Présidentielle 2022 : s'il est élu, Macron lancera la réforme des retraites cet automne

Par latribune.fr  |   |  787  mots
(Crédits : JOHANNA GERON)
Emmanuel Macron a déclaré que s'il était élu pour un second mandat, il indexerait les retraites sur l'inflation dès cet été et lancerait la réforme des retraites "dès l'automne prochain".

Emmanuel Macron a promis, s'il est réélu, "d'indexer les retraites sur l'inflation dès cet été" au lieu d'attendre le 1er janvier, et souhaité commencer la réforme des retraites "dès l'automne", dans des interviews sur TF1 et au Figaro. Interrogé sur TF1, le président-candidat a expliqué vouloir revaloriser les retraites sur l'inflation dès l'été, "compte tenu des prix" qui ont bondi en raison de la guerre en Ukraine.

Après avoir renoncé au cours de son mandat à maintenir l'âge légal de départ à 62 ans, Emmanuel Macron souhaite désormais le repousser à 65 ans, tout en supprimant au passage les régimes spéciaux de la RATP, d'EDF et des sénateurs. Pour contrebalancer, il promet une pension minimum de 1.100 euros pour une carrière complète.

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Pénibilité

Le 27 mars sur France 3, Emmanuel Macron avait indiqué vouloir « prendre en compte la pénibilité des carrières » pour reporter l'âge de la retraite à 65 ans, mais en prenant des critères "qu'on individualise", car "sinon on va recréer des régimes spéciaux". Il souhaite aussi tenir compte "des carrières longues" ainsi que "des métiers fatigants, physiquement ou nerveusement", citant les travailleurs des abattoirs et les enseignants, pour qui "il est parfois dur dans certaines classes d'aller jusqu'à 65 ans".

Pour tous ces cas, "on va adapter les fins de carrière par la négociation", avait-il assuré.

Interrogé à ce moment-là sur "le risque de remettre les Français dans la rue", au regard de l'hostilité des syndicats, il a jugé que celui-ci existe mais que pour convaincre "il faut expliquer pourquoi".

"Je conviens" que cette réforme n'est pas facile, mais "ce n'est facile sur rien", a-t-il dit. Et, impossible selon lui d'en faire l'économie si on veut financer l'autonomie des seniors et relever la pension minimale à taux plein à 1.100 euros.

"Je veux faire les choses avec calme, avec bienveillance, c'est pour ça que je n'ai pas lancé de telles réformes il y a quelques mois", a-t-il assuré. "Notre pays est fatigué de la crise Covid et inquiet de la guerre, mais il faut continuer à avancer", avait-il défendu.

Pour rappel, le grand dessein présidentiel d'un "système universel" - censé remplacer la quarantaine de régimes existants - n'a pas survécu à la crise sanitaire. Après des semaines de grèves et de manifestations, le projet de loi voté au forceps du 49-3 début mars 2020 a aussitôt été "suspendu" et jamais remis sur le métier.

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Les comptes de la branche retraite se redressent

La branche retraite de la Sécurité sociale a enregistré un déficit de 2,6 milliards d'euros l'an dernier, soit dix fois moins que la branche maladie, selon les comptes définitifs publiés mi-mars par le gouvernement. La Sécu affiche un déficit de 24,4 milliards d'euros en 2021, des chiffres en nette amélioration par rapport au record abyssal de 38,7 milliards en 2020. Cette bonne santé se retrouve dans les excédents des branches famille (+2,9 milliards) et accidents du travail (+1,2 milliard), mais aussi dans les pertes limitées de l'assurance vieillesse (-1,1 milliard) et du fonds de solidarité vieillesse (-1,5 milliard). Soit un déficit global de 2,6 milliards d'euros pour la branche retraite, contre 6,2 milliards en 2020. Un résultat inespéré, alors que la commission des comptes de la Sécu tablait encore il y a six mois sur une perte de même ampleur, pour environ 163 milliards de dépenses. Portée comme toute la Sécu par la croissance économique "plus élevée qu'attendu", avec un surplus de cotisations et d'impôts à la clé, la branche retraite fait même mieux qu'avant l'irruption du Covid-19 (-3 milliards en 2019). De quoi alimenter le débat sur une éventuelle réforme, relancé par le président-candidat Emmanuel Macron, qui souhaite repousser l'âge légal de départ de 62 à 65 ans. "Le système des retraites est un système qui est déséquilibré et qui perd de l'argent chaque année si nous continuons comme cela", avait justifié Olivier Véran, le ministre de la Santé, défendant ce report de l'âge légal afin de "sécuriser la Sécurité sociale". Les ressources dégagées pourraient cependant servir d'autres objectifs, notamment renflouer la branche maladie, qui a encore perdu 26,1 milliards d'euros en 2021 - dont 18 milliards "pour faire face à la crise sanitaire" - avec près de 10 milliards de hausses de salaires pérennes liées au "Ségur de la santé".

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