Régionales 2021 : le prestataire Adrexo encore défaillant dans l'acheminement des plis électoraux

Par latribune.fr  |   |  540  mots
L'entreprise sera auditionnée mardi devant la Commission des lois de l'Assemblée nationale. (Crédits : DR)
Après le premier tour, le sous-traitant avait justifié les dysfonctionnements de livraison de documents électoraux par une attaque informatique. Adrexo, que plusieurs sources estiment sous-dimensionné pour gérer ce marché public, a reconnu de nombreuses difficultés également lors du second tour. Le ministre de l'Intérieur se dit favorable au retour d'une régie publique.

Le délai de sept jours entre les deux tours était trop court pour régler tous les problèmes de logistique. Le prestataire chargé de l'impression et de l'acheminement des plis électoraux dans 51 départements et 7 régions, dans le cadre des élections régionales et départementales, a de nouveau rencontré "de nombreuses difficultés" lors de ce second tour, a reconnu l'entreprise. Adrexo avait déjà été sous le feu des critiques après le premier tour. En cause, de nombreux bulletins et documents électoraux non distribués dans les bureaux de vote, jusqu'à 9% du volume prévu. Le sous-traitant avait justifié ces dysfonctionnements par une attaque informatique subie quelques jours auparavant, paralysant ses capacités logistiques. La Poste, de son côté faisait état du même pourcentage de perte.

"Force est de constater que de nombreuses difficultés sur l'ensemble de la chaîne logistique jusqu'à la distribution, incluant les impressions et le routage, ont été relevées sur l'ensemble du territoire, dans ces délais exceptionnellement courts pour l'acheminement de plis sur deux scrutins simultanés", poursuit le prestataire, qui avait demandé l'aide de La Poste pour cette distribution du second tour.

Une entreprise sous-dimensionnée

L'entreprise sera auditionnée mardi devant la Commission des lois de l'Assemblée nationale, qui avait décidé de s'emparer du sujet au vu des problèmes remontés après le 1er tour de ces élections locales. Adrexo se dit favorable à la disposition du ministère de l'Intérieur "pour dresser le bilan de cette opération".

En janvier 2021, Adrexo avait remporté un appel d'offres d'un montant de 200 millions d'euros afin de distribuer aux côtés de La Poste les documents électoraux. Cette mise en concurrence est imposée depuis la transposition de directives européennes, en 2005, et l'ouverture totale en 2011, qui imposent la mise en concurrence des services électoraux postaux.

Selon des salariés de l'entreprise contactés par le journal Le Monde, "la distribution du courrier à une adresse donnée demande une vraie compétence, de la rigueur. Or, face à la quantité de plis électoraux, la direction a fait appel à des intérimaires, formés en un quart d'heure", déplore Philippe Viroulet, délégué syndical central de la CAT Adrexo.

Adrexo "a pris en charge une activité surdimensionnée par rapport à ses capacités" et organisé "en catastrophe la production en bricolant dans tous les sens", renchérit le syndicat SUD-PTT, toujours cité par Le Monde.

Vers un retour à une régie publique ?

Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur et donc en charge de l'organisation des élections, s'est dit mercredi favorable à ce qu'il n'y ait "pas de concurrence" dans la distribution des documents électoraux. "La difficulté principale, c'est le principe de la mise en concurrence par appel d'offres avec une société (Adrexo, ndlr) qui manifestement n'était pas à la hauteur du marché", a-t-il déclaré devant la commission des lois du Sénat.

"Si demain le Parlement souhaitait que nous reprenions en régie un certain nombre de choses, notamment pour assurer le service public des élections, personnellement je n'y verrais pas d'inconvénient", a poursuivi M. Darmanin, en soulignant que cela permettrait de "remuscler les préfectures".

(avec AFP)