Retraites : l'Agirc-Arrco dans le vert, des revalorisations des pensions attendues

Par latribune.fr  |   |  624  mots
A ce stade, une hausse des pensions de retraite 4,9% est acquise, c'est moins que la hausse des prix hors tabac. (Crédits : DR)
Le régime de retraite complémentaire des cadres et des salariés du privé Agirc-Arrco n'en finit pas d'engranger des bénéfices. Le régime géré par les syndicats et le patronat table en effet sur un excédent « technique » de 3,7 milliards d'euros cette année. De quoi alimenter les prochaines discussions sur la revalorisation des pensions au 1er novembre.

Le régime de retraite complémentaire des cadres et des salariés du privé Agirc-Arrco continue d'engranger les bénéfices de la reprise économique post-Covid. D'après le scénario « central » présenté récemment à sa commission financière, le régime géré par les syndicats et le patronat table en effet sur un excédent « technique » (avant résultat financier) de 3,7 milliards d'euros cette année. En 2021, un surplus de 2,6 milliards avait déjà été enregistré.

De quoi alimenter les prochaines discussions sur la revalorisation des pensions au 1er novembre, d'autant qu'un gain de 1,5 milliard est encore projeté pour 2023 et que la « règle d'or » consistant à disposer de six mois de réserves financières à horizon de 15 ans resterait tenue. A ce stade, une hausse d'au moins 4,9% est acquise, correspondant essentiellement à l'évolution des salaires (4,8%) et à un léger rattrapage (0,1%) de l'inflation sous-évaluée en 2021.

Limiter la perte de pouvoir d'achat des retraités

Mieux que les 4% accordés cet été par le gouvernement sur la pension de base service par la Sécu, mais moins que la hausse des prix hors tabac, chiffrée par l'Agirc-Arrco à 5,3% en glissement annuel. Rapportée aux 84 milliards d'euros de prestations budgétées pour 2022, cette augmentation mécanique fera bondir les dépenses de plus de 4 milliards l'an prochain.

Certains négociateurs espèrent néanmoins obtenir davantage pour limiter la perte de pouvoir d'achat des retraités. Le sujet sera posé mardi sur la table d'une « commission paritaire » mardi après-midi, avant une décision en conseil d'administration. Les partenaires sociaux ont une marge de manœuvre limitée, en raison de leur « règle d'or » et des principes établis avant la crise sanitaire, qui les empêchent notamment de revaloriser les pensions au-delà de la hausse des salaires. La négociation d'un nouvel accord début 2023 leur permettra de tout remettre à plat.

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ZOOM - L'hypothèse du passage en force de la réforme des retraites s'éloigne

Emmanuel Macron et Elisabeth Borne, selon Le Parisien, doivent déjeuner en tête-à-tête ce vendredi midi. La Première ministre, souligne le quotidien, devrait insister sur les réticences dans l'opposition, comme dans la majorité, à un passage de la réforme des retraites dans le projet de loi sur la Sécu.

Le 13 septembre, la ministre déléguée chargée des personnes handicapées, Geneviève Darrieussecq n'excluait pas que la réforme soit votée rapidement via le Projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS).

Syndicats et partis de gauche dénoncent une provocation, le RN menace d'une motion de censure tandis que l'allié du gouvernement François Bayrou (MoDem) s'oppose à un tel « passage en force ». Même la présidente de l'Assemblée nationale (Renaissance) Yaël Braun-Pivet n'y est « pas favorable ». L'ensemble des syndicats promettent un automne noir si le gouvernement impose une nouvelle réforme des retraites dès cette année.

Emmanuel l Macron, à ce stade, renvoie la balle dans le camp de son gouvernement, qui doit « trouver la bonne manœuvre » avec le parlement, pour que la réforme, qui prévoit d'allonger la durée du travail, se fasse « de la manière la plus apaisée possible ».  « Ils verront comment cela doit cheminer », a-t-il souligné dans un entretien à BFMTV réalisé dans la nuit de mercredi à jeudi, assurant ne pas vouloir « préempter » le contenu d'une réforme qui correspond à « un engagement de campagne ».

L'exécutif pourra tirer argument de l'avis du Comité de suivi des retraites, qui a demandé jeudi de « trouver une réponse » au risque de déficits « significatifs » dans un avenir proche, sans toutefois prendre parti pour une mesure d'âge.