Pour aider l'agriculture, Macron appelle à « consommer français »

Par latribune.fr  |   |  833  mots
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Emmanuel Macron a appelé à "acheter" et "consommer" français car la défense de la "souveraineté agricole et alimentaire" est "la mère des batailles" dans le contexte de la guerre en Ukraine et des crises climatique et énergétique. Le président a également confirmé l'engagement de l'Etat à hauteur de 600 millions d'euros pour simplifier le système d'assurance récolte.

Les circuits courts, condition de la souveraineté alimentaire de la France ? "Nous traversons une période très particulière, grave, difficile, qui suppose la mobilisation de tous", a déclaré le chef de l'Etat dans un discours aux Terres de Jim, le rendez-vous annuel des jeunes agriculteurs, qui se tient ce week-end à Outarville (Loiret), dans la Beauce.

"Cette souveraineté agricole et alimentaire" est "absolument indispensable (...) c'est la mère des batailles" et "on a besoin de tous nos compatriotes pour qu'ils comprennent que acheter français, consommer français, aimer notre agriculture, c'est la clé pour garder cette souveraineté et ne pas se réveiller demain avec la gueule de bois", a-t-il ajouté en concluant son discours.

La pénurie d'agriculteurs menace la France

Après avoir rappelé les différentes mesures d'urgence prises par le gouvernement pour soutenir les filières agricoles ces derniers mois, il a insisté sur la nécessité de "sortir de la dépendance" aux engrais et intrants de Russie et de Belarus, et de faire face à la hausse des prix de l'énergie, "qui est une arme de guerre" pour Moscou.

Accompagné du ministre de l'Agriculture Marc Fesneau, le chef de l'Etat a axé cette année sa visite à Terres de Jim sur le dossier sensible du renouvellement des générations en agriculture, alors que quelque 100.000 fermes devraient changer d'exploitants d'ici à 2030.

Il a proposé que des consultations se tiennent dans les six prochains mois en vue de la mise en œuvre d'"un pacte de renouvellement et d'avenir pour l'agriculture", qui passera notamment par une "loi d'orientation et d'avenir agricole en 2023", qui doit elle-même fixer un cap pour 2030.

Il s'agira d'un temps d'échanges "sur les sujets d'orientation, de formation, de transmission et de transition" entre le ministère de l'Agriculture, les professionnels, les régions... qui va permettre de fixer les paramètres de la loi.

Emmanuel Macron a indiqué qu'un "réseau d'incubateurs d'entrepreneurs d'entreprises agricoles innovantes" sera mis en place, que 20 millions d'euros seront investis pour l'enseignement agricole dans le cadre du fonds compétence de France 2030.

Il a en outre annoncé qu'un "fonds entrepreneurs du vivant" sera "doté de 400 millions d'euros" pour aider "les jeunes à s'installer, à lisser la charge pendant plusieurs années et à mener les transformations indispensables" pour s'adapter à la transition écologique.

Pour lui, la préservation des terres agricoles est liée à la transition agroécologique avec à la clé, dans certains cas, un changement de cultures, une adaptation au climat, et le développement du carbone-farming, c'est-à-dire développer massivement la séquestration du carbone dans les sols agricoles.

600 millions d'euros pour simplifier l'assurance récolte

Emmanuel Macron a également annoncé une "simplification" des règles du nouveau système d'assurance récolte, confirmant un engagement de l'État à hauteur de 600 millions d'euros et un probable seuil d'indemnisation à 20% de pertes, pour mieux protéger les agriculteurs face aux risques climatiques.

"Je vous confirme les 600 millions d'euros (...). L'État va plus que doubler sa contribution totale au système, à 600 millions d'euros", a déclaré le président de la République lors d'une rencontre avec de jeunes agriculteurs dans le Loiret.

"On va essayer de simplifier les règles, et de tenir, ce que j'ai compris comme étant ce sacro-saint 20, 70, 90. Et de permettre, y compris aux filières qui étaient à 25% sur la franchise, d'aller aux 20% pour créer un appel d'air et une vraie attractivité de ce système d'assurance", a déclaré le chef de l'État.

Le triptyque "20, 70, 90" correspond précisément aux demandes des agriculteurs. Le syndicat majoritaire FNSEA a plaidé sans relâche pour un seuil de "déclenchement" de prise en charge à 20% de pertes de production (contre les 25% qui étaient en discussion), pour le subventionnement à 70% des cotisations d'assurance (contre 65% actuellement) et pour une indemnisation des catastrophes, prévue dans le cadre de la solidarité nationale, à hauteur de 90%.

Ces trois chiffres correspondent aux trois étages du nouveau "régime universel d'indemnisation" qui doit entrer en vigueur le 1er janvier 2023, avec un premier niveau relevant de l'agriculteur, qui assume seul les pertes jusqu'à un seuil de franchise ; un deuxième niveau relevant de l'assureur privé ; et un troisième niveau mobilisant la solidarité nationale, avec des fonds publics.

Tout en faisant un geste, en évoquant un seuil de franchise à 20%, Emmanuel Macron a prévu une "clause de revoyure" en cas de dépassement de l'enveloppe annuelle dédiée à la solidarité nationale. "Si on dépasse les 680 millions d'euros, l'État ne peut pas être un payeur aveugle, il faudra remettre toutes les parties prenantes autour de la table", a-t-il prévenu.

Durement frappés par le gel l'an dernier, canicule et sécheresse cette année, les agriculteurs attendaient de l'État une réforme de l'assurance récolte qui encourage un maximum d'exploitants à s'assurer - actuellement ils ne sont que 30% d'assurés en grandes cultures et 5% en arboriculture - en échange d'une meilleure prise en charge, garantissant la pérennité de leurs entreprises.