Présidentielle : Le Pen nommera Dupont-Aignan Premier ministre si elle gagne

Par latribune.fr  |   |  671  mots
Le président de Debout la France rejoint Marine le Pen en contrepartie d'un "accord de gouvernement"
Après l'annonce surprise du ralliement de Nicolas Dupont-Aignan à Marine Le Pen pour le second tour, les deux personnalités politiques ont fait conférence commune ce matin. Cette alliance nouvelle fait grincer des dents chez les membres de Debout la France...

Marine le Pen a annoncé ce samedi 29 avril qu'elle nommerait le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan Premier ministre en cas de victoire au second tour de l'élection présidentielle française, le 7 mai prochain. La présidente en congé du Front national, qui est opposée à Emmanuel Macron pour la conquête de l'Elysée, a fait cette annonce lors d'une déclaration à la presse en compagnie de son nouvel allié.

Nicolas Dupont-Aignan, président du parti Debout la France, avait fait part hier soir de son soutien à la candidate du FN. "Nous avons signé un accord de gouvernement avec une évolution de son programme", a-t-il déclaré sur France 2, quelques heures après avoir rencontré Marine Le Pen dans un appartement du XVIIe arrondissement de Paris. "L'enjeu ce n'est pas de me porter sur Mme le Pen, l'enjeu c'est de sauver la France."

"Je soutiendrai Mme Le Pen, je ferai campagne avec elle sur un projet de gouvernement élargi", a ajouté le président de Debout la France, qui a obtenu 4,7% des suffrages au premier tour de la présidentielle.

Un ralliement qui interroge... et divise

Nicolas Dupont-Aignan, qui se revendique pourtant du gaullisme, ennemi historique du FN et de ces fondateurs, a pris pour cible l'adversaire de Marine Le Pen au second tour, le favori des sondages et candidat d'En Marche ! Emmanuel Macron.

"Je pense que la France est à la croisée des chemins, je pense que notre pays est très mal parti, a vécu cinq ans terribles avec François Hollande et je pense qu'Emmanuel Macron est un Hollande puissance dix, fabriqué par des intérêts financiers, par des intérêts médiatiques, et que tout est fait pour l'imposer à la tête du pays", a-t-il dit.

Si l'ex-candidat a tenu à préciser que son parti présenterait des candidats aux législatives et ne fusionnerait pas avec le FN, à la suite de l'annonce de ce ralliement et de cette alliance, plusieurs cadres de Debout la France ont fait savoir qu'ils démissionnaient.

"Il y en a un certain nombre parmi les plus anciens du parti", a déclaré à Reuters le vice-président démissionnaire du parti, Dominique Jamet. "Je pense qu'il y aura une hémorragie de militants et d'électeurs. (...) J'ai adhéré à un parti qui invoquait le nom du général de Gaulle mais qui a longtemps dérivé vers la droite", déplore Jamet, qui regrette le choix de Nicolas Dupont-Aignan.

Alain Juppé évoque une trahison et réaffirme son soutien à Macron

Dans un long billet posté sur son blog, Alain Juppé réagit à "la trahison de Dupont-Aignan"et à "l'attitude ambiguë de Jean-Luc Mélenchon" en expliquant en détail à quel point une victoire du FN au second tour serait une catastrophe pour le pays. L'ancien Premier ministre axe surtout son argumentaire sur la possible sortie de l'Union Européenne et de l'euro, qu'il résume en ces mots : "séisme géopolitique, désastre économique." Alain Juppé conclut son billet par un appel renouvelé et renforcé à voter pour Emmanuel Macron au second tour de l'élection présidentielle.

Je vous adjure donc, mes chers compatriotes, de voter pour E. Macron parce qu'il est le seul le 7 mai à pouvoir éviter à la France le malheur du FN.

L'ambiguïté de Jean-Luc Mélenchon évoqué par Alain Juppé provient probablement de son intervention d'hier soir sur sa chaîne You Tube. Le candidat de la France Insoumise avait pourtant terminé sa vidéo en laissant clairement entendre qu'il irait voter au second tour et que ce ne serait pas pour Marine Le Pen :

"Vous n'avez pas besoin de moi pour savoir ce que vous avez à faire. Je ne suis pas un gourou, je ne suis pas un guide (...) "Moi, j'irai voter. Ce que je vais voter, je ne vais pas le dire, mais il n' y a pas besoin d'être grand clerc pour deviner ce que je vais faire".

Lire aussi : Macron - Le Pen : deux France face à face ?

(avec Reuters)