Présidentielle 2017 : Laurent Berger (CFDT) avertit : "pas touche aux syndicats".

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  747  mots
Laurent Berger (CFDT) s'inquiète de la surenchère à droite contre le fait syndical en entreprise. Il prévient que si cela continue, la CFDT se fera entendre.
Le secrétaire général de la CFDT suit de près les diverses déclarations des candidats à la primaire de la droite contre les corps intermédiaires en général et les syndicats en particulier. Il avertit qu'il ne laissera pas faire.

Pour l'instant, Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, garde son calme. Mais, intérieurement, il bout en entendant les candidats à la primaire de la droite remettre en cause les « corps intermédiaires » en général et le syndicalisme en particulier. Mais, à ce stade, il s'interdit d'intervenir. « Je préfère laisser passer le résultat de la primaire le 27 novembre. C'est actuellement la course à l'échalote de la part d'un certain nombre de candidats mais heureusement pas tous. J'attends de voir par la suite et si ces attaques continuent, nous interviendrons en janvier. J'en ai parlé avec mes homologues de la CFTC et de la CGT ».

 Les candidats à la primaire attaquent le fait syndical

De fait, plusieurs candidats à la primaire de la droite annoncent dans leur programme vouloir contourner le fait syndical en entreprise. C'est surtout le cas de Nicolas Sarkozy et Bruno Le Maire qui n'hésitent pas à vouloir remettre en cause le « monopole » des syndicats pour la présentation des candidats au premier tour des élections professionnelles. Les deux postulants estiment que tous les salariés, soutenus ou pas par des syndicats, devraient avoir la possibilité de se présenter.

De même, les deux candidats se rejoignent aussi pour estimer que si une négociation sur un accord d'entreprise piétine, alors l'employeur devrait avoir la possibilité d'organiser un referendum dont le résultat s'imposerait... quitte à mettre les syndicats en porte à faux.

Pourtant, une loi votée en 2008 durant le quinquennat de... Nicolas Sarkozy a déjà profondément modifié les règles de la représentativité syndicale. Ainsi désormais, même des « grands » syndicats comme la CFDT, CGT, CFTC, FO et la CFE-CGC ne peuvent plus automatiquement présenter des candidats au premier tour des élections professionnelles. Ils ont perdu ce que l'on appelait la « présomption irréfragable de représentativité ». Ce qui signifie que pour présenter des candidats au premier tour, chaque syndicat doit maintenant faire preuve de sa réelle représentativité dans l'entreprise selon des critères définis dans le code du travail comme l'audience, l'activité, le nombre d'adhérents, etc. Par ailleurs, les données du ministère du travail montrent que 65% des élus du personnel le sont au premier tour sur des listes syndicales et non à l'issue du second tour où les candidatures sont libres. Ce qui tendrait à prouver que les salariés accordent globalement encore un certain crédit aux syndicats qui ne correspondent pas forcément à la caricature que certains font d'eux.

Vers la reconstitution d'un front syndical?

Plusieurs candidats à la primaire souhaitent donc aller encore plus loin en « libérant » le premier tour. Laurent Berger refuse pour l'instant la polémique. Mais il est aux aguets. Il avertit que toucher au fait syndical serait une déclaration de guerre à l'endroit de la CFDT. Le « champion » de la droite qui sortira vainqueur de la primaire le 27 novembre est donc prévenu. S'il persiste et signe dans son intention de contrer la présence syndicale en entreprise, il trouvera la CFDT en face de lui. La situation deviendrait alors cocasse : là où la loi El Khomri a eu pour effet de profondément diviser les syndicats, avec une CFDT et une CFTC la défendant et FO et la CGT la combattant, la surenchère à droite aurait pour effet de reformer un front syndical. Ce qui n'augurerait rien de bon si la droite accéder à l'Elysée. En effet, les réformes drastiques qu'envisage l'actuelle opposition sur le front social si elle revient aux affaires nécessiteront du calme...

La CFDT veut remettre le travail au cœur des débats

En attendant éventuellement de sortir de ses gonds, Laurent Berger se consacre à l'activité syndicale. Il a lancé ce mardi 20 septembre une grande campagne « Parlons travail », destinée à interroger un maximum de salariés, indépendants, fonctionnaires, etc. sur leurs rapports avec le travail à travers un questionnaire d'environ 150 questions.

Selon Laurent Berger, cette enquête permettra de relayer "la parole des salariés, le vécu quotidien au travail, les ras-le-bol, les fiertés, les attentes" et "contribuera à mettre ce sujet du travail au cœur du débat public". Lui que se dit inquiet de voir que les débats politiques actuels se résument aux questions de "l'identité et (de la) sécurité alors que les préoccupations des salariés et citoyens sont beaucoup plus larges que ça ".

La CFDT reste calme donc... Pour l'instant.