Pour Manuel Valls : "une partie de la gauche s'égare" sur la déchéance de nationalité

Par latribune.fr  |   |  370  mots
Le Premier ministre estime que "l'état de guerre" dans lequel la France est plongé peut justifier une mesure telle que la déchéance de nationalité.
Le Premier ministre défend la mesure prévoyant une possibilité de déchoir des binationaux de leur nationalité française proposée par le chef de l'Exécutif. Un projet de réforme de la Constitution qui passe très mal à gauche.

La déchéance de nationalité continue de déchirer la majorité. Le Premier ministre Manuel Valls s'est immiscé dans le débat en défendant la mesure prônée par le Président de la République.  Manuel Valls a ainsi déclaré dans les colonnes du Journal du Dimanche,:

"Une partie de la gauche s'égare au nom de grandes valeurs en oubliant le contexte, notre état de guerre. La détermination est totale, nous irons jusqu'au bout et que chacun à gauche en soit bien convaincu.

Cette mesure est inscrite dans le projet de loi constitutionnelle annoncé après les attentats du 13 novembre par le chef de l'Etat.  Elle divise le PS. Parmi ses opposants, les maires de Lille et Paris, Martine Aubry et Anne Hidalgo ont déjà exprimé leur désaccord.

Symbole et message

L'ancien ministre de l'Education et député des Yvelines, Benoît Hamon s'est lui aussi exprimé dans le JDD, indiquant qu'il voterait contre la modification de la Constitution lors du débat parlementaire prévu en 2016.  Il estime qu'inscrire dans la Constitution la déchéance de la nationalité:

"revient à établir la distinction entre deux citoyens français de naissance, suivant qu'ils sont binationaux ou non (...) En introduisant cette distinction, la République n'est plus indivisible."

"Le symbole choisi, et quel symbole, envoie à des millions de nos compatriotes le message suivant: vous êtes des Français de seconde catégorie."

L'ancien ministre qui avait démissionné en 2014 juge que la décision sur la déchéance de nationalité "va provoquer un schisme dans le peuple de gauche mais aussi dans la communauté nationale. "

Il relève:

"C'était une proposition de l'extrême droite, une proposition qualifiée dans un passé récent de 'dangereuse' par François Hollande et de 'nauséabonde' par Manuel Valls".

"Indignité républicaine"

De son côté, l'ex-député socialiste Julien Dray estime qu'au PS "nombreux" sont ceux "à avoir le sentiment que l'exécutif se rendait compte des risques que représentait la mise en chantier concrète d'une telle mesure". Le conseiller régional d'Île-de-France suggère plutôt "véritable peine d'indignité républicaine frappant les terroristes condamnés".

 (Avec agences)