Réforme des retraites : Bayrou « opposé au passage en force »

Par latribune.fr  |   |  496  mots
(Crédits : EMMANUEL FOUDROT)
Le maire de Pau, Haut-commissaire au Plan et secrétaire général du Conseil national de la refondation appelle le gouvernement à prendre « le temps de la pédagogie » sur la réforme des retraites. Une réforme qu'il juge « nécessaire et vitale ».

Allié d'Emmanuel Macron depuis l'élection présidentielle de 2017, François Bayrou n'hésite jamais à prendre la parole quand il est en désaccord avec le chef de l'Etat. Maire de Pau, Haut-commissaire au Plan et secrétaire général du Conseil national de la refondation, le président du Mouvement démocrate (MoDem) s'est exprimé sur la réforme des retraites.

 « Je suis opposé au passage en force. Si on se lance dans cette voie-là, alors nous sommes certains de coaliser d'abord les oppositions entre elles, puis de diviser la société française », déclare-t-il à nos confrères du Parisien.

Prendre « le temps de la pédagogie »

Le centriste appelle l'exécutif à prendre « le temps de la pédagogie ». « La question des retraites, ce n'est pas seulement une question pour le gouvernement, mais pour toute la société française. Ce n'est pas une question pour l'immédiat, mais pour les décennies qui viennent. C'est donc le moment de rassembler plutôt que d'opposer », poursuit-il comme un avertissement.

Et François Bayrou de renvoyer aux engagements du président-candidat Emmanuel Macron:  « [Il] a proposé dès sa campagne présidentielle une nouvelle méthode, celle de la concertation, de la construction de solutions en commun. C'est d'ailleurs pour cela qu'il a voulu et créé le Conseil national de la refondation. Or le passage en force, c'est le contraire de l'esprit du CNR qui réclame d'examiner les problèmes ensemble ».

« Avec cette méthode, avec un travail préalable en commun, j'ai la conviction qu'elle peut être adoptée dès l'été 2023 », estime-t-il.

Avant d'asséner: « Le président a dit dans sa campagne que les Français n'en pouvaient plus des réformes qui tombaient toutes faites du sommet. Je défends ce message. Et quel effet cela aurait-il dans une Assemblée sans majorité ? »

Une réforme « nécessaire et vitale »

En cas de 49-3 sur une loi aussi cruciale, certains alertent en effet sur un possible retour des "Gilets jaunes" ou, du moins, d'une poussée de colère populaire. « Le choix d'imposer des décisions sans prendre le temps de convaincre, de rechercher ensemble des voies de sortie renforcerait ce risque. C'est une réforme qui ne peut pas se faire au détour d'un amendement », affirme le centriste.

Ce dernier défend en même temps une réforme « nécessaire et vitale ».

« Il serait irresponsable de ne pas la réaliser. Une partie importante des grandes sensibilités du pays en est persuadée », enchaîne-t-il.

Sur le fond du texte, François Bayrou considère que l'objectif vise à  « l'équilibre du système des retraites pour qu'il ne pèse pas sur le budget de la nation ». « Ce n'est pas une réforme budgétaire. C'est une réforme de société », dit-il encore. Et de conclure: « La condition du succès, c'est que les Français trouvent la réforme juste ». Vaste programme...