Remaniement : le nouveau "coup" politique de François Hollande

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  594  mots
Emmanuelle Cosse (ici à gauche) quitte ses fonctions de secrétaire nationale d'Europe-Ecologie-Les Verts pour devenir ministre du Logement. C'est la principale "prise" de François Hollande afin d'affaiblir au maximum le parti écologiste et l'empêcher de présenter un candidat à la présidentielle de 2017.
Mission accomplie pour François Hollande: il va réussir à faire "exploser" Europe-Ecologie-Les Verts en nommant Emmanuelle Cosse, jusqu'ici secrétaire nationale du parti, au poste de ministre du Logement. C'était le but principal du remaniement.

Elargir sa base politique avec un retour des écologistes au gouvernement. C'était la principale préoccupation de François Hollande avant de procéder au remaniement. On peut dire que le président a globalement réussi son opération en débauchant celle qui était jusqu'ici secrétaire nationale d'Europe-Ecologie-Les Verts (EE-LV), Emmanuelle Cosse, qui devient ministre du Logement. Seule nouvelle ministre écologiste à devenir ministre de plein exercice. En effet, les deux autres « prises » de François Hollande, Jean-Vincent Placé et Barbara Pompili - qui avaient quitté EE-LV il y a quelques mois - ne seront « que » secrétaires d'Etat.

Donner le coup de grâce à une candidature "écolo" à la présidentielle

Avec ce "coup politique", François Hollande espère donner le coup de grâce à EE-LV, en pleine déconfiture. De quoi empêcher une candidature de Cécile Duflot à la présidentielle de 2017. En effet, la présence de l'ancienne ministre du Logement risquerait de le priver de quelques pourcentages de voix qui pourraient peser très lourds pour accéder au second tour. Déjà que cela s'annonce très difficile pour François Hollande...
Du côté des Radicaux de gauche, sans surprise, c'est le président du parti, Jean-Michel Baylet qui fait son entrée. En vérité celle-ci aurait dû intervenir bien plus tôt mais elle avait été empêchée par les ennuis judiciaires de l'élu du Sud-Ouest. Il reprend grosso modo les anciennes fonctions de Marylise Lebranchu - qui quitte le gouvernement - et d'André Vallini qui, lui, change d'affectation.

Ayrault aux Affaires étrangères... mais quid de Notre Dame des Landes?

Quant au retour de Jean-Marc Ayrault (au quai d'Orsay), il signifie une « petite » ouverture en direction des « râleurs » du PS. Certes l'ancien Premier ministre n'a jamais été un frondeur, loin de là, mais sa proposition de réforme fiscale avait été soutenue par la gauche du parti. Une sorte de tentative de rééquilibrage donc. Ceci dit, Jean-Marc Ayrault risque de devoir avaler une petite couleuvre si, ce jeudi soir lors de son intervention à la télévision, François Hollande annonce la tenue d'un referendum local pour, enfin, résoudre la question de l'aéroport de Notre Dame des Landes... C'est le prix à payer pour faire venir Emmanuelle Cosse.

Par ailleurs, fidèle à sa politique antérieure, François Hollande continue de promouvoir les « jeunes pousses » du PS. Une volonté symbolisée par l'entrée de Juliette Méadel, avocate de formation, nommée secrétaire d'Etat chargé de l'Aide aux victimes. C'était cette même volonté de « renouvellement » qui avait conduit François Hollande a nommé il y a quelques mois Myriam El Khomri au poste de ministre du Travail.
On notera à cet égard que l'actuelle ministre du Travail va avoir du renfort avec la nomination de Clotilde Valter au poste de secrétaire d'Etat chargé de la Formation professionnelle et de l'Apprentissage. Une façon de signifier que ces questions constituent la priorité de l'exécutif.

Macron reste... mais recule

Enfin, on remarquera la stabilité parfaite de « l'équipe économique » du gouvernement. Michel Sapin, Emmanuel Macron et Christian Eckert gardent leurs attributions à Bercy. Mais...petit signal pas totalement neutre, « l'électron libre » Emmanuel Macron recule dans le rang protocolaire de la 11e à la 13e place.
On remarquera aussi que le gouvernement enfle, passant de 32 membres à 38... Un phénomène courant en fin de quinquennat. En revanche, grande première, il y a plus de femmes (20) que d'hommes (18)... mais aucune n'occupe de fonction régalienne.