Retraites : le Sénat se penche sur l' « index seniors », à deux jours d'une mobilisation qui doit « mettre à genoux l'économie »

Par latribune.fr  |   |  813  mots
Les sénateurs doivent examiner ce dimanche « l'index seniors ». (Crédits : Reuters)
Point névralgique autant que symbolique de la réforme du gouvernement Macron, la chambre haute va se prononcer ce dimanche sur l' « index seniors ». Celui-ci va-t-il véritablement encourager l'emploi des plus de 55 ans en France ?

Elle fait partie des promesses du gouvernement : favoriser l'emploi des seniors, à l'occasion du vote de sa réforme des retraites pourtant décriée dans la rue. Ce dimanche, le Sénat se penche sur cette catégorie d'âge, deux jours avant une nouvelle mobilisation des syndicats qui ambitionnent de mettre la « France à l'arrêt » pour lutter contre le projet.

Le sujet est d'autant plus crucial que, selon les dirigeants de PME, les grandes entreprises qui dominent l'économie française, sont encore à la traîne sur l'employabilité des seniors.

Et selon une étude de l'Unédic, le recul de l'âge de départ à la retraite augmente le chômage des seniors (les plus de 55 ans, selon la définition de l'Insee). Mais de nombreux actifs sans emploi rencontrent des difficultés avant cet âge.

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Aussi, les sénateurs doivent examiner un autre point névralgique de la réforme, « l'index seniors ». Rejeté, mi-février, par l'Assemblée nationale au grand dam du gouvernement, cette mesure prévoit une obligation pour les entreprises de plus de 50 salariés de publier des indicateurs sur leur taux d'emploi des salariés de plus de 55 ans.

A l'Assemblée, 38 députés LR avaient en effet voté contre l'Index seniors, porté par l'article 2, qui a été rejeté par 256 voix contre 203, et 8 abstentions.

Dans sa première mouture, cet « index » devait mesurer l'emploi des seniors dans les entreprises de plus de 300 salariés, assorti d'une sanction financière, mais seulement en cas de non-publication. Les oppositions avaient vivement critiqué cette absence de contrainte, qui rendra le dispositif inutile selon elles. Un amendement écologiste propose ainsi de le renommer « index feuille de salade ». Elisabeth Borne a toutefois dit qu'il était possible « d'aller plus loin », vers d'éventuelles sanctions. Et s'est alors dite favorable à un seuil de 50 salariés, comme le demandent de nombreux députés, y compris Renaissance.

En parallèle, le bras de fer social continue à se tendre. Les syndicats comptent mobiliser mardi, sixième journée d'action, davantage encore que le 31 janvier, où la police avait recensé 1,27 million de participants et l'intersyndicale plus de 2,5 millions.

De source policière, entre 1,1 et 1,4 million de manifestants sont attendus, dont 60 à 90.000 à Paris.

De fortes perturbations sont attendues dans les transports urbains et ferroviaires, l'ensemble des syndicats ayant appelé à la grève reconductible à la RATP et à la SNCF, à partir du 7 mars.

« Ca va être très dur », a prévenu vendredi le ministre délégué aux Transports Clément Beaune, appelant ceux qui le peuvent à télétravailler.

Dans les airs, la Direction générale de l'Aviation civile (DGAC) a demandé aux compagnies de renoncer mardi et mercredi à entre 20 et 30% de leurs vols, en prévision de la grève des contrôleurs aériens.

A l'invitation de la CGT, d'autres professions sont appelées à la grève reconductible « jusqu'au retrait de la réforme »: raffineurs, électriciens et gaziers, éboueurs, dockers, ouvriers du verre et de la céramique...

Le secrétaire général de la fédération CGT de la Chimie, Emmanuel Lépine, s'est dit prêt à « mettre à genoux l'économie française » pour obtenir gain de cause.

Dans l'énergie, la grève a débuté dès vendredi après-midi avec des baisses de production dans plusieurs centrales nucléaires.

Les enseignants seront à nouveau en grève, parfois de manière reconductible.

Les syndicats s'attendent en outre à des initiatives plus inhabituelles: chantiers à l'arrêt, rideaux de magasins fermés, péages ouverts, routes bloquées...

Et les mouvements lycéens et étudiants ont annoncé une journée de mobilisation le 9. « Bloquez tout ce que vous pouvez », les a encouragés vendredi le leader LFI Jean-Luc Mélenchon.

Quelles suites au mouvement de mardi ?

D'autres mobilisations sont prévues, en parallèle des débats au Sénat, qui s'achèveront quoi qu'il arrive le 12 mars.

L'intersyndicale se réunira dans la soirée mardi pour déterminer les suites à donner à la contestation. La date du 11 a été évoquée, sans être confirmée à ce stade.

La Première ministre Elisabeth Borne a prévu de s'exprimer lundi soir sur France 5.

Le ministre du Travail Olivier Dussopt a défendu samedi dans le Parisien une « réforme de gauche » « sans perdants » tandis qu'en marge d'une visite du salon de l'agriculture, son homologue des Comptes publics Gabriel Attal a haussé le ton, dénonçant des grèves qui vont bloquer les Français « qui triment ».

Parallèlement, les sénateurs, majoritairement de droite, ont voté l'extinction pour les futurs embauchés de plusieurs régimes spéciaux, dont ceux de la RATP et des énergéticiens.

(Avec AFP)

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