France : quelle a été la croissance économique en 2017 ?

Par latribune.fr  |   |  672  mots
(Crédits : Lucas Jackson)
L'Insee publiera mardi sa première estimation de la croissance française en 2017, attendue en nette accélération après plusieurs années de résultats maussades.

Quel a été le niveau exact de la croissance française en 2017, année marquée par l'arrivée au pouvoir en mai d'Emmanuel Macron? Verdict mardi avec la première estimation de l'Insee. Celle-ci devrait faire état dune nette accélération après plusieurs années de résultats maussades. En 2015, la croissance avait en effet plafonné à 1%, dans un contexte marqué par les attentats terroristes. En 2016, elle avait stagné à 1,1%, sur fond de grèves et d'intempéries. "Cette année, on est sur un rythme presque deux fois plus élevé", souligne Mathieu Plane, économiste à l'OFCE.

"La croissance est solide" (Le Maire)

Dans sa dernière note de conjoncture publiée mi-décembre, l'Insee avait évalué à 1,9% la croissance 2017. Un chiffre en hausse de 0,3 point par rapport à son estimation initiale, diffusée au printemps. Pour le gouvernement, la prévision de l'organisme public pourrait même être dépassée.

"La croissance est solide. Elle devrait approcher les 2% en 2017, une première depuis 2011", a indiqué lors de ses vœux mi-janvier le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire.

Une croissance à 2%? "Ce n'est pas impossible", estime Hélène Baudchon, économiste chez BNP Paribas, rappelant que les enquêtes de conjoncture -- et notamment le climat des affaires -- "ont été très bonnes sur la fin de l'année". Selon l'Insee, le produit intérieur brut (PIB) devrait augmenter de 0,6% sur les trois derniers mois de l'année. Pour atteindre 2% de croissance annuelle, il faudrait une progression de 0,8%, ou bien une révision à la hausse des trimestres précédents.

Cela "sera sans doute compliqué à atteindre", juge Mathieu Plane, qui insiste -- au-delà du chiffre de 2017 -- sur le chemin parcouru par rapport aux années précédentes.

Investissement des entreprises et des ménages

A l'origine de cette accélération: l'investissement des entreprises et des ménages, particulièrement dynamique l'an dernier malgré la fin du suramortissement fiscal pour les investissements productifs, mis en place par François Hollande et arrivé à terme en avril.

"La consommation des ménages s'est elle aussi bien tenue", malgré "quelques évolutions erratiques en fin d'année", souligne Hélène Baudchon, qui anticipe une augmentation de l'ordre de 1,6%, proche de celle enregistrée en 2016.

Des évolutions de bon augure, alors que le gouvernement multiplie les événements destinés à marquer le "retour" de la France sur la scène économique, à l'image de la rencontre organisée récemment à Versailles avec 140 PDG étrangers.

"La France retrouve son attractivité", "c'est là que ça se passe", a insisté cette semaine Bruno Le Maire, en rappelant que "plus de 250.000 emplois" avaient été créés dans le secteur marchand l'an dernier.

La publication des chiffres de l'Insee risque de faire réagir le camp de l'ancien chef de l'Etat, pour qui le gouvernement actuel ne fait que recueillir les fruits de la politique de François Hollande.

Déficit structurel du commerce extérieur

Est-ce à dire que tout va mieux? "Pas pour autant", estime Hélène Baudchon, qui évoque la présence de "points noirs persistants", notamment sur le plan du commerce extérieur, structurellement déficitaire en France.

En 2016, le "trou" avait atteint 48,2 milliards d'euros, amputant la croissance de 0,9 point de PIB. Cette année, le déficit devrait être encore supérieur, au vu des données mensuelles publiées par les Douanes.

"Les exportations sont reparties de l'avant, mais moins que dans le reste de la zone euro" et "à un rythme moins élevé que les importations", décrypte Mathieu Plane, qui anticipe toutefois un retournement de situation en 2018.

D'après la Banque de France, les exportations françaises devraient en effet gagner 5,9% cette année. Ce qui permettrait au déficit commercial, enfin, de se résorber.

"Les effets de la politique de l'offre mise en place sous François Hollande ont été très différés", souligne M. Plane. Mais aujourd'hui, "le taux de marge des exportateurs est très élevé, ce qui laisse présager un décollage en 2018".

(avec AFP)