Réunion du congrès à Versailles : mode d'emploi

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  508  mots
Depuis une réforme constitutionnelle de 2008 souhaitée par Nicolas Sarkozy, le président de la République peut de nouveau s'adresser à l'ensemble des parlementaires (députés et sénateurs) réunis en congrès à Versailles. Emmanuel Macron songerait à rendre annuel ce rendez-vous.
Emmanuel Macron s'adressera aux parlementaires réunis en congrès ce 3 juillet à 15h. La Constitution n'autorise pas les parlementaires à débattre en sa présence.

Ainsi en a décidé Emmanuel Macron. Il prononcera une sorte de "discours sur l'état de la Nation", ce 3 juillet, devant le Parlement (députés et sénateurs) réunis en congrès à Versailles.... Et ce à la veille du discours de politique générale que son Premier ministre Edouard Philippe prononcera, mardi 4 Juillet... Façon de montrer qui commande... et qui est le "collaborateur".

Mais comment fonctionne une réunion, assez exceptionnelle, du congrès à Versailles? C'est l'article 18 de la Constitution - modifié en 2008 afin de permettre au président de venir directement rencontrer les parlementaires - qui régit les règles du congrès.

Le président de la République sera accueilli par le président de l'Assemblée nationale puis le chef de l'Etat prendra la parole à 15h. Il sera entouré des membres du bureau de l'Assemblée (vice-présidents...).

Pas de débat en présence du président

Après son départ de la salle, comme le prévoit la Constitution, le discours d'Emmanuel Macron sera suivi d'interventions des groupes politiques, dans l'ordre de leur importance numérique (République en marche de l'Assemblée, LR du Sénat etc). Chaque orateur aura 10 minutes de temps de parole et il n'y aura pas de vote.

Installés par ordre alphabétique, comme il est d'usage, tous les parlementaires - au total 577 députés et 347 sénateurs, un siège étant vacant à la chambre haute - ne seront cependant pas présents.

En effet, les 17 députés du groupe La France Insoumise, les quelque 30 parlementaires communistes ainsi que la sénatrice écologiste Esther Benbassa ont prévu de boycotter ce rendez-vous à la veille du discours de politique générale du Premier ministre Edouard Philippe devant l'Assemblée. Les UDI Jean-Christophe Lagarde et Philippe Vigier, ainsi que le socialiste Régis Juanico ont aussi décidé de ne pas s'y rendre. Des absences qui ont fait polémique.

L'aile du Midi du château de Versailles est mise à disposition du Parlement, à sa demande, par le château. Construite en 1682 pour loger enfants royaux et princes de sang, elle fut transformée en 1875 pour abriter le Parlement. La salle, gigantesque hémicycle aux sièges rouge foncé, accueillait alors les députés qui y tinrent séance jusqu'en 1879, avant de revenir à Paris, au Palais Bourbon.

Depuis l'élection des présidents au suffrage universel, établie en 1962, la salle accueille la réunion des députés et sénateurs en Congrès pour adopter les projets de révision constitutionnelle ou pour des séances exceptionnelles.

Une réforme constitutionnelle de 2008

Avant Emmanuel Macron, Nicolas Sarkozy en 2009 et François Hollande en 2015 avaient déjà usé de cette possibilité d'un discours offerte au chef de l'Etat depuis 2008 par la Constitution.

L'organisation d'un Congrès est à la fois lourde et coûteuse. Celui du 21 juillet 2008, pour la révision de la Constitution, avait coûté 231.571 euros pour un après-midi, selon les services de l'Assemblée.

(Avec AFP)