des dizaines de milliers de "Gilets jaunes" se sont rassemblés ce samedi 5 janvier dans plusieurs villes pour "l'acte VIII" de leur mobilisation, dans l'espoir de peser sur le gouvernement qui réclame le retour à l'ordre. Dans la capitale, la préfecture de police avait reçu deux déclarations officielles, la première pour un rassemblement sur les Champs-Elysées suivi d'un déplacement vers la place de la Bourse, la seconde pour un cheminement au départ de l'Hôtel de ville en direction de l'Assemblée nationale. Sur l'ensemble de la journée, ce sont 50.000 "Gilets jaunes" qui ont été recensés à travers le pays selon la police, contre 280.000 au plus fort de la mobilisation et 32.000 la semaine dernière.

A Paris, on dénombrait plus de 3.500 personnes, parties de l'avenue des Champs-Elysées, cheminant dans les 1er et 2ème arrondissements.

"On va manifester ici tous les samedis, ça va continuer tout 2019", déclamait dans un mégaphone une des manifestantes.

Des heurts ont éclaté devant l'Hôtel de ville et sur la passerelle Léopold-Sédar-Senghor, qui chevauche la Seine entre les Tuileries et la rue de Solférino. Un feu s'est également déclaré dans une péniche-restaurant amarrée près du musée d'Orsay et plusieurs scooters et une voiture ont été incendiés sur le boulevard Saint-Germain où des barricades de fortune ont été érigées, a rapporté l'AFP. A Montpellier, quatre CRS ont été légèrement blessés à la suite de jets de pierres et de bouteilles dans le secteur de la gare Saint-Roch, où la situation restait "tendue", avec entre 300 et 400 "gilets jaunes", selon la Direction départementale de la sécurité publique.

Pour la première fois, une ébauche de service d'ordre interne accompagnait les différents défilés de ce mouvement sans leader désigné dont les actions s'organisent essentiellement via les réseaux sociaux.

Forte mobilisation à Bordeaux et Toulouse

A Lyon, plusieurs milliers de "gilets jaunes" ont bloqué dans les deux sens l'autoroute A7 qui traverse la ville, créant des bouchons en amont des voies coupées à la circulation en ce jour de retour de vacances, quand d'autres avaient convergé vers la place Bellecour. A Rouen, de mille à 2.000 manifestants, dont des familles et des adolescents, marchaient en criant "Macron démission". A Bordeaux, ils étaient environ 4.600 à manifester dans le calme, retrouvant leur niveau de mobilisation d'avant les fêtes de fin d'année et consacrant la capitale de Nouvelle-Aquitaine comme l'un des bastions du mouvement. A Toulouse, la mobilisation était en hausse par rapport au 29 décembre, avec quelque 2.000 personnes défilant dans l'après-midi, sans qu'aucun incident ne soit signalé, selon la préfecture.

Griveaux évacué de son ministère

Le gouvernement avait durci le ton. Vendredi, Benjamin Griveaux, le porte-parole du gouvernement, a estimé que le mouvement était "devenu le fait d'agitateurs qui veulent l'insurrection et, au fond, renverser le gouvernement".

Samedi, il a dû être évacué de son bureau après l'intrusion de manifestants violents dans la cour de son secrétariat d'Etat situé rue de Grenelle, non loin de l'Assemblée nationale. Selon le récit de son entourage, confirmant des informations du Parisien, une quinzaine de personnes, certaines vêtues de noirs, d'autres avec un gilet jaune, ont fait irruption dans la cour du bâtiment après avoir défoncé la grille à l'aide d'un engin de chantier. Les manifestants ont vandalisé des voitures garées dans la cour sans entrer dans les locaux, avant de repartir du site qui abrite également le ministère des Relations avec le Parlement.

Vendredi soir, 18 "gilets jaunes", dont une mineure, ont été placés en garde à vue en Saône-et-Loire après avoir tenté de bloquer la plateforme logistique Amazon de Sevrey.

Selon un sondage Odoxa Dentsu consulting publié jeudi, 55% des Français souhaite toujours que le mouvement se poursuive et l'amélioration du pouvoir d'achat est désormais en tête des attentes pour 2019.

(avec AFP et Reuters)